51% des épargnants français déclarent accorder une place importante aux impacts environnementaux et sociaux dans leurs décisions de placements, un chiffre en baisse quasi constante depuis 10 ans (de 8 points par rapport à 2023 et même de 12 points par rapport à 2019), selon un sondage Ifop pour le Forum pour l’investissement responsable (FIR).  Un recul analysé comme « conjoncturel » par l’Ifop qui le lie à une « actualité incertaine sur la scène politique française ou de manière générale à l’international » et qui se retrouve dans de nombreuses études (voir celle sur les dirigeants dans le monde). 

Aujourd’hui, seulement 10% des épargnants français ont ainsi réalisé un investissement « responsable ». C’est mieux qu’il y a 10 ans (2% en 2014) mais un peu moins que lors du pic de 2023 (13%). Comment expliquer cette (très) faible part ? 

Baromètre 2024 Les Français et la finance responsable du FIR réalisé par l’Ifop

L’investissement responsable plombé par un manque de notoriété…

D’abord par un manque de notoriété évident. Celle-ci ne décolle pas depuis des années. Seuls 18% des épargnants interrogés disent connaître l’ISR (investissement socialement responsable basé sur les notes ESG d’entreprises souvent cotées), 22% l’épargne solidaire (orientée vers l’ESS) et 24% le financement participatif (crowdfunding). Point positif tout de même, cette notoriété est bien plus élevée chez les jeunes (18-24 ans), en particulier pour l’ISR (32%).  Quant aux labels, c’est encore pire. Seulement 2,4% des épargnants peuvent spontanément citer le label étatique ISR et plus de 70% ne peuvent mentionner aucun label responsable, voire ignorent leur existence. 

…d’incitation

Ensuite par un manque d’incitation. 13% des épargnants interrogés disent s’être vu proposer de tels produits par leur banque. Or quand leur conseiller ou banquier l’a fait, ils ont été près de la moitié à franchir le pas. Et c’est à eux que les épargnants font confiance pour leur parler d’investissement responsable (68% de confiance). S’ils devaient investir dans ces produits, ils choisiraient prioritairement certains secteurs comme les énergies renouvelables et les entreprises ayant les meilleures pratiques ESG plus que d’exclure d’emblée certains secteurs comme l’armement ou les fossiles. Et parmi les thématiques qui leur paraissent les plus importantes dans l’investissement responsable, ils mettent en avant la lutte contre la pollution, le bien être au travail et les droits humains plus que le climat, l’emploi, le développement local et l’égalité femmes/hommes). 

Baromètre 2024 Les Français et la finance responsable du FIR réalisé par l’Ifop

…et de crédibilité

Enfin l’investissement responsable suscite encore une certaine méfiance. L’impact positif de l’épargne dirigée sur des placements « responsables » laisse encore sceptiques une majorité d’épargnants, notamment les plus âgés. On voit là sans doute les conséquences des critiques de plus en plus fortes sur le greenwashing de certains produits de finance verte, le manque de différenciation forte de cette branche de la finance par rapport aux produits classiques, et les faiblesses de la notation ESG qui s’est matérialisée dans les scandales comme celui d’Orpéa. Résultat : 75% des épargnants y voient surtout un argument marketing et 9% pensent même que ces produits peuvent avoir un impact environnemental ou social négatif voire très négatif. 51% seulement estiment que ces produits apportent un « réel avantage financier et extra-financier par rapport aux produits classiques et 70% pensent qu’il leur faudra sacrifier une partie de la rentabilité financière. 

Les investisseurs légitiment pour faire pression sur les entreprises
L’engagement actionnarial semble enfin un des leviers à explorer pour donner plus de poids à l’investissement responsable. 61% des épargnants interrogés estiment ainsi que les établissements financiers ont la légitimité pour faire pression sur les entreprises dans le but d’améliorer leurs pratiques ESG. De quoi conforter le Forum pour l’investissement responsable (FIR) dans « le développement de [ses] activités de dialogue et d’engagement avec les grandes entreprises », selon Grégoire Cousté, délégué général du FIR.

Méthodologie : L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1007 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus selon la méthode des quotas 26 au 30 août 2024.. Les personnes possédant au moins un produit d’épargne représentent 85% de l’échantillon.

Illustration : Canva

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