La crise de la Covid-19 a-t-elle vraiment fait baisser nos émissions de CO2 ? Quel impact dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Explications.
On en a beaucoup parlé : les mesures prises suite à la pandémie ont permis de faire baisser significativement nos émissions de CO2 cette année.
D’après le bilan annuel du Global Carbon project, les émissions de C02 ont chuté de près de 7% en 2020. Quels sont les secteurs et les pays les plus concernés par cette baisse ? Va-t-elle avoir un effet bénéfique sur le climat à long terme ?
Rappel théorique : l’augmentation de nos émissions de gaz à effet de serre dont le CO2, à la base du réchauffement climatique
Pour rappel, le carbone est naturellent présent dans l’atmosphère sous forme d’un gaz, le dioxyde de carbone (CO2), et régulé par le cycle du carbone.
Avec d’autres gaz, le CO2 agit comme une couverture qui retient une partie du rayonnement du soleil réfléchi à la surface de la terre : c’est l’effet de serre. Il est indispensable au développement de la vie sur la planète.
Les activités humaines à partir de la révolution industrielle, à travers l’exploitation de combustibles fossiles comme le pétrole ou le charbon conjuguée à la déforestation ou encore à l’agriculture intensive ont bouleversé ce cycle naturel du carbone.
Elles émettent de grandes quantités de gaz à effet de serre. Selon la World Meteorological Organization (WMO), en 150 ans, la concentration atmosphérique de CO2 est passée de 270 à 400 PPM (parties par million).
Conséquence : la planète se réchauffe, entraînant des phénomènes météorologiques extrêmes, l’acidification des océans, et d’autres conséquences graves.
Cette vidéo explicative réalisée par Le Monde permet de mieux comprendre le phénomène du réchauffement climatique.
Bilan carbone 2020 : baisse de 7% des émissions de CO2
L’impact de la Covid-19 sur la courbe des émissions
La courbe des émissions de CO2 prévisionnelles en 2020 montre une diminution de près de 7%. À part durant la crise de 2008-299, c’est la première fois depuis près de 30 ans que nos émissions globales ont baissé.
Covid-19 et baisse des émissions de CO2 : les secteurs les plus concernés
D’après le site Carbon monitor, c’est le secteur des transports dont les émissions ont le plus baissé, en raison notamment des mesures du confinement à travers le monde. C’est 15,2% d’émissions en moins pour ce secteur par rapport à 2019 soit une diminution de près de 930 millions de tonnes de CO2.
L’industrie, l’énergie et l’aviation ont également vu leurs émissions diminuer en raison de la situation sanitaire et économique. Le pic de diminutions a par ailleurs été atteint en avril.
(Graphique page 21)
La baisse des émissions par pays
Sur l’ensemble de l’année 2020 ce seront a priori les Etats-Unis, suivis par le groupe des 27 pays de l’Union européenne, puis l’Inde qui observeront la baisse la plus significative d’émissions de CO2, oscillant entre 9 et un peu plus de 12% de réduction de leurs émissions.
La Chine est un cas plus particulier. Lourdement impacté par la première vague, le secteur de l’industrie a tourné à plein régime dès le déconfinement, entrainant de nouveau une hausse des émissions, d’où ce résultat relativement faible.
Un répit temporaire
La diminution des émissions de CO2 n’entraine qu’une minime réduction de la concentration de CO2 dans l’atmosphère
Malgré ces baisses significatives, l’impact global sur la concentration en CO2 de l’atmosphère promet d’être faible. Les concentrations sont en effet le résultat des émissions passées et actuelles cumulées.
C’est la raison pour laquelle cette diminution annuelle de 7% des émissions n’aura qu’un très léger effet de ralentissement de la croissance de la concentration de CO2 dans l’atmosphère.
(Graphique page 16)
Certains pays ont déjà dépassé leur niveau d’émissions de 2019, malgré la crise
Des pays comme la Chine ont déjà retrouvé leur taux d’émissions de 2019. On le voit sur ce graphique où la courbe en pointillés représentant l’année 2020 dépasse, dans le cas de la Chine mais aussi de l’Inde la courbe continue.
De la même manière, plusieurs secteurs comme l’industrie, fortement impacté par la crise ont retrouvé voire dépassé leur niveau d’émissions de 2019.
Philippe Ciais, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, craint aussi un rebond des émissions en 2021. L’année qui vient risque en effet d’être celle du rattrapage économique, si la situation sanitaire se stabilise. Cela pourrait entraîner une reprise rapide des émissions de CO2.
Réduire nos émissions de CO2 : une crise du coronavirus par an, chaque année ?
La situation de l’année 2020 est donc paradoxale par rapport à la lutte contre le réchauffement climatique. D’un côté, cette baisse soudaine peut apparaître comme une bonne nouvelle temporaire pour le climat. Mais en réalité, cette période particulière n’est qu’une parenthèse qui ne devrait pas durer suffisamment longtemps pour avoir un impact significatif sur le climat.
D’autre part, il faut prendre conscience de l’ordre de grandeur que représente cette baisse. 7% de baisse des émissions de CO2 en une année, c’est à peu près ce qu’il serait nécessaire d’accomplir… chaque année, durant les trente prochaines années au moins, pour respecter les accords de Paris et rester sous les 2 degrés de réchauffement.
Cela donne une idée de l’ampleur de la tache, et surtout de l’aspect systémique d’un tel changement. On ne résoudra pas la crise climatique simplement en limitant ça et là les activités polluantes, mais bien en enclenchant un changement audacieux et global de modèle.
Photo by Marcin Jozwiak on Unsplash
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