Nouvel article de notre Dossier COP21 : Les négociations climatiques, qui auront lieu à Paris en fin d’année, sont fondamentales. Elles représentent les négociations de la dernière chance pour parvenir à un accord qui limite les effets du réchauffement climatique.
Ce n’est pas la 1ère fois que nous entendons dire qu’un accord doit être trouvé « avant qu’il ne soit trop tard ». Nous avons souvent entendu cette formule dans les écrits et dans diverses réflexions sur le changement climatique. Copenhague était déjà le sommet de la dernière chance pour beaucoup et même à Rio en 1992. Alors qu’est-ce qui change vraiment cette année ?
La dernière chance pour retarder le changement climatique de façon efficace
D’abord, il faut comprendre que le changement climatique est une variation du climat qui fonctionne selon un effet de retard et d’accumulation.
L’accumulation signifie que, plus le CO2 s’accumule dans l’atmosphère, plus les variations climatiques sont fortes. En somme, injecter une tonne de CO2 dans l’atmosphère aujourd’hui a plus d’effets négatifs sur le changement climatique qu’il y a 100 ans. Les écosystèmes, qui fonctionnent comme des puits à CO2, commençant à être saturés et ne peuvent plus « absorber » ou « réguler » ce surplus.
Mais le changement climatique a aussi un effet « retard ». De la même façon que l’eau d’une casserole met quelques minutes à bouillir lorsqu’on la place sur le feu, l’océan met plusieurs années à se réchauffer lorsque la température de la terre augmente. Cela signifie que même si l’on arrêtait complètement d’émettre du CO2 aujourd’hui, l’océan continuerait à se réchauffer durant 40 ans au moins.
Les scientifiques estiment que, pour éviter de passer les « points de non retour » du changement climatique, il faudrait agir maintenant, et même avoir déjà commencé à agir. Ces points de non retour sont par exemple : la fonte de la glace polaire et du permafrost, la perte de biodiversité, la déforestation… Une fois un certain seuil atteint, il n’est plus possible de revenir en arrière.
La dernière chance pour ne pas dépasser les 2 degrés
Les modèles climatiques les plus reconnus montrent que si l’on veut limiter le réchauffement climatique à 2 degrés, il est réellement urgent d’agir. Compte tenu des effets d’accumulation et de retard du changement climatique, il est impossible de limiter le changement climatique à 2 degrés sans réduire réellement les émissions de gaz à effet de serre et la déforestation.
La limite des 2 degrés n’est pas arbitraire ou symbolique : elle a été construite par les scientifiques sur la base de l’étude de nos écosystèmes et de leur capacité à réagir. Il semble que 2 degrés soit la limite qu’il ne faille pas dépasser pour protéger la biodiversité, maintenir un climat relativement stable et éviter la montée trop importante du niveau de la mer.
Bien sûr, ce ne sont que des estimations, et certains spécialises estiment même qu’une augmentation de 2 degrés serait déjà un vrai désastre écologique. Par exemple, le permafrost qui commence d’ores et déjà à fondre aux températures actuelles pourrait disparaître complètement, émettant ainsi de fortes quantités de méthane actuellement piégées dans la glace (le méthane ayant un potentiel de réchauffement global 5 fois plus fort que le CO2).
La dernière chance pour un accord politique
2015 est peut-être aussi la dernière chance pour un accord politique sur le sujet du changement climatique.
Tout d’abord, c’est la dernière année des mandats de Barack Obama, qui s’est toujours prononcé pour la lutte contre le changement climatique. L’élection d’un candidat républicain (ou même démocrate), qui ne serait pas pro-actif sur cette question, pourrait endormir durablement la possibilité de négocier un accord avec les Etats-Unis, qui est pourtant le 2ème plus gros émetteur de CO2 dans le monde.
L’autre puissance polluante mondiale, la Chine, est également dans une situation politique propice vis-à-vis des négociations climatiques. Elle a d’ailleurs récemment signé plusieurs accords avec les Etats-Unis que l’on peut considérer comme historiques. La Chine a même pris le leadership sur les sujets du changement climatique auprès des pays en développement en finançant des programmes d’aide. La Chine a un intérêt économique et géopolitique dans la transition et veut se poser en leader du changement pour s’assurer une place sur la scène internationale qui ne soit plus seulement économique mais aussi géopolitique.
De la même façon, l’action du pape en matière de lutte contre le réchauffement climatique a créé les conditions d’une opinion publique très engagée en matière de développement durable.
Nous sommes donc au coeur d’une période idéale pour agir, c’est pourquoi, il faut continuer à mobiliser les élus, les entreprises et les citoyens sur cette question.
Retrouvez la suite de notre dossier COP21 ici.
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Crédit image : montée océans sur Shutterstock, Permafrost sur Shutterstock