De plus en plus d’entreprises cotées dotent leur conseil d’administration d’un comité RSE/ESG note la 8ème édition du baromètre des conseils du CAC 40 et du SBF 120 de  l’IFA et Ethics & Boards. « L’évolution [des conseils d’administration] est favorable sur de nombreux points, et la France dispose d’un vivier d’administrateurs résolument engagés », estime ainsi le président de l’IFA (Institut français des administrateurs) Denis Terrien. 

Plus de 86 % des conseils d’administration du SBF120 disposent désormais d’un comité RSE. On en comptait seulement 26 % en 2015. « Une dynamique qui place la France parmi les leaders mondiaux en matière de gouvernance responsable », estiment l’IFA et Ethics & Boards dans la 8ème édition de leur baromètre des conseils du CAC 40 et du SBF 120. La moyenne européenne (Eurozone 300) est de 63% et celle des grandes sociétés cotées anglo-saxonnes plafonne à 60%. 

Par ailleurs, le développement des comités chargés des questions de gouvernance (53% dans le SBF120 en 2024) contribue à intégrer la RSE dans les CA car dans la pratique, les comités gouvernance sont souvent combinés avec les travaux de nomination et rémunération (36% des cas), de nomination (30% des cas), ou nomination et RSE (16% des cas).

Un impératif car alors que les entreprises font face à une « augmentation générale des risques RSE », le conseil d’administration est au « cœur des enjeux » et « doit s’assurer de la prise en compte des intérêts des parties prenantes », soulignait ainsi Antoine Gosset-Grainville, lors du lancement du Club des administrateurs engagés du Cercle de Giverny en avril dernier à Bercy. Et pour mieux intégrer la RSE au cœur de la stratégie des entreprises, rien de tel que de faire montrer les administrateurs en compétences sur ce sujet, soulignait Florence Didier-Noaro, membre du Club ESG de l’IFA, et administratrice de plusieurs sociétés lors de la journée des des administratrices et administrateurs de l’IFA en mai. 

Le temps et l’attention dédiés à la RSE encore largement insuffisant

Or selon un autre baromètre consacré spécifiquement à la prise en compte des enjeux RSE par les conseils d’administration publié en mars 2022 er réalisé auprès de 200 membres de CA, « le temps accordé [à la RSE] est jugé insuffisant par 54,5 % des administratrices et administrateurs, il ne permet donc pas de prendre en considération ces enjeux dans le processus de décision »… 

A l’époque, seulement 39% des répondants disaient évoquer de manière occasionnelle les enjeux climatiques et 25% des répondants avouaient ne jamais les intégrer les enjeux climatiques à la prise de décision en conseil. La biodiversité était encore moins bien lotie. En revanche, les enjeux du numérique font régulièrement l’objet de discussions en conseils selon 84 % des répondants. Par ailleurs, moins de la moitié des administrateurs recourent à la raison d’être de l’entreprise (quand elle existe) pour mieux éclairer les prises de décisions du conseil…

Des conseils d’administration mieux formés mais encore trop peu diversifiés

Selon l’enquête réalisée auprès des administrateurs pour le baromètre IFA & Ethics & Boards, les choses commencent cependant à bouger. On assiste à un « net renforcement des compétences RSE/ESG » avec 35% des conseils formés à la RSE contre 13% en 2021. Sur l’ensemble de la période 2021-2023, ce sont plus de la moitié (53%) des conseils d’administration du CAC 40 qui ont organisé au moins une fois une formation RSE/ESG. Et 67% des entreprises du SBF 120 se sont engagées auprès de l’initiative SBTi, dont 37% avec un objectif de 1,5°C démontrant une « prise en compte de l’ESG en croissance continue » souligne le baromètre.

Si la mixité des conseils est désormais quasiment atteinte (48% dans le CAC 40 et 47% dans le SBF 120) grâce à  la loi Copé-Zimmermann, l’accès des femmes à la présidence des conseils est toujours trop limité. En 2024, seules 14 femmes président un conseil d’administration du SBF 120 (11,7%), « un chiffre bien en deçà de la parité et des objectifs vers lesquels les sociétés du SBF 120 devraient tendre » reconnaissent l’IFA et Ethics and Boards. Les jeunes ont encore peu voix au chapitre avec un âge moyen de 59,2 ans pour les administrateurs du SBF 120. En revanche, les entreprises cotées françaises ont des conseils plus internationaux (33% des administrateurs extra nationaux) que d’autres pays européens (hors Royaume-Uni).

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