Chaque jeudi, l’actualité de la RSE en chiffres. Cette semaine, on se penche sur le coût de la transition vers le Net Zero. Un coût qui n’est pas neutre mais qui reste « maîtrisable » pour les finances publiques et supportables pour les ménages et entreprises à la condition toutefois d’une redistribution, selon la Direction générale du Trésor. Rappelons que le coût de l’inaction, lui, est intenable, pour tous.

« La transition vers la neutralité carbone constitue un défi économique, mais maîtrisable ». Son coût macroéconomique sera « modéré et transitoire » et surtout bien inférieur à celui de l’inaction. C’est le constat que dresse la Direction générale du Trésor dans son rapport final sur les Enjeux économiques de la transition vers la neutralité carbone.

Celui-ci a été inspiré par la Net Zero Review du Trésor britannique, offre une analyse approfondie des principaux défis économiques liés à la transition vers la neutralité carbone en France. Il explore plusieurs facettes macroéconomiques de cette transition et par secteurs, et en intégrant les impacts sur les entreprises, le marché du travail, le commerce extérieur, les ménages et les finances publiques. 

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Un ralentissement de la croissance économique à court et moyen terme

« À court et moyen terme, la transition pourrait entraîner un ralentissement de la croissance économique, du fait de la hausse des coûts qu’elle implique », souligne ainsi le rapport. D’une part, le renchérissement du coût relatif des émissions de gaz à effet de serre, réduirait le niveau d’activité de 0,9 point de PIB en 2030 par rapport à un scénario sans mesures de décarbonation supplémentaires. Mais d’autre part, les investissements supplémentaires pour la décarbonation, défalqués de la baisse d’autres postes de dépenses et du surcoût technologiques pour les entreprises, soutiendraient l’activité à hauteur de 0,4 point de PIB à horizon 2030.

Un coût très modéré, d’autant que pour la France et l’Europe, ces investissements permetront d’améliorer la sécurité d’approvisionnement énergétique et l’autonomie stratégique. Rappelons qu’en France, les importations de produits fossiles représentaient 75 Md€ en 2023. 

Surtout, ce coût économique est bien moindre qu’un « laissez faire » climatique qui conduirait à un effondrement de nos économies à terme. La DG Trésor rappelle ainsi les dernières estimations du Réseau pour le verdissement du système financier (plus connu sous son acronyme anglais NGFS pour Network for Greening the Financial System) tablent sur un effet négatif sur le PIB de l’ordre de 15 points dans le monde en 2050 et de 30 points en 2100 dans le cas d’un scénario à +3°C de réchauffement mondial par rapport  à un scénario sans changement climatique. D’autres études sont encore plus pessimistes. 

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L’indispensable redistribution 

Cependant, ces coûts impacteront très différemment les ménages et les entreprises. Une redistribution est absolument nécessaire si l’on souhaite éviter une casse sociale en termes de surcoût pour les ménages les plus modestes, notamment ceux tributaires d’un important « capital brun » (voiture émissive, logement chauffé aux énergies fossiles ou devenu une passoire énergétique). L’épisode des Gilets jaunes est là pour nous en rappeler les conséquences. 

Alors que les deniers publics se tarissent, les investissements importants nécessités par la transition écologique vont devoir être davantage répartis entre le public et le privé, souligne aussi le Trésor. Celui-ci mentionne ainsi l’importance d’un « mix diversifié d’instruments de politique climatique » avec une tarification du carbone, des subventions et des réglementations. 

Ces deux points conditionnent l’acceptabilité et la faisabilité d’une « transition à moindres coûts » à laquelle aspire le Trésor. 

Illustration: Canva