Le climat est il réellement sur le point de basculer ? Les températures augmentent-elles vraiment tant que ça ? Plus d’un an après la COP21, l’Organisation Météorologique confirme que le réchauffement climatique affecte déjà notre planète, et bien plus fortement que l’on ne le croyait. Les objectifs de l’Accord de Paris sont-ils déjà hors d’atteinte ?
On le sait, en 2016, les températures mondiales ont été très élevées. 2016 a été l’année la plus chaude enregistrée par l’Homme, avec des températures allant jusqu’à 1.5 degrés au dessus des moyennes annuelles dans certaines régions. La fonte des glaces s’est accélérée, avec des niveaux record atteints au Pôle Nord, et aussi pour la première fois au Pôle Sud. Partout dans le monde, les évènements météorologiques extrêmes se sont multipliés, probablement accentués par les changements de circulation des masses d’air et des flux océaniques sous la pression des températures. Ainsi en France, on a vécu les inondations du Loiret et les incendies probablement accentués par le réchauffement climatique, tandis que la Californie connaissait sa pire sécheresse, l’Australie ses pires incendies, et que le Sahara était recouvert par la neige.
Bien sûr, tous ces faisceaux d’indices ont pu être accentués et renforcés par la présence d’un El Niño très puissant en 2016. Cela fausse donc un peu les résultats. Mais cette année, sans El Niño, la réalité climatique continue d’inquiéter. C’est en tout cas ce que révèle l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM).
2016, année de tous les records climatiques…
D’abord, l’OMM confirme : 2016 a bien été l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec des températures moyennes 1.1 degrés plus élevés que la moyenne préindustrielle. Cela signifie que l’un des objectifs de la COP21, qui était de ne pas dépasser 1.5 degrés d’augmentation d’ici à 2100, est déjà presque impossible à atteindre.
Autre constat de l’OMM : la cause de cette augmentation est bien l’activité humaine et notamment les gaz à effet de serre. A l’échelle globale, ceux-ci auraient dépassé le seuil symbolique des 400 parties par millions. Et cela pourrait avoir des conséquences graves à long terme : relargage du méthane, acidification des océans, réchauffement…
Le rapport de l’OMM montre également que ce réchauffement a déjà des conséquences sur le niveau de la mer : 20 cm de plus en 2016 ! Entre la fonte des glaces et les océans qui sont en expansion à cause de la montée des températures, les craintes d’inondations côtières deviennent de plus en plus fortes… 4 millions de km² ont déjà disparu de la calotte glaciaire et cela pourrait durablement perturber les circulations océaniques.
Pour être clair, l’OMM fait un lien entre ce réchauffement climatique et plusieurs évènements naturels catastrophiques qui ont frappé la planète : des sécheresses en Afrique et au Moyen-Orient, les incendies comme celui de Fort McMurray qui a détruit près de 600 000 hectares de forêts, les années de pluies record en Chine ou en Ecosse, ou encore l’ouragan Matthew qui a frappé Haïti.
2017, année de toutes les inquiétudes climatiques…
Mais le rapport ne s’arrête pas là. Il montre également que même sans le phénomène El Niño, l’année 2017 risque de prendre le même chemin que 2016. En effet, les rapports préliminaires montrent que les tendances se poursuivent, et que l’on est d’ores et déjà quasiment certain que l’année 2017 fera partie des années les plus chaudes.
Aux Etats-Unis, le mois de février a battu de nombreux records de chaleur. En Australie, la sécheresse se poursuit au point que des centaines d’hectares de mangrove sont en train de mourir de soif. Aux pôles, la fonte des glaces se poursuit avec des températures parfois 20 degrés au dessus des « normales saisonnières ». Selon le professeur Julienne Stroeve, de l’University College de Londres, l’Arctique est depuis octobre dans une situation critique, avec des masses de glace au plus bas et qui semblent ne pas s’être reconstituées pendant l’hiver.
Globalement, l’OMM déclare que de telles augmentations de températures font entrer le monde en territoire inconnu. Cela signifie qu’à ce stade d’augmentation des températures, il devient de plus en plus difficile de prévoir les conséquences sur l’équilibre climatique, sur la biodiversité, et sur les sociétés humaines. En résumé : le réchauffement climatique pourrait aller encore plus vite et être encore plus difficile à évaluer et à anticiper que ce qu’avaient prévu les experts du GIEC…
Une année charnière pour les sociétés mondiales
Les scientifiques à l’origine du rapport s’alarment également de la réponse que nos sociétés vont pouvoir apporter à cette crise climatique. En effet, ils constatent que malgré l’urgence que représente le changement climatique, les sociétés occidentales en particulier mettent au pouvoir des gouvernements (l’administration Trump notamment) qui ne prennent pas du tout en charge ce problème.
« Nous vivons dans un monde qui ne prend plus en compte les preuves, où les faits ne sont plus pertinents » s’alarme Sir Robert Watson, directeur du Centre Tyndal de Recherche sur le Climat en voyant l’aveuglement de certains hommes politiques sur la question climatique. « Combien de preuves faudra-t-il encore au monde pour reconnaître les dangers auxquels font face nos sociétés ? »
Voilà une question qu’il faut garder à l’esprit durant cette période électorale. Car il ne faudra pas attendre longtemps avant de prendre des décisions radicales sur le climat, car compte tenu de l’augmentation rapide des températures, les conséquences pourraient rapidement être très graves et in fine, remettre en cause la capacité de nos sociétés à exister sous la forme que nous leur connaissons.