Si vous nous suivez depuis quelques temps, vous avez sans doute compris que votre alimentation a un impact très fort sur l’environnement. L’agriculture représente près de 30% des émissions de gaz à effet de serre mondiales, les pesticides et engrais utilisés pour faire pousser nos aliments sont responsables de nombreuses pollutions et affectent largement les écosystèmes. Mais au juste, quels sont les pires aliments en termes environnementaux ? Au risque de vous faire peur, la plupart de vos aliments préférés sont probablement parmi les pires en termes environnementaux.
Voyons quels sont nos 10 aliments préférés qui ont les pires impacts sur l’environnement
Les 10 pires aliments pour notre planète…
1 – Le sucre : la pire culture en termes environnementaux ?
Désolé à tous les accrocs du sucre, mais votre addiction n’est pas sans conséquence sur l’environnement. Selon une étude du WWF, le sucre est l’une des cultures les plus nocives pour la planète. En détruisant des habitats riches en vie animale, végétale et en insectes, le sucre serait la plantation qui détruit le plus de biodiversité dans le monde. En plus de son utilisation intensive d’eau et de pesticide, la culture de la canne à sucre ou de la betterave à sucre provoque aussi une forte érosion des sols. La culture intensive de la canne à sucre contribue à appauvrir le sol au point qu’en Papouasie Nouvelle Guinée par exemple, les sols utilisés pour cultiver de la canne à sucre ont perdu 40% de leur teneur en carbone organique… Carbone qui se retrouve en partie relâché dans l’atmosphère et contribue au réchauffement climatique !
Bref, la production intensive de sucre est une vraie catastrophe pour l’environnement, et selon le WWF il est temps de penser à une culture plus durable du sucre, et surtout de penser à réduire notre consommation (qui en plus, est responsable de l’épidémie d’obésité en occident).
2 – Le chocolat : un fort impact environnemental
Et oui… le chocolat aussi ! Le cacaoyer est une plante très compliquée, qui ne pousse que dans certaines zones autour des forêts équatoriales. Elle nécessite beaucoup d’eau (il faut 2400 litres d’eau pour faire 100 g de chocolat), un soin très particulier… Résultat, aujourd’hui, la culture du cacao fait peser une forte pression sur les écosystèmes. Ces dernières années, avec l’augmentation incroyable de la demande de cacao, les prix ont décollé. De ce fait, de plus en plus de petits producteurs se mettent au cacao, abandonnent leurs cultures traditionnelles, et surtout, détruisent les forêts équatoriales afin de pouvoir planter le cacao. Et la déforestation dans ces zones (Côte d’Ivoire, Ghana, Indonésie) affecte la biodiversité locale. Par exemple, en Indonésie, une étude Mighty Earth sur les impacts du chocolat estime que 9% de la déforestation liée aux cultures agricoles est due à la culture du cacao, et que cela affecte notamment les orang-outans, les rhinocéros ou les tigres.
Mais ce n’est pas tout ! Le chocolat que vous dégustez (en particulier le chocolat industriel transformé), a subi des dizaines de transformations avant d’arriver entre vos mains, : fermentation, torréfaction, broyage, ajout de lait, de graisses végétales, de sucre ou de lécithine de soja et autres texturisants. Tous ces processus alourdissent considérablement l’impact de votre chocolat.
La solution ? Éviter les chocolats industriels et se tourner vers les vrais artisans du chocolat, qui gèrent parfois leur production de la fève à la vente. Résultat ? Une production raisonnée, sans additifs. Les industriels tentent de leur côté de se mettre à l’heure de l’écologie, en faisant certifier leurs productions de cacao. Les plus grandes marques ont ainsi promis une production 100% certifiée d’ici 2020.
3 – Le café conventionnel : quel impact sur la planète
Le café, c’est un peu la même histoire que le chocolat. Il est cultivé dans des zones de forêts très sensibles et très riches en biodiversité. En théorie, le café est une plante qui pousse sous l’ombre des arbres, mais pour que la production intensive soit plus simple, aujourd’hui une part de plus en plus importante du café est cultivé en pleine lumière, moyennant souvent une déforestation intense, utilisation de pesticide et d’eau, érosion des sols…
Une étude menée en 2014 constatait qu’aujourd’hui la production était à son pire niveau en termes d’impacts environnementaux. Là encore, ce n’est pas une fatalité, si l’on choisit un café cultivé à couvert, dans un programme certifié de protection de la forêt… Mais tous les cafés ne se sont pas encore lancés dans ce mouvement.
4 – La viande industrielle : la pire empreinte carbone
Nous vous en parlions dans un précédent article (Quel régime alimentaire est le plus écolo ? L’impact de notre alimentation sur l’environnement.) la viande est certainement l’aliment qui pèse le plus sur notre planète. La viande industrielle en particulier est extrêmement nocive pour l’environnement : avec une alimentation à base de grains et de soja, la production de viande contribue notamment à la déforestation, à la production de gaz à effet de serre (notamment le méthane). Le boeuf et l’agneau notamment sont les viandes les plus nocives en termes environnementaux.
