Sur 1 500 mesures climatiques recensées entre 1998 et 2022 par 41 pays dans le monde, seules 63 ont eu un effet vraiment significatif sur la réduction des émissions de CO2. C’est ce que viennent de montrer des chercheurs dans une étude publiée dans Science. Celles-ci ont permis de ralentir les émissions de l’ordre de 600 millions à 1,8 milliard de tonnes de CO2 selon les auteurs. C’est loin, très loin d’être suffisant quand l’on sait que l’humanité a émis 52,6 milliards de tonnes en 2022.
Ce manque d’efficacité est dû à un manque d’ambition mais aussi à une méconnaissance des mesures les plus efficaces ou à des objectifs trop spécifiques (ex : développement des véhicules électriques) selon les auteurs.
La tarification carbone, clé de voûte de l’efficacité ?
Surtout, c’est la combinaison des mesures qui permet souvent la pleine efficacité. Ainsi la tarification carbone, à travers des taxes ou des marchés, est une mesure qui peut avoir un impact important et qui a fait ses preuves notamment sur le marché de l’électricité ou de l’industrie. Mais celle-ci gagne à être intégré à un ensemble de mesures politiques et économiques (ex : réglementations) pour en multiplier les effets et réduire les impacts négatifs sur les populations les plus modestes (souvenons nous des gilets jaunes).
A noter que depuis 2022, des politiques climatiques ambitieuses ont été prises, notamment aux Etats-Unis avec l’Inflation Reduction Act (IRA). Ce package de mesures protectionnistes qui devraient favoriser les industries vertes locales doit amener une réduction des émissions du pays de l’ordre de 40% d’ici 2030 par rapport à 2005…Si celui-ci n’est pas revu lors de la prochaine élection présidentielle🤞.
Une méthodologie novatrice
Pour aboutir à ces conclusions, les chercheurs ont procédé de façon inverse par rapport aux méthodes habituelles : au lieu de partir des mesures pour en évaluer les effets, ils ont utilisé le machine learning pour identifier les moments où les émissions d’un pays ont chuté de manière significative, par rapport à un groupe de contrôle de pays non inclus dans l’analyse. Les chercheurs ont trouvé 69 de ces « ruptures » d’émissions puis les ont comparés à une base de l’OCDE qui précise quels types de politiques climatiques ont été adoptés et à quel moment.
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