Adopter des standards ou des normes sur le développement durable, est-ce vraiment utile ? Un rapport fait le point sur la manière dont ces standards transforment à la fois les marchés et les entreprises.

Depuis plusieurs années, de plus en plus d’entreprises se mettent à investir dans des stratégies de développement durable. Poussées par les nouvelles règlementations, les exigences de certains consommateurs et les tendances de consommation qui évoluent, les entreprises (grandes ou petites) commencent à mettre en place des stratégies de RSE, des programmes de réduction de leur empreinte environnementale ou des stratégies d’amélioration de leur impact social.

Toutes ces actions en faveur du développement durable deviennent peu à peu tendance. Malgré tout, il existe encore des sceptiques qui se demandent si ces programmes ont vraiment un impact significatif. Permettent-ils de transformer les marchés durablement ou est-ce simplement du greenwashing ? Ont-ils un impact sur la performance des entreprises où cela reste-t-il des outils de communication sans intérêt stratégique majeur ? Plusieurs études ont déjà montré que les consommateurs attendent de plus en plus des marques responsables, que les produits durables se vendent mieux, ou que les entreprises certifiées ISO 14001 sont plus performantes. Mais aujourd’hui, un rapport du WWF en partenariat avec ISEAL vient confirmer encore une fois que les business qui adoptent des standards de développement durable et de RSE s’ouvrent de nouvelles opportunités et de nouveaux marchés, que cela a un impact durable sur leurs secteurs, et que cela les aide à être plus performantes. Décryptage.

Les standards du développement durable : un vrai langage business

Rapport-RSE-definitionLes standards du développement durable et de la RSE renvoient à toutes les normes, certifications ou processus codifiés qui permettent à des entreprises de s’engager dans une démarche de développement durable ou de RSE de façon concrète, précise et mesurable. Que ce soit les normes ISO 14001 ou les normes ISO 26000, les systèmes de management environnemental, les évaluations du bilan carbone, de l’empreinte eau, les systèmes de qualité ISO 9001, mais aussi les chartes et comités d’éthique : tout cela fait partie des « standards » du développement durable.

Un certain nombre de reproches peuvent être faits à ce type de pratiques dans le cadre du développement durable. D’abord elles sont contraignantes, procédurières, ce qui les réserve de fait à des entreprises d’une certaine taille. Ensuite, elles sont la plupart du temps non prescriptives (par exemple, la norme ISO 14001 n’impose pas d’objectif absolu en terme de performance environnementale – voir « À quoi servent vraiment les normes ISO sur la RSE« ). Et enfin, elles sont peu lisibles du public et apportent peu d’informations aux consommateurs.

Néanmoins, elles sont un vrai langage utile pour le business. En effet, puisqu’elles offrent des structures, des normes et des processus universels, elles sont un outil idéal pour que les entreprises puissent rapidement se comparer, comprendre les bonnes pratiques, identifier les bons acteurs. Par exemple, la norme ISO 9001 est un outil très largement utilisé pour identifier des fournisseurs fiables en termes de qualité des produits et des processus de fabrication. Les normes EMAS sont aussi un outil qui permet à toute entreprise européenne de mettre en pratique un management environnemental facilement.

Et il semble, d‘après un rapport WWF / ISEAL que ces standards aient bel et bien un intérêt en termes de durabilité et de performance des marchés.

Les standards de développement durable : un outil au service de la transformation des marchés

Pour rendre les marchés mondiaux plus durables, il faut changer radicalement la façon dont on extrait les ressources, dont on produit et transporte les biens que l’on consomme. Bien sûr, ce n’est pas parce qu’une entreprise adopte un standard de développement durable que cela change radicalement toute la structure du marché. Néanmoins, si plusieurs entreprises se mettent à adopter ces standards, et que des acteurs clefs d’un secteur s’y mettent à leur tour, alors cela peut potentiellement transformer tout le secteur.

Par exemple, si les grands acteurs de l’industrie du bois commencent à adopter des standards sur la déforestation, cela impactera forcément les fournisseurs de ces entreprises qui devront mettre en place des pratiques de production de bois plus raisonnées. Par effet d’émulation, ces standards peuvent ensuite s’étendre aux autres acteurs du marché, qui devront les adopter pour ne pas perdre d’avantage concurrentiel. À terme, cela peut avoir un impact positif sur tout le secteur économique du bois et au-delà. Dans le rapport du WWF / ISEAL on trouve de nombreux exemples d’une telle dynamique : par exemple, la Global Salmon Initiative réunit des producteurs de saumon qui ont souhaité adopter les standards de l’Aquaculture Stewardship Council (ASC, des pratiques d’aquaculture plus raisonnées). Les entreprises membres de cette initiative représentent environ la moitié du saumon élevé dans le monde. Mais si l’ASC devient un standard international adopté par tous les acteurs du secteur, cela aura « un impact significatif » dans l’atteinte des Objectifs du Développement Durable n°6 (gestion de l’eau), 14 (biodiversité marine) et 15 (biodiversité terrestre).

Et de tels exemples pourraient se retrouver partout : qu’arriverait-il si tous les acteurs de l’agro-alimentaire adoptaient les normes du bio ou de l’agro-écologie ? Qu’arriverait-il si tous les acteurs du bâtiment adoptaient les normes de la construction durable ? Qu’arriverait-il si tous les acteurs de la production manufacturière adoptaient les principes de l’éco-conception ? Eh bien toute notre chaîne de production serait plus écologique, plus responsable et plus juste. Et notre monde serait plus durable.

Comment les standards de développement durable rendent le business plus performant

comptabilite-performance-globale-rseMais ces standards sont aussi une vraie opportunité pour transformer les entreprises de l’intérieur et améliorer leur performance. Pourquoi ? Plusieurs raisons :

  • Des gains d’efficience : les standards du développement durable sont bien souvent de véritables systèmes de management intégrés qui contribuent à améliorer toute la chaîne de production d’une entreprise. Par exemple, la norme ISO 9001 sur la qualité est reconnue pour améliorer l’efficacité des systèmes de production et la productivité des salariés. De leur côté les normes ISO 14001 améliorent la productivité des entreprises.
  • Des gains en transparence et en traçabilité : améliorer la transparence de sa supply chain, de ses processus de production, avoir une vraie traçabilité, tout cela peut contribuer à améliorer la performance de l’entreprise. Sur la transparence notamment, on sait qu’elle sera de plus en plus nécessaire pour conserver la confiance des consommateurs
  • Amélioration des relations avec les parties prenantes : que ce soient les fournisseurs, les investisseurs ou les actionnaires, ainsi que les consommateurs, toutes les parties prenantes d’une entreprise peuvent tirer parti de l’adoption des standards internationaux sur le développement durable. Par exemple, des relations fournisseurs encadrées par des normes de qualité ou de management environnemental seront plus stables, plus longues, et plus faciles à fidéliser.

 

Alors bien sûr, l’adoption de ces standards n’est pas une panacée ni pour le développement durable ni pour la performance financière des entreprises. Mais dans un monde économique de plus en plus instable et incertain, elles offrent des lignes directrices sûres et précises pour améliorer la performance globale des entreprises. Elles offrent des conditions de stabilité et de résilience plus fortes et surtout elles permettent de participer, de façon incrémentale et par l’émulation, à l’atteinte des grands objectifs de développement durable.

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