Les dernières années, les graves crises sanitaires causées par des épidémies de virus ont été nombreuses à frapper le monde. Ebola en 2015, la grippe aviaire ou la grippe porcine, le virus Zika qui frappe notamment l’Amérique du Sud cette année… Difficile d’expliquer la multiplication de ces nouveaux virus, résistants, qui se diffusent souvent rapidement et qu’il est très difficile d’endiguer.
Pourtant, d’après les chercheurs spécialisés, le changement climatique et les dégradations environnementales seraient parmi les principaux facteurs de développement de ces virus. Explications.
Virus pandémiques et crise écologique : les causes
Comment le changement climatique et la dégradation des écosystèmes pourraient-ils être à l’origine de la multiplication des virus pandémiques ? Ces dernières années, des équipes de chercheurs (notamment l’an dernier ceux de l’Université du Nébraska) ont découvert que la fonte de la banquise à certains endroits en antarctique avait causé la libération de certains virus géants, emprisonnés sous la glace depuis la préhistoire. Bien sûr, ces virus (4 ont été découverts depuis 2003) n’ont pour l’instant pas eu de conséquences : on ne sait pas encore s’ils sont dangereux pour l’homme et les virus sont restés confinés aux laboratoires. Mais les estimations sont inquiétantes : il est possible que si la fonte de la banquise continue, elle finisse par libérer un virus potentiellement dangereux et pandémique.
Mais certains experts vont encore plus loin. Le changement climatique et la perte de la biodiversité pourraient selon eux être l’une des causes de l’explosion de certains virus pandémiques. Les derniers en dates : Zika, H1N1, Ebola… Comment-est ce possible ? Il faut savoir que d’après l’Agence de Développement International Américaine, 75% des nouveaux virus qui frappent l’homme sont des virus « zoonotiques ». Cela signifie qu’ils se développent dans des milieux animaux et sont transmis à l’homme par le contact avec certains animaux.
Or avec le changement climatique ou la destruction d’habitats naturels, l’habitat des animaux change, mais aussi leur cycle de migration ou de reproduction. Certains animaux qui vivaient uniquement dans des zones humides, ou des zones forestières ne trouvent plus leur habitat naturel et se déplacent dans des zones où ils n’allaient pas il y a 20 ou 30 ans. De nouveaux contacts se créent entre des espèces qui ne se côtoyaient pas et ces contacts créent des interactions microbiennes et bactériennes qui pourraient contribuer à l’apparition de nouveaux virus, ou plus probablement à la diffusion d’anciens virus.
Le changement climatique facilite la transmission des virus pandémiques
Ainsi, les virus Ebola, west nile, chikungunya, ou encore Nipah ou l’encéphalite japonaise sont tous des virus présents à l’origine chez certaines espèces animales (rats, oiseaux, chauve-souris). Le changement climatique et la modification de leurs habitats naturels auraient contribué à accentuer la mise en contact de ces animaux avec l’homme, ou avec des animaux domestiques, et aurait donc contribué à la propagation du virus à l’espèce humaine.
En Californie par exemple, 90% des zones humides ont disparu. Résultat, les oiseaux migrateurs se concentrent dans certaines zones, et la transmission de virus comme la grippe aviaire est facilitée. Pour les acteurs publics, mais aussi les entreprises, cela illustre parfaitement le problème de la protection de la biodiversité, et notamment des zones humides (dont la journée mondiale a été célébrée récemment, le 2 février).
Le changement climatique faciliterait également la transmission des virus dans de plus grandes zones géographiques. On sait que les virus comme le paludisme, Zika, et d’autres sont transmis à l’homme via les piqûres du moustique tigre. Or depuis 1981, la zone de diffusion de ce moustique s’est largement étendue. D’abord présent uniquement en Inde, il s’est répandu un peu partout dans le monde, et il y survit grâce à des températures plus élevées.
L’OMS estime ainsi que 5% de personnes supplémentaires pourraient être touchées par le paludisme si les températures augmentent de 2 degrés, ce qui représente entre 160 et 200 millions de personnes. Avec une telle température, près de 65 000 décès par an dans le monde pourraient être dus à la propagation de virus comme le paludisme dans de nouvelles zones à cause du changement climatique.
Le problème actuel avec le virus Zika est similaire : le virus pourrait bien envahir une bonne partie de l’Amérique du Nord si les températures sont aussi élevées cette année que l’an dernier. En effet, avec des températures plus fortes, la propagation des moustiques est plus élevée, notamment dans les zones humides. De plus, l’utilisation de pesticides et d’insecticides dans l’agriculture contribue à réduire la population des prédateurs du moustique tigre et donc à faciliter son développement.
D’après les experts du Centre Environnement et Santé de l’Université d’Harvard, on peut donc s’attendre à une croissance de ces épidémies de virus nouveaux, pour lesquels les traitements n’existent pas encore. Comme si le changement climatique et la crise écologique n’étaient pas déjà des enjeux assez complexe, il faut maintenant rajouter la question des virus aux risques écologiques.
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