En lien avec son implication pour la COP21 qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015, l’association environnementale Surfrider Foundation Europe lançait récemment un appel à résidence d’artiste autour des liens entre climat, océan et société. C’est la candidature de l’artiste Olga Kisseleva, pionnière dans le domaine de la création contemporaine de recherche et de réflexion sur les formes de création numériques émergentes, qui a été retenue. À l’issue de la résidence de trois mois au siège de l’association à Biarritz, son œuvre sera exposée au Petit Palais puis parcourra ensuite les villes européennes avec le Surfrider Campus Tour 21.
Explorer les rapports entre Homme, océan et climat à travers le prisme du changement climatique
Surfrider souhaite profiter de la COP 21 qui arrive à grands pas pour proposer au public et aux autorités nationales, européennes et internationales, un nouveau regard sur les questionnements que la société doit intégrer face au changement climatique. Dans la continuité des projets développés depuis deux ans à travers les dispositifs éducatifs de Surfrider, Art Campus se donne pour but d’allier sensibilisation environnementale et création artistique afin de renouveler la réflexion de tous grâce au regard d’un artiste contemporain.
« Souvent se pose la question de savoir quel est le meilleur moyen de changer les comportements : il me semble que le premier pas vers ce changement se fait par une rencontre, un choc, une interpellation qui passe par une multitude de médias, de supports divers et variés. Ici, l’art se veut le média de cette rencontre. À mon sens la force émotionnelle d’une rencontre, avec une personne ou une œuvre artistique, est le terreau le plus propice à la prise de conscience, puis à la recherche de connaissance et enfin à une modification des comportements. C’est pour cela que nous avons développé le dispositif Surfrider Art Campus, afin de proposer une offre complémentaire visant à la sensibilisation environnementale » déclare Boris Masseron, responsable Surfrider Campus.
L’artiste Olga Kisseleva : pionnière de l’art numérique au service de l’écologie
Fondatrice du laboratoire Art et Sciences à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Olga Kisseleva recourt à la science pour livrer un constat sur le monde dominé par la technologie et le conditionnement des comportements. L’artiste rend compte d’une réalité complexe, offerte à de multiples lectures : locale, contextuelle, globalisée. Ses œuvres révèlent les failles du modèle occidental. Dirigeant son regard sur les sociétés post-modernes du capitalisme, Olga Kisseleva tente de découvrir la place qui est réservée à la pensée et à l’activité intellectuelle.
Surfrider souhaite ancrer le projet de l’artiste dans son expertise sur les relations entre océan et climat, le changement climatique et ses effets ainsi que les solutions individuelles et collectives aux menaces qui pèsent sur les milieux marins. « Nature et artifice, lieux géographiques et espaces virtuels, contributions citoyennes et enjeux globaux dialogueront dans cette création qui exploitera de nouveaux modes de présentation dynamique et de mises en récit collaboratives » témoigne l’association pour qui l’objectif, en vue de la COP 21, reste inchangé : inciter le public à s’interroger sur son implication au sein d’un environnement incessamment modifié.
Dans un entretien avec Édouard Benichou, rédacteur Environnement de Surfrider, l’artiste explique le principe de l’œuvre et le dispositif qu’elle envisage pour sa résidence : « En accord avec les thèmes portés par Surfrider, je prépare un dispositif nommé AntropOcéan. Son but est de mener le spectateur à s’interroger sur son implication au sein d’un environnement que nous ne cessons de moduler à mesure de nos aspirations, en mettant en avant la mer. Le point névralgique du projet réside en la création d’un site web hébergeant une base de données consacrée au changement climatique et plus généralement aux liens entre océan, climat et société. Ce site permettra à la fois de générer les aperçus que le spectateur verra en regardant l’œuvre et de développer un aspect participatif : dans le prolongement du projet, le public pourra nourrir lui-même la base de données grâce à un QR code spécifique. De façon plus concrète, l’œuvre prend la forme d’un dispositif de visualisation graphique composé d’objets numériques qu’il connecte et cartographie visuellement. »
Selon l’artiste, « les technologies numériques ne sont pas seulement omniprésentes (…) elles forment notre esprit, déterminent nos moyens d’expression. Il faut donc savoir employer ce vocabulaire. C’est seulement en utilisant ces technologies que nous pouvons les adapter et les améliorer. AntropOcéan vise à exploiter la richesse du langage numérique en s’inscrivant dans cette démarche. L’œuvre multimédia est interactive par définition et cherche à faire du spectateur un partenaire. Selon son degré d’engagement, l’interaction peut prendre une forme et une ampleur différentes. Le rôle de l’artiste, au-delà de la mise en garde qui constitue le message central de l’œuvre, consiste à proposer différents niveaux d’interaction pour amener le public vers une appropriation aussi forte que possible de l’œuvre et de son message. »
Surfrider Foundation : 25 ans de lutte pour sauvegarder le patrimoine littoral
Depuis le début des années 90, l’association environnementale Surfrider Foundation Europe se bat pour la défense, la sauvegarde, la mise en valeur et la gestion durable de l’océan, du littoral, des vagues et de la population qui en jouit.
Créée à Biarritz à l’initiative du surfeur Tom Curren, triple champion du monde, elle rassemble aujourd’hui un réseau de 1 500 bénévoles, 10 000 adhérents, une quarantaine d’antennes locales et plus de 40 000 sympathisants en Europe. Deux décennies de combats et de passions qui ont fait de cette association un acteur majeur dans la protection de l’océan et du littoral. Surfrider déploie ses actions autour de deux grandes missions :
- Environnement : Sauvegarder le milieu, les loisirs nautiques et la santé des usagers : laboratoires d’analyse de l’eau, suivi de la qualité des eaux de baignade, gardiens de la côte, transport et infrastructures maritimes, artificialisation du littoral, élimination des déchets aquatiques, lutte contre le changement climatique, travail de recherche et actions en justice contre les pollueurs, actions de lobbying, veille sur la pertinence et l’application des lois.
- Éducation et sensibilisation : Faire évoluer les comportements et mentalités grâce à des outils pédagogiques mis gratuitement à disposition des scolaires, des formations faites aux professionnels, des événements et opérations de sensibilisation du grand public.
Art et pédagogie : l’art pour faire vivre l’éducation à l’Environnement et au Développement Durable
L’éducation à l’environnement et au développement durable (EEDD) a pour ambition d’amener la population à prendre conscience des enjeux écologiques, économiques et sociétaux. Les Surfrider Campus souhaitent y donner une dimension concrète et la mise en place d’actions multidisciplinaires et transversales. L’association est convaincue que le plaisir et l’accomplissement personnel sont des moteurs du changement des comportements.
Surfrider Campus développe des projets mettant l’art au cœur du lien entre l’environnement et l’être humain. Comme on peut le lire sur le site de l’association, « l’art est un fantastique vecteur de compréhension de son environnement et une base de sensibilisation à la protection de son terrain de jeu (…) Nous proposons ainsi des parcours pédagogiques mêlant l’approche créative d’un processus artistique et la sensibilisation à la protection de l’environnement. Nous souhaitons impliquer tous nos publics, qu’ils soient jeunes, adultes ou professionnels, en développant de nouvelles réflexions via la création artistique, véritable outil de sensibilisation aux thématiques environnementales. »