Depuis Tchernobyl, et plus encore depuis l’accident de Fukushima, l’énergie nucléaire inquiète. Sommes-nous exposés aux radiations ? Nos centrales sont-elles sûres ? La radioactivité peut-elle nous affecter ? Autant de questions auxquelles tente de répondre toute l’année l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire). L’Institut publiait le 6 janvier son bilan, portant sur les mesures effectuées partout sur le territoire entre 2011 et 2014. Alors, la France est-elle radioactive ?
Qu’est-ce que la radioactivité ?
La radioactivité est un phénomène naturel d’émission d’énergie par rayonnement. On dit donc qu’un corps est radioactif lorsqu’il émet de l’énergie par rayonnement. Dans la nature, certains éléments sont radioactifs : c’est le cas des vents solaires, des rayons cosmiques, de certains minéraux (potassium, carbone, uranium…), de particules présentes dans les sols ou les eaux, et même le corps humain. On mesure la radioactivité en Becquerels (Bq, du nom d’Henri Becquerel, qui a découvert la radioactivité). Un corps humain émet ainsi 120 Bq/kg : un homme de 70 kg émettra donc 8400 bq.
Les activités humaines utilisent la radioactivité : passer une radio expose à un rayonnement radioactif. Les activités médicales représentent d’ailleurs 20% de l’exposition à la radioactivité des humains. Les essais nucléaires, les mines de charbon, les centrales nucléaires provoquent aussi des rayonnements radioactifs. Il existe plusieurs types de rayonnements (alpha, béta, X ou gamma), qui n’ont pas tous les mêmes effets sur l’Homme (les rayons gamma étant considérés comme les plus dangereux). On mesure l’exposition aux rayons radioactifs en Sieverts (Sv). En dehors de la radiation naturelle, la limite légale d’exposition annuelle est de 1mSv/an (1 millisievert par an).
Selon le rayon auquel on est exposé et la dose d’exposition, l’exposition peut avoir des conséquences sur notre organisme : brûlures (c’est le cas avec les coups de soleil), dommages cellulaires, voire des leucémies ou des cancers pour de fortes expositions.
La France est-elle radioactive ? Est-ce dangereux ?
La radioactivité naturelle en France
Le rapport publié par l’IRSN permet de se rendre compte de l’exposition aux rayons radioactifs que l’on subit en France. Le rapport précise ainsi qu’entre 2011 et 2014, l’exposition moyenne à la radioactivité dans l’air, en France, était de 90 nanosievert/heures. Sur l’ensemble de l’année, cela représente :
- 0,31 millisievert (mSv/an) due au rayonnement cosmique pour 95 % de la population ;
- 0,62 mSv/an due au rayonnement tellurique, 90% de la population recevant une dose comprise entre 0,36 et 1,1 mSv/an ;
- Entre 0,54 et 3,15 mSv/n par inhalation de radon naturel un gaz naturellement présent dans certains types de sols, et qui tend à remonter à la surface à cause des mouvements sismiques.
Par exemple, la carte de France de l’exposition aux radiations cosmiques ressemble à ça (évidemment, les zones en altitude sont plus exposées) :
La radioactivité artificielle en France
Concernant la radioactivité non-naturelle, l’IRSN évalue l’exposition des Français à :
- Quelques µSv/an pour les retombées liées aux essais nucléaires français dans le passé ;
- Quelques µSv/an dans l’Ouest du pays et quelques dizaines de µSv/an dans l’Est liés aux retombées radioactives de l’accident de Tchernobyl ;
- Aucune retombée mesurable depuis 2011 liée à l’accident de Fukushima.
L’exposition à proximité des centrales nucléaires françaises a également été mesurée : elle s’établit entre 0,1 µSv/an et 6 µSv/an, ce qui est plutôt faible par rapport à la dose légale maximale et à la radioactivité naturelle.
Voici par exemple la carte de l’exposition liée aux retombées de Tchernobyl :
Qui est le plus exposé à la radioactivité en France ?
Grâce à ce rapport, nous en apprenons un peu plus sur notre exposition à la radioactivité et certaines conclusions sont étonnantes.
Nous apprenons par exemple que fumer des cigarettes nous expose fortement à la radioactivité, présente dans les composants des cigarettes. La dose s’élèverait à 300 µSv/an, soit près de 50 fois plus que la dose maximale subie par les habitants vivant à proximité d’une centrale nucléaire.
Parmi les autres découvertes étonnantes : la radioactivité des fruits de mer. La forte présence d’iode et de polonium 210 (éléments radioactifs) dans l’océan, entraine une exposition des fruits de mer et poissons à des rayonnements radioactifs… qui peuvent se retrouver dans notre assiette ! Ainsi, les gros mangeurs de fruits de mer peuvent être exposés à 2500 µSv/an.
Enfin, c’est dans le Cantal et dans la Lozère que nous sommes le plus exposés aux rayons du radon, un gaz naturellement présent dans certains types de sols, et qui tend à remonter à la surface à cause des mouvements sismiques.
Globalement, si on observe donc des disparités régionales, l’exposition aux radiations artificielles est faible. Pour autant, après Fukushima, on peut s’interroger sur la sûreté des centrales nucléaires et sur leur capacité à durer sans danger dans le temps.
Crédit image : Centrale nucléaire sur shutterstock