Pour choisir une viande moins polluante, préférez les petites exploitations, où les animaux sont élevés en plein air, nourris en pâturages.
[box]Pour plus d’informations, voir notre article :
5 – L’huile de palme : déforestation, érosion des sols, empreinte carbone
L’huile de palme, un aliment populaire ? Eh bien oui ! Il entre dans la composition de la majorité des produits sucrés industriels les plus vendus, notamment nos chères pâtes à tartiner, mais aussi les barres chocolatées, et un grand nombre de plats préparés. En fait, avec l’huile de soja, c’est la matière grasse la plus utilisée dans l’industrie agro-alimentaire.
Or on sait que la production d’huile de palme est particulièrement dangereuse pour la planète. Le WWF note que la production d »huile de palme est directement responsable de :
- La déforestation à grande échelle, notamment dans les forêts primaires en Indonésie et en Malaisie
- La destruction de l’habitat naturel de plusieurs espèces menacées
- L’érosion et l’appauvrissement des sols
- La pollution des sols, de l’eau et de l’air
- De fortes émissions de gaz à effet de serre (aussi bien indirectes à cause de la déforestation, que directes avec les processus d’exploitation et de transformation).
Pour l’huile de palme aussi il existe des certifications, qui sont supposées éviter la déforestation. Mais selon les Amis de la Terre, elles sont encore loin de résoudre tous les problèmes (notamment l’impact carbone, ou le respect des droits de l’homme).
6 – Le soja : est-ce vraiment bon pour la planète ?
330 millions de tonnes de graines de soja sont produites chaque année dans le monde. 150 millions de tonnes de soja servent avant tout à fabriquer les 30 millions de tonnes d’huile de soja produites chaque année pour l’alimentation humaine (l’huile la plus utilisée dans le monde), une bonne partie sert aussi à nourrir le bétail industriel, et le reste du soja sert à la production des aliments comme le tofu, les pousses de soja et autres aliments à base de soja.
Le problème c’est qu’en plus de contribuer à la déforestation, le soja a de nombreux impacts environnementaux. La production d’huile de soja nécessité l’utilisation de processus industriels lourds, de quantités importantes de solvants chimiques comme l’hexane, qui peuvent contribuer à des pollutions locales et produisent des gaz à effet de serre. Les déchets issus de la production d’huile sont utilisés pour nourrir le bétail, mais cela contribue à augmenter les émissions de méthane gastriques notamment chez les bovins. Enfin la production de tofu et autres protéines de soja n’est pas non plus anodine en termes environnementaux.
Le soja est donc au final lui aussi un aliment très nocif pour l’environnement.
7 – L’eau minérale : l’impact environnemental des bouteilles en plastique
L’eau minérale a l’image d’un aliment sain et naturel. D’ailleurs, les français adorent les bouteilles d’eau minérales puisqu’il s’en vend environ 5.5 milliards chaque année en France. Mais si on rajoute dans la balance la bouteille en plastique dans laquelle cette eau est vendue, les choses changent rapidement. Il faut environ 3 litres d’eau pour produire une bouteille d’eau d’un demi-litre d’eau selon Ertug Ercin, ingénieur environnemental spécialisé sur l’empreinte eau au Water Footprint Network… Mais aussi environ 33 cl de pétrole ! 50 milliards de bouteilles d’eau sont vendues chaque année dans le monde, et on estime que pour fabriquer ces bouteilles on brûle chaque année 17 millions de barils de pétrole. Soit l’équivalent de la consommation annuelle d’essence d’un millions de voitures…
Or tout ce plastique pose un vrai problème environnemental : la fondation Ellen McArthur estime que moins de 20% des plastiques dans le monde sont recyclés. Même les bouteilles qui font partie des bons élèves sont assez peu recyclés : près de 40% des bouteilles PET ne sont pas recyclées en France (pourtant l’un des pays les plus avancés dans le monde à ce sujet). Dans certains pays la situation est encore pire : aux Etats-Unis, où l’on achète près d’1 million de bouteilles en plastique par minute, seuls 23% des plastiques sont recyclés.
D’innombrables bouteilles finissent donc comme déchets dans les milieux naturels et contribuent à la pollution des milieux naturels et notamment de l’océan (Pour plus d’infos : La pollution des océans aux micro-plastiques). De plus, plusieurs études ont montré que l’eau en bouteille contient plus de résidus de produits plastiques ou chimiques que l’eau du robinet dans les pays développés. En 2018, une étude Orb Media montrait même que l’eau en bouteille était deux fois plus contaminée aux résidus plastiques que l’eau du robinet. Une étude allemande publiée en 2014 trouvait près de 25 000 résidus chimiques dans les bouteilles en plastique. Quand on sait qu’au niveau du goût, les consommateurs ont du mal à faire la différence entre l’eau du robinet et l’eau en bouteille (une étude britannique montrait même que les consommateurs préféraient l’eau du robinet à l’eau en bouteille « premium » à l’aveugle)… on se dit que cette catastrophe environnementale pourrait être évitée facilement, notamment dans les pays où l’eau courante est saine et contrôlée.
8 – Nos poissons préférés : comment la sur-pêche détruit l’océan ?
Dans la liste des aliments qu’il faut éviter si on est écolo, les produits de la mer tiennent une bonne place. Le poisson préféré des français (le saumon) fait partie des espèces de poisson les plus nocives pour l’environnement ! Le saumon d’élevage en particulier est un mauvais élève : il faut 3 kg de poissons sauvages ou de protéines animales pour faire 1 kg de saumon d’élevage, les antibiotiques et produits chimiques utilisés dans la production se répandent dans l’eau et contaminent la biodiversité alentour. Le thon rouge fait également partie de la liste de noire des poissons à éviter, car il est en voie de disparition. Mais c’est aussi le cas de certaines espèce de flétan ou de cabillaud, de sole, la dorade rose ou encore le mérou…
Bref tous nos poissons préférés sont victimes de la surpêche, alors ils sont à consommer avec modération, car la baisse de la population de ces poissons peut avoir un impact sur toute la chaîne alimentaire et l’écosystème marin !
9 – Le riz (et certaines céréales populaires) : attention à la ressource en eau
Certaines céréales sont aussi très nocives pour l’environnement. Le riz par exemple ! Le riz nécessite de fortes quantités d’eau pour pousser correctement (il faut 3400 litres d’eau pour faire pousser 1 kg de riz). De puis, les rizières rejettent du méthane : 100 millions de tonnes de méthane par an sont liées à la production de riz, ce qui en fait le plus gros producteur de méthane d’origine humaine dans le monde, devant la production de bétail.
Les céréales comme le maïs génétiquement modifié sont aussi considérés comme dangereuses car leurs effets sur la biodiversité végétale et sur les pollinisateurs ne sont pas encore connus correctement. Enfin, les produits issus des céréales et des farines ont aussi un fort impact sur l’environnement et sur la ressource en eau. Par exemple, il faut 1300 litres d’eau pour faire 1 kg de pain à base de farine de blé… Et c’est sans compter nos céréales industrielles favorites qui en plus de contenir des céréales, du sucre, de l’huile de palme, voire du chocolat, subissent des processus industriels lourds (cuissons, soufflage…). En tout cas, attention à vos céréales !
10 – Certains fruits et légumes : les légumes verts ne sont pas toujours green
La banane, les mangues ou les pêches ? Ils sont délicieux, certes, mais ce sont aussi les fruits qui demandent le plus d’eau et de pesticides pour être produits en quantités industrielles. 1200 litres d’eau pour 1 kg de pêches, 800 litres pour 1 kg de bananes, 1600 pour les mangues ou encore 3000 pour les dattes. Et ne comptez pas sur les fraises pour relever ce total : dans la plupart des pays elles nécessite le combo eau, pesticides, fertilisants et engrais. Bonjour l’empreinte environnementale ! En revanche si on cherche des fruits écolo, on peut se tourner vers les pommes, les poires ou encore les oranges (en saison), car ils nécessitent beaucoup moins d’intrants.
Côté légumes, c’est pareil : il y a les bons et les mauvais élèves. Tomates, laitue ou choux sont plutôt gourmands en eau et en intrants, en particulier lorsqu’ils sont produits sous des climats peu favorables. En revanche, les lentilles ou les racines sont très sobres du point de vue environnemental. Globalement, pour les fruits ou les légumes, si on veut éviter d’alourdir son empreinte environnementale, il faut choisir des fruits et légumes de saisons, qui ont poussé dans un environnement adapté, mais aussi choisir des aliments denses en nutriments, comme les lentilles par exemple.
Quelles solutions ?
Il est vrai qu’à la fin de cette liste, on a un peu l’impression que tout ce que l’on mange est mauvais pour l’environnement… Et c’est un peu vrai : tout ce que l’on produit a un impact sur l’environnement. La question que l’on doit se poser, c’est celle de savoir dans quelle mesure cet impact est soutenable pour l’écosystème. Manger de la viande industrielle tous les jours pour 7 à 9 milliards de personnes ? Ce n’est pas soutenable. Manger des mangues venues de l’autre bout du monde, hors saison et régulièrement ? Pas sûr que ça soit soutenable non plus. Pour avoir une alimentation soutenable, il faut respecter quelques règles. Privilégier les aliments les plus sobres et les plus nourrissants, éviter autant que possible les aliments trop polluants et garder ces petits plaisirs pour des occasions (le sucre, le chocolat ou la viande par exemple). Et puis il faut choisir les filières les moins polluantes : celles qui utilisent le moins de pesticide et ont les pratiques agricoles les plus écologiques.
La majorité des problèmes environnementaux liés à notre alimentation viennent en effet du mode de culture industriel. La solution réside donc peut-être dans une transformation de notre modèle agricole, et le passage d’une agriculture agro-industrielle à une agriculture agro-écologique, constituée de petites fermes diversifiées. Pour plus d’informations, consultez notre article :
Si on remplaçait l’agriculture industrielle par de petites fermes agro-écologiques ?
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