Le jeudi, on traite l’actualité RSE en chiffres. Cette semaine on se penche sur l’empreinte planétaire des entreprises françaises et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’est pas bonne.

3 planètes, c’est ce que consomment les entreprises françaises chaque année. C’est en tout cas l’ordre de grandeur qu’il faut avoir en tête si l’on suit les calculs de l’agence Goodwill management-Baker Tilly. Et c’est clairement intenable. D’autant que les entreprises les plus engagées ne respectent pas non plus à ce stade les limites planétaires, montre leurs calculs. Bref, il faut accélérer et intensifier l’action et la bifurcation des business model dès maintenant si nous ne voulons pas aller dans le mur.

Pour arriver à ce constat, le cabinet qui compte aussi dans son écosystème l’agence de labellisation Lucie et Kerlotec (un groupe d’entreprises bretonnes ambitionnant de respecter les limites planétaires) s’est posé trois questions. 1) Quel est l’impact environnemental des entreprises françaises ? 2) Quelle est la part des entreprises engagées ? 3) Quel est l’impact environnemental de ces dernières ? 

Les entreprises françaises utilisent l’équivalent de 3 planètes pour leur production

Pour y répondre, le cabinet est parti du donut de Kate Raworth et donc des limites planétaires, ajustées au business, c’est à dire en ajoutant la question des ressources minières, cruciales pour l’économie, et en enlevant les dimensions couche d’ozone ou acidification des océans, difficiles à calculer à l’échelle de l’entreprise. La logique a ensuite été de définir un « quota » de limites planétaires à respecter par pays, par secteur d’activité puis par entreprise. Il en résulte que « l’Entreprise France, c’est-à-dire l’ensemble des entreprises françaises, excède ses quotas de limites planétaires d’un facteur 3 », notamment sur le climat et l’eau, conclut Alan Fustec, fondateur et directeur R&D du cabinet. 

Pour affiner son calcul sur les entreprises « engagées », le cabinet s’est ensuite penché sur l’écosystème à impact au sens large en regardant les entreprises labellisées (Lucie, B Corp, Afnor engagé…), les entreprises à mission, ESUS, les adhérents au Mouvement impact France ou au Pacte Mondial réseau France…Elle en déduit un pourcentage de l’ordre de 8% d’entreprises françaises de plus de 10 salariés « fortement engagées » dans la transition écologique et sociale. « C’est encore peu mais c’est une multiplication par 8 par rapport à 2019 » et 50 % sont engagées dans une RSE 1.0 (de réduction des impacts négatifs) de façon plus ou moins mâture, estime Alan Fustec. 

Même les entreprises les plus engagées ne respectent pas les limites planétaires

Ces entreprises très engagées respectent-elles les limites planétaires ? « Malheureusement non », constate le cabinet qui se base cette fois sur 50 entreprises de son écosystème parmi les plus avancées. Or ce point est central car cela veut dire que la RSE telle qu’on la pratique aujourd’hui est insuffisante. A l’heure où le gouvernement veut appuyer sur la pédale de frein des réglementations européennes, le constat est important. « La CSRD a clairement marqué un tournant dans l’engagement des entreprises, françaises et européennes » note ainsi Alan Fustec. Il n’est donc pas question pour lui de faire une pause mais bien d’accélérer, ce qu’il demande au Premier ministre dans une lettre ouverte écrite avec plusieurs ETI labellisées Lucie 26 000.

Mais cette réglementation ne suffira pas non plus pour faire entrer l’économie française dans les limites planétaires. C’est donc vers un changement profond des business models qu’il va désormais falloir se tourner. Cette démarche radicale commence à être portée par de plus en plus de cabinets comme Goodwill mais aussi Carbone 4, d’entreprises et d’organisations comme la CEC. Elle prendra du temps, c’est donc maintenant qu’il faut s’y mettre. Etes-vous prêts ?

Illustration : Canva