La semaine dernière, la loi obligeant les grandes surfaces à faire don de leurs invendus pour éviter le gaspillage alimentaire a été votée au Sénat dans le cadre de la loi sur la Transition Énergétique. Elle passe ce mercredi en dernière lecture à l’Assemblée, et si elle est confirmée, elle devrait entrer en vigueur fin 2015. Le parlement européen, quant à lui, a voté le 9 juillet dernier une résolution sur l’économie circulaire allant dans le même sens.
Aussi salutaire que soit cette idée, elle ne règle qu’en partie le problème du gaspillage alimentaire. Comme nous l’expliquions dans un précédent article, les grandes surfaces ne représentent que 5% des pertes. En réalité, plus de 55% du gaspillage alimentaire se fait en bout de chaîne, en restaurant (14%) et chez l’habitant (42%).
Qu’on se rassure cependant, si l’on souhaite agir contre le gaspillage, il existe de nombreuses solutions inventives. Tour d’horizon de 10 initiatives qui permettent de réduire le gaspillage alimentaire, chez soi ou au restaurant :
1. Checkfood, l’appli anti-gaspillage
C’est un vrai classique : vous avez acheté 3 paquets de yaourts car ils étaient en promo, et depuis, il y a un paquet sur une étagère de votre frigo que vous avez oublié. Avec Checkfood, votre téléphone vous alerte lorsque leur date de péremption approche. Ouf.
Dans le même ordre d’idée, nous avions rédigé un article sur l’appli Gaspifinder où la communauté s’échange des astuces pour consommer des produits, même après la Date Limite de Consommation.
2. Des frigos en libre service ?
C’est l’idée d’une association berlinoise Lebensmittelretten (Sauvetage Alimentaire pour les non-germanophones) : donner accès à plusieurs dizaines de frigos, accessibles 24 heures sur 24, dans les grandes villes allemande. Le concept est simple : les particuliers, restaurants ou supermarchés qui ont des produits qui approchent de leur limite de consommation peuvent les déposer dans les frigos. N’importe qui (et particulièrement les plus démunis) peut ensuite venir les récupérer pour les consommer. Cela permet d’offrir une seconde vie à ces pauvres brocolis qui ont tendance à pâlir dans nos bacs à légumes.
3. Un restaurant qui cuisine les restes
Si vous avez salivé devant l’épreuve des épluchures de Top Chef, sachez qu’un restaurant fait cela… pour de vrai. Dan Barber, chef étoilé du désormais célèbre Blue Hill New Yorkais a lancé le concept à Greenwich Village. WastED est un restaurant où on ne sert que des plats à base de choses qui sont jetées en cuisine : épluchures, carcasses de crustacés, fanes de légumes. Un cœur de chou-fleur confit et des pates de langoustes, des steak faits de restes de légumes ? Si Alain Ducasse, Daniel Humm ou Thomas Keller ont bien voulu cuisiner à Blue Hill, c’est que ça doit être bon.
4. Le bruit du frigo : des idées de recette pour vos fonds de placard
Là encore une idée simple mais qui peut faire du bruit. L’idée est de nous aider à surmonter nos pannes d’inspiration culinaires. Grâce au site web lebruitdufrigo.fr, il n’y a qu’à taper vos ingrédients dans le moteur de recherche pour avoir une recette. On y apprend notamment comment réaliser une super recette de boulettes de viande avec un steak haché et du pain de mie. Une bonne idée pour utiliser ses fonds de placard plutôt que de jeter.
Dans la même veine, on trouve aussi l’appli Frigomatic, qui vous fournit des recettes avec ce qu’il reste dans votre frigo et vos placards !
5. Cuisiner avec des restes
C’est ce que l’on peut apprendre grâce à certaines associations comme Guest Cooking. Il n’y a pas que Dan Barber qui puisse faire des merveilles avec un bout de pain rassis. Chez vous, vous pouvez en faire de la chapelure, utilisable ensuite pour paner vos tempuras d’épluchures de légumes. Et le pire, c’est que c’est bon.
6. Les doggy bags ou « Gourmet Bag »
Le phénomène est ultra-populaire dans le monde anglophone. Vous repartez chez vous avec ce que vous n’avez pas mangé au restaurant. En France, le phénomène commence à arriver, mais il fallait d’abord lui trouver un nom chic qui soit à la hauteur de notre gastronomie. Ce sera le Gourmet Bag, un projet piloté par l’ADEME Rhône Alpes et l’UMIH (premier syndicat des cafetiers, hôteliers restaurateurs). Si votre resto préféré ne le fait pas encore, parlez-en au patron !
7. Partage ton frigo
Dans le même genre que l’initiative Berlinoise des frigos en libre service, cette appli permet de faire savoir à tous les utilisateurs près de chez vous qu’il vous reste 5 tranches de jambon qui périment demain. Grâce à la géolocalisation, vos voisins peuvent vous aider à écouler vos stocks. Plus d’information dans notre précédent article « Partage ton Frigo, la Nouvelle application anti gaspillage ».
8. Acheter les légumes moches
Le gaspillage des grandes surfaces est aussi le fait des consommateurs qui refusent souvent d’acheter des légumes qui n’ont pas une forme ou une couleur parfaite… Résultat, les grandes surfaces les refusent de plus en plus en amont, aux producteurs ! Acheter des légumes moches permet de lutter petit à petit contre ce phénomène. On peut s’en procurer auprès de la marque « Gueules Cassées », qui rassemble des producteurs vendant à bas prix leurs fruits et légumes moches. McCain a également lancé une initiative similaire dans le Nord-Pas-de-Calais. Les légumes moches des fournisseurs de McCain et E-Leclerc sont récoltés par des demandeurs d’emploi de longue durée, transformés en soupes puis vendus dans les magasins de la région. Beau ou moche, chaque légume a droit à son heure de gloire.
9. Acheter au poids à la Recharge
Deux jeunes bordelais ont lancé La Recharge à deux pas de la Place Fernand Lafargue à Bordeaux. On y achète tout au poids, aucun emballage jetable n’est autorisé ! On n’achète que la quantité dont on a besoin, ce qui éviter de surconsommer, ou de jeter. La chaine d’épiceries sans emballages Day-by-Day fonctionne sur le même principe et possède des magasins dans plusieurs régions de France.
10. Promouvoir des cantines sans gaspillage
Mille et un repas, entreprise de restauration scolaire, a tenté l’expérience en proposant des plats à volonté aux enfants dans les cantines. Paradoxal ? Peut-être pas. L’élève peut se servir une entrée à volonté dans un premier temps, et lorsqu’il a finit, il peut se servir son plat, avec accompagnement à volonté. Le contrat est que les élèves ne laissent rien dans leur assiette. Résultat, les restes sont passés (dans les cantines partenaires) de 167 grammes à moins de 10 grammes en moyenne. Et en plus, on sensibilise les jeunes à une consommation plus responsable.
Il existe donc énormément de moyens de lutter à son niveau contre le gaspillage alimentaire. On peut également citer les désormais célèbres DiscoScoupe et Zéro Gâchis. En bonus, vous pouvez jeter un œil à notre catégorie gaspillage.