De plus en plus de vins et de domaines adoptent une stratégie écolo : certifications bio, biodynamie ou vins naturels ! Il est donc désormais de plus en plus facile de déguster un bon vin tout en restant écolo. Et ça, c’est une bonne nouvelle !
Comme nous l’expliquions dans un précédent article (L’impact environnemental du vin et de la viticulture), la viticulture conventionnelle et productiviste a un fort impact sur l’environnement et sur la santé des individus. Les citoyens étant de plus en plus au fait de ces dangers, les lignes commencent à bouger dans les vignobles et chez les consommateurs. Lentement, certes, mais la progression est bien réelle et se poursuit. Retour sur le boom des certifications écolo dans le monde du vin.
L’explosion des certifications environnementales dans le vin et la viticulture
Les vins biologiques, biodynamiques et même natures, ont incontestablement le vent en poupe depuis quelques années. Ainsi, les différentes certifications environnementales liées au vin – biologique, biodynamique, nature, raisonné – gagnent du terrain.
Pour rappel, un vin « bio » est un vin dont les raisins sont issus de l’agriculture biologique (cultivés uniquement des produits exempts de molécules organiques de synthèse) et dont les vinifications remplissent un cahier des charges spécifique régissant les intrants autorisés (une teneur maximale en sulfites plus exigeante que pour les vins conventionnels, additifs certifiés biologiques – quand ils existent). Pour que cela soit officiel et règlementé, ces vins sont certifiés par des organismes agréés comme Ecocert, et sont facilement identifiables via le label « AB ». Pour plus d’informations voir : « Agriculture biologique et pesticides : tout comprendre »
Les vins biodynamiques sont des vins en agriculture biologique, auxquels est assortie une démarche plus globale inscrivant la plante au sein d’un cycle naturel plus grand, prenant en compte les influences astrales, le rythme de la nature et les équilibres naturels pour une harmonie entre tous les organismes vivant (la terre, la plante et la micro-faune) et utilisant des préparations spécifiques (à base de bouse de corne par exemple). En France, ils sont certifiés par les organismes Biodyvin ou Demeter.
Les vins « nature » (ou naturels) quant à eux, sont des vins sans ajout de sulfites et aux vinifications naturelles (usage des levures indigènes pour les fermentations et non de levures ajoutées, aucun intrant