Acteurs. « Faire émerger une vision claire, structurée et globale de la bifurcation écologique et des moyens de la réaliser« . C’est l’objectif de Construire l’écologie. Ni parti, ni syndicat, ce nouveau collectif mise sur l’expérimentation et le dialogue, notamment au niveau local, pour tester des modes d’emploi de la transformation écologique. Explications avec Léa Falco, co-fondatrice du collectif.
« Il n’est plus question de savoir si l’on fait la transformation écologique ou pas, maintenant, il faut savoir comment on la fait« , assure Léa Falco, formatrice d’agents publics à la transition écologique et co-fondatrice du nouveau collectif « Construire l’écologie « . Ni parti, ni syndicat, ni think-tank, ce nouveau collectif entend « combler un manque » dans le paysage du mouvement écologique. « Il existe des collectifs orientés sur la décarbonation comme Les Shifters, ou spécifiquement dédiés à des acteurs spécifiques comme Le Lierre qui regroupe les fonctionnaires, mais il n’existait pas d’endroit où se parler en interprofession, en mélangeant secteur public et privé, académiques et praticiens, le tout en associant les questions environnementales et sociales« , détaille-t-elle à Youmatter. Parmi les co-fondateurs, on trouve ainsi plusieurs anciens de Pour un Réveil écologique comme Antoine Trouche ou Hugo Sancho ainsi que le philosophe spécialisé sur les enjeux croisés entre transition écologique et géopolitique, Pierre Charbonnier.
Artisan de la rénovation thermique du bâtiment, agent en collectivité en charge de la décarbonation des mobilités, militant syndical ou directeur RSE…tous les professionnels de la transition écologique sont donc invités à rejoindre le collectif. Celui-ci n’a cependant pas vocation à être un mouvement de masse. Il doit plutôt regrouper un groupe de professionnels motivés pour dessiner une « troisième voie » entre « les propositions partisanes actuelles qui, appliquées, ne sont ni efficaces d’un point de vue environnemental, ni juste socialement » et les « forces d’opposition à la transformation qui se font de plus en plus vocales« , précise Léa Falco.
La transformation écologique et sociale en mode exploratoire
Cette troisième voie passe aussi par l’expérimentation d’une nouvelle méthode. Le collectif entend ainsi mettre en place des « proto concertations » sur des sujets et territoires spécifiques. Pour cette première année, celles-ci devraient tourner autour de l’emploi, « une question centrale dans la mise en œuvre de la transition écologique« . La première concertation est en cours d’élaboration et devrait voir le jour en mars/avril sur l’emploi industriel, à Dunkerque. Au programme : des concertations à huis-clos, en totale confidentialité, pour « créer un climat de confiance » et sortir des « postures dogmatiques » entre syndicats, politiques et industriels motivés…L’objectif serait d’aboutir à des démonstrateurs. « Ces expérimentations seront utiles, qu’elles fonctionnent ou pas, car aujourd’hui nous n’avons pas de mode d’emploi de la transition« , souligne Léa Falco.
Plus classiquement, le collectif va ainsi produire des notes de décryptage autour de la mise en œuvre de la transition écologique et sociale. La première tombe particulièrement à point. Elle concerne le « Greenblaming« , une nouvelle tactique complémentaire au greenwashing, mais qui tente cette fois de discréditer les politiques environnementales ambitieuses en les rendant responsables de tous les maux. Le collectif la définit comme « l’utilisation d’arguments fallacieux ou partiels imputant à une politique de transformation écologique des torts qui en légitimeraient l’arrêt« . La note décrypte cette tendance par l’exemple, en répondant aux faux arguments mis en avant contre les ZFE (Zones à faibles émissions), les pompes à chaleur ou l’augmentation des véhicules neufs. Une actualisation est prévue sur les questions agricoles, car le mouvement de ce mois de janvier et les réponses apportées par le gouvernement en est l’illustration en temps réel, souligne Léa Falco.
Photo : Construire l’écologie