Malgré l’engagement de plus en plus marqué des citoyens et acteurs sociaux en faveur du climat, les données des dernières années montrent que la planète suit toujours les pires scénarios du GIEC.
La première des conférences des parties de la Convention des Nations Unies sur le Changement Climatique (les fameuses COP) a eu lieu a Berlin en 1995. Cela va donc faire 25 ans que les pouvoirs politiques sont au fait de la crise climatique, 25 ans qu’ils se réunissent chaque année (parfois plusieurs fois par an) pour envisager des solutions. Cela fait près de 25 ans, et même plus, que les acteurs sociaux se mobilisent, que les médias sensibilisent, que les citoyens agissent à leur niveau.
Alors, quel bilan peut-on tirer de ces plus de 25 ans d’action climatique ? Où en est-on ? Est-on sur la bonne voie ? Décryptage.
Réchauffement climatique : déjà près de 1 degré de hausse des températures
D’abord, il faut avoir conscience que le réchauffement climatique n’est pas qu’une hypothèse pour le futur. C’est une réalité qui existe dès aujourd’hui. En effet, à cause de l’augmentation de la concentration en gaz à effet de serre dans l’atmosphère, les températures moyennes sur la planète ont déjà augmenté de près d’1 degré depuis la Révolution Industrielle.
Ce degré supplémentaire peut paraître insignifiant, et pourtant, de nombreuses études scientifiques ont prouvé que cela avait déjà des conséquences sur les équilibres écosystèmiques de la planète. Déjà, l’agriculture change, la météo est modifiée, on observe plus de phénomènes climatiques extrêmes, les périodes de sécheresse s’accentuent, et avec elles, les incendies sont plus intenses. Les espèces vivantes aussi sont affectées : leurs habitats changent, se réduisent, se déplacent.
Un rapport spécial publié par le GIEC en 2019 montrait d’ailleurs que si le réchauffement se poursuit jusqu’à 1.5 degrés, on pourrait observer une multiplication de ces conséquences négatives : baisse des rendements agricoles, bouleversement des écosystèmes, dégradation des infrastructures et des capacités de résilience humaines…
Une ambition climatique encore très timorée
Alors, que fait-on face à ces constats ? Depuis des années, les Etats, les acteurs sociaux, les entreprises et les citoyens mettent en oeuvre des actions, plus ou moins pertinentes, plus ou moins coordonnées, pour réduire nos émissions de CO2. Le problème, c’est que jusqu’à aujourd’hui ces actions ont eu assez peu d’effets, trop peu en tout cas pour inverser la tendance de réchauffement climatique.
En effet, les données récentes montrent que depuis 20 ans, la courbe de nos émissions de CO2 suit assez précisément celle envisagée par le pire scénario du GIEC : le scénario RCP8.5, qui prédit une augmentation de près de 4 degrés à la fin du siècle par rapport aux normes pré-industrielles. Nous continuons donc à émettre du CO2 à un rythme extrêmement élevé et malgré les Accords de Paris, notre ambition climatique collective semble bien faible.
En d’autres termes, si nous ne faisons rien pour inverser vraiment la tendance de nos émissions de gaz à effet de serre, en 2100, la température pourrait avoir encore augmenté de 3 degrés.
Inverser la courbe : un immense défi collectif
Il est fondamental de saisir la magnitude du changement que nous devons opérer si nous voulons réellement lutter contre le réchauffement climatique. Aujourd’hui, nos émissions de CO2 continuent à augmenter régulièrement : en 2018 elles ont augmenté de 2.1% en 2018, en 2019 de 0.6%. En 2020, elles devraient baisser légèrement, peut-être de 5 à 8%, à cause de la crise sanitaire. Mais cette baisse devrait être rapidement compensée par la reprise de l’activité économique.
Pourtant, nous devrions déjà observer des baisses importantes. Selon l’objectif fixé par les Nations Unies dans le cadre des Objectifs du Développement Durable, il aurait fallu diviser nos émissions par 2 entre 2010 et 2020. Soit une baisse de plus de 5% par an chaque année. L’équivalent d’une crise du coronavirus chaque année depuis 10 ans, et pour les 10 prochaines années.
Bien-sûr, un tel défi collectif est complexe à relever : il faut être capable de moduler nos émissions de CO2 sans pour autant mettre à l’arrêt l’économie dont dépendent les emplois et les moyens de subsistance de chacun. Mais pour lutter vraiment contre le réchauffement climatique, il y a urgence.
Depuis 25 ans, les efforts de lutte contre le réchauffement climatique ne sont allés qu’en se renforçant. Mais ils restent largement insuffisants, et à l’heure où l’on parle, le monde suit toujours les pires scénarios de réchauffement climatique. Il va donc falloir rapidement trouver des solutions plus radicales et plus ambitieuses.
Pour plus d’informations voir : Comment lutter contre le réchauffement climatique concrètement ?
Photo par Markus Spiske on Unsplash