Alors que certains politiques parlent de revoir les 35 heures, nous avons voulu savoir comment le temps de travail affectait la productivité des travailleurs. Faut-il travailler plus pour être plus productif ? Ou au contraire travailler moins mais mieux ? Comment le temps de travail et la productivité sont-ils liés ? La réponse grâce à notre tour du monde de la productivité et du temps de travail.
Est-on productif dans les pays où l’on travaille le plus ?
Dans le monde, les pays qui ont les temps de travail les plus importants sont la Turquie, la Colombie, Mexico, le Costa-Rica ou encore l’Afrique du Sud. Avec un temps de travail compris entre 43 et 49 heures par semaine, ces pays ne font pourtant pas partie des pays ayant la productivité horaire la plus forte. Toutefois, il est difficile de comparer ces pays avec les pays membre de l’OCDE, puisque leur marché du travail est souvent moins structuré et qu’ils ne disposent pas du même capital de production.
Pour pouvoir réellement se rendre compte de l’influence du nombre d’heures travaillées sur la productivité, il faut regarder des pays ayant à peu près le même niveau économique. Parmi les pays avancés qui travaillent le plus on trouve Israël, la Hongrie, le Japon, les Etats-Unis ou encore l’Islande. Tous ces pays travaillent au moins 39 heures par semaine en moyenne d’après les statistiques de l’OCDE, avec des pics à 43 heures pour le Japon. Parmi ces pays, seuls les Etats-Unis sont classés dans le top 10 des pays ayant la plus forte productivité horaire.
Est-ce une raison de penser que travailler plus n’aide pas à être plus productif ? Regardons les pays qui ont les horaires hebdomadaires les moins chargés.
Travailler moins pour produire plus ?
À l’opposé, parmi les pays qui ont les horaires les moins importants, nous trouvons les Pays-Bas (30 heures / semaine), la Norvège (33), la Suisse (34), l’Allemagne (34,4), l’Irlande (34,5) ou encore la Suède (35,8). La France est également parmi les pays qui travaillent moins de 37 heures par semaine en moyenne (36,1).
Parmi les pays qui ont la plus forte productivité horaire dans le monde, nous retrouvons presque tous ces pays : la Norvège (1ère), l’Irlande (3ème), les Pays-Bas (6ème), la France (7ème), l’Allemagne (8ème), la Suisse (9ème) et la Suède (10ème). Cela laisserait donc penser qu’une charge de travail hebdomadaire modérée permet une meilleure productivité.
En effet, une étude menée par l’université de Stanford a conclu que la productivité diminuait avec la charge de travail. Résultat ? Une revue de 31 études sur la productivité et les horaires de travail concluait que le temps de travail idéal se situait sous les 40 heures, et même proche des 36-37 heures par semaine. Au delà, non seulement la productivité diminue à cause d’employés moins en forme et moins dynamiques, mais la santé des travailleurs se dégrade plus vite. Les travailleurs dépassant 50 heures de travail par semaine ont 40% de chance supplémentaires de souffrir d’une attaque cardiaque que ceux qui travaillent 35 heures par semaine. De plus, ceux-ci prennent plus souvent des congés maladie et leur mauvaise forme physique influence leur capacité à travailler efficacement.
Le temps de travail idéal serait entre 36 et 37 heures
Bien sûr, il faut garder à l’esprit que des pays comme la Norvège ou la Suisse, qui travaillent peu mais sont très productifs, sont exceptionnels. Ils disposent d’une population extrêmement bien formée, mais surtout de ressources (pétrole ou finance) qui leur permettent de créer des richesses de façon très efficace.
Nous considérons généralement que le temps de travail hebdomadaire idéal est autour de 36 – 37 heures par semaine. Au-delà, la productivité horaire moyenne aurait tendance à baisser. Plus précisément, plus les journées sont courtes, plus le travailleur est productif. Une journée de 8 heures est souvent moins productive qu’une journée de 7 heures, notamment parce qu’elle contient plus de temps morts et que la motivation et l’efficacité du travailleur diminue au fur et à mesure de la journée.
Des horaires de travail plus courts et plus souples permettent aussi aux travailleurs de mieux gérer leur vie, d’être moins stressés et plus intéressés par leur travail. Au-delà du temps de travail, c’est surtout la façon dont le travail est structuré qui est importante : travailler trop longtemps d’affilé ou trop tard serait contre-productif. Le télétravail améliorerait également la productivité, et il permet un meilleur équilibre professionnel.
Dans ces domaines, les entreprises en sont donc encore à l’expérimentation. Pour des employés plus heureux et plus productifs, certains tentent les semaines de 4 jours, d’autres des semaines de 25 heures avec la conviction que l’on pourrait ainsi travailler plus vieux…
Difficile de dire ce qui est le mieux pour l’employé et pour l’économie, mais une chose est sûre, les modes de travail classiques sont entrain d’évoluer et c’est aussi le rôle de la RSE de prendre en compte ces évolutions.
Voir aussi : Les causes du mal-être au travail
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