La COP21 a commencé il y a une semaine. Durant 7 jours les négociateurs ont travaillé longuement sur un projet d’accord, dont un premier brouillon a été dévoilé samedi. Retour sur les points clés de ce texte, et sur ce qu’il reste à négocier d’ici la fin de semaine pour arriver à un accord.
Après une semaine de négociations intenses menées par les experts techniques, le texte sur lequel les ministres et négociateurs politiques plancheront cette semaine a été rendu public samedi. L’ensemble du travail (48 pages disponible en anglais) dévoile les premiers points clés de l’accord qui sera (probablement) signé par les dirigeants du monde entier.
Les objectifs clé de l’accord à mi parcours de la COP21
Que dit donc concrètement ce brouillon ?
D’abord, dès le préambule, on retrouve comme objectifs les notions indispensables à un succès des négociations : la mise en place d’un prix du carbone, la responsabilité commune mais différenciée, la transition de l’économie vers un développement durable… Par rapport aux accords et aux feuilles de routes négociés dans les COP précédentes, le texte part donc sur des bases saines en vue d’un compromis.
Les deux premiers articles du texte définissent ensuite les limites de l’accord (les objectifs, les parties et leurs devoirs en termes d’implémentation et de communication).
L’article 3, portant sur la mitigation du changement climatique fixe les objectifs concrets suivants :
- Atteindre un pic d’émissions de gaz à effet de serre le plus vite possible (reste à définir une date) ;
- Une baisse rapide des émissions après ce pic (bien que le pourcentage à atteindre d’ici 2050 ne soit pas défini) ;
- Zéro émissions globales entre 2060 et 2080 ;
- Une transformation globale de nos modèles économiques à long terme vers la neutralité climatique, voire la décarbonisation ;
- Et la distribution d’un « budget carbone » aux différents pays en fonction de leur responsabilité historique.
L’article 4 traite quant à lui de la question de l’adaptation au changement climatique, et des moyens mis en place par chaque pays dans ce domaine.
La question des « Pertes et dommages » (Loss and damages) est abordée dans le chapitre 5. Il s’agit d’un point fondamental pour tous les petits pays très vulnérables au changement climatique, comme les Îles Marshall. En effet, ce chapitre traite de l’idée selon laquelle la communauté internationale devrait compenser financièrement les dommages subis par ces pays en cas de catastrophes climatiques ou de changement climatique. La question, qui a longtemps été un sujet de bloquage dans les négociations, semble progresser cette année puisque le Mécanisme International de Varsovie (qui avait défini l’idée des « Pertes et dommages ») a été entériné dans le draft publié samedi.
Sur le papier, toutes les conditions semblent donc réunies pour parvenir à un accord. L’ensemble des pays s’est engagé sur la nécessité de réduire les émissions de CO2 rapidement, d’atteindre une économie neutre en carbone et de donner le temps aux pays en développement de s’adapter.
Les points qui restent à débattre cette semaine
Malgré tout, ce brouillon d’accord est encore un véritable chantier, qui ressemble plus à un texte à trou qu’à un véritable traité.
Si les objectifs sont définis, ils restent flous. En effet, le texte est encore parsemé de crochets qui signifient que les mots précis, les objectifs chiffrés ne sont pas encore arrêtés et devront être négociés par les ministres. Ainsi par exemple, l’objectif maximum d’augmentation des températures est pour l’instant fixé à « [moins de 1.5°C] ou [bien en dessous de 2°C] ».
Pour toutes les cibles chiffrées, les négociations vont donc continuer cette semaine avec les ministres. De la même façon, l’article 6 qui traite des mécanismes de financement de la lutte contre le changement climatique et de l’adaptation est encore largement en construction. L’accord prévoit tout de même le financement du Fond Vert à hauteur de 100 milliards de dollars d’ici à 2020, mais les choses pourraient changer cette semaine puisque plusieurs négociateurs de pays développés ont annoncé leur volonté d’augmenter le plafond de ce fond.
En tout cas, le brouillon d’accord suscite pour l’instant l’optimisme, et il semble que les négociateurs soient prêts à définir des objectifs chiffrés contraignants de limitation des émissions de CO2.
Reste à savoir ce qu’il restera de ce brouillon à la fin de la semaine, maintenant que la politique entre véritablement en scène.
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