Tendances. Les emplois à impact, dans la RSE, la finance responsable ou l’Economie sociale et solidaire (ESS) ont le vent en poupe. Les compétences en la matière sont aussi de plus en plus demandées sur des métiers plus classiques. Dans un marché tendu, les candidats sont en position de force. Et de plus en plus exigeants. Mais les employeurs aussi ! Les dernières tendances en 5 questions.
Quels sont les postes qui ont le vent en poupe ?
Chargé de mission Biodiversité et gestion des Ressources Naturelles, chef de projet CSRD, administrateur transformation durable ou sustainability data/IA analyst…ces métiers sont identifiés par le cabinet de recrutement spécialisé dans les métiers à impact Birdeo comme les plus recherchés pour 2024. Les analystes extra-financiers, chez les investisseurs comme en entreprises, ou les chefs de projets sur l’économie circulaire sont aussi en mode recrutement, souligne Michael Page, qui a réalisé une étude sur les métiers de la RSE. La réglementation en cours et les crises à répétition ont poussé les équipes à se structurer. Résultat, « les équipes RSE se renforcent et deviennent de plus en plus opérationnelles, il y a donc à la fois une demande pour des métiers très généralistes et pour des métiers très spécialisés« , souligne Caroline Renoux, fondatrice et CEO de Birdeo.
Les financiers sont aussi recherchés dans l’Économie sociale et solidaire (ESS), souligne Jérôme Riegert, directeur général adjoint du cabinet de recrutement spécialisé Orientation Durable. Les postes de directeur administratif et/ou financier ou de responsable de collecte sont particulièrement demandés. Mais ils peinent à trouver preneur.
Quel type d’entreprise pour les métiers de la RSE ou de l’ESS ?
Si les offres ont longtemps été cantonnés aux grandes entreprises, c’est beaucoup moins le cas aujourd’hui. « Il est tout à fait possible de trouver un poste en RSE en PME« , pour un poste peut-être plus généraliste, assure Hortense Pelpel, consultante associée chez Michael Page. Grosses PME ou ETI se dotent d’équipes ou de compétences sur le sujet. « J’ai vu une entreprise de 35 personnes embaucher un responsable RSE, en partie en réponse aux demandes de ses parties prenantes, de ses collaborateurs ou des questions de compliance« , assure la consultante.
Avis aux amateurs, « cela donne de bonnes opportunités en région« , estime Caroline Renoux, notamment pour les profils en reconversion qui ont une maturité professionnelle. Mais attention, même pour un poste à Paris, il faut être prêt aux déplacements, que ce soit dans les cabinets de conseils ou dans une entreprise qui peut disposer de sites dans différentes régions.
Dans l’ESS, les postes restent encore majoritairement regroupés sur l’Ile-de-France où se situent une grande partie des sièges des grandes structures. Mais, poussées par des initiatives comme la France s’engagent, l’entrepreneuriat social se développe et l’on peut y trouver de belles opportunités.
Quelles sont les compétences recherchées ?
Outre les compétences techniques de plus en plus pointues, et qui font des ingénieurs des profils recherchés, ce sont souvent les soft skills qui vont faire la différence, estiment les cabinets de recrutement. « On demande aux candidats de l’adaptabilité, de l’agilité, une capacité à travailler avec d’autres équipes d’autres parties prenantes qui peuvent avoir une autre façon de voir les choses, d’autres codes. Du pragmatisme aussi car il faut comprendre la logique de l’entreprise en plus des questions environnementales ou sociales« , souligne Hortense Pelpel. Une expérience en conduite du changement est également un vrai plus, selon Birdeo.
Les compétences RSE sont aussi sollicitées dans d’autres directions, notamment RH, financière, achats, marketing, et communication. Pour Birdeo, c’est la fonction supply chain qui se transforme le plus. Et pour des profils très spécialisés, l’entreprise peut parfois financer des formations lors de la prise de poste, assure Hortense Pelpel.
Du côté de l’ESS, une reconversion après une carrière 100% privée est désormais possible même s’il faudra souvent que le candidat prouve une expérience dans le bénévolat ou un intérêt marqué pour le secteur. Quel que soit son parcours, « la capacité à travailler avec différents types de publics – salariés, bénévoles, membres du conseil d’administration, apporteurs de fonds…- sera appréciée« , souligne Jérôme Riegert.
Pour quelle rémunération ?
Entre 60-80 000 euros pour un directeur RSE débutant et plus de 100 K€ pour un senior avec plus de 15 ans d’expérience, 40 à 70 000 € pour un poste de chargé de mission politique bas carbone en fonction de l’expérience ou entre 70 000 et plus de 100 000 € pour un directeur diversité et inclusion, les salaires sont clairement à la hausse si l’on en croit l’étude rémunération de Michael Page.
Si les salaires de l’ESS restent globalement plus bas, ils ont été revalorisés ces dernières années, estime Orientation durable. Un poste de DG peut grimper autour de 70 000 euros et plus, en revanche, les postes financiers restent en dessous des prix du marché « classique ».
Quel est l’état du marché ?
Dans la RSE et la finance durable, les offres d’emploi ont crû de 40% en 2023 selon Birdeo. Côté recruteurs, toutes les entreprises veulent le même profil et les candidats sont de plus en plus exigeants, donc le temps de recrutement se rallonge. Compter entre 3 et 4 mois entre la définition de la demande et la prise de poste. Bonne nouvelle côté candidats, « ils sont en position de force« , estime Caroline Renoux. Les recruteurs auront notamment plus de mal à recruter sur les postes liés à la compliance (type CSRD) : « pendant longtemps, les candidats y voyaient l’occasion d’une montée en compétence, ils aspirent désormais à prendre part davantage à la stratégie« , précise Hortense Pelpel. Ils sont également de plus en plus exigeants sur les engagements environnementaux et sociaux de l’entreprise et la réalité de leur mise en œuvre.
Une exigence que l’on retrouve dans l’ESS. La quête de sens des salariés du privé n’a pas profité autant que prévu au secteur : « la sphère de l’épanouissement individuel n’est plus forcément celle du milieu professionnel« , souligne Jérôme Riegert. Résultat: certains postes voient leur attractivité chuter et les employeurs doivent non seulement proposer des salaires intéressants mais aussi une souplesse dans l’organisation du travail. Comme dans la RSE, la cohérence de l’engagement mais aussi du poste en tant que tel et des conditions de travail est désormais un pré-requis. Et l’on note un regain d’intérêt des candidats pour les engagements avec une durée de mission définie, type CDD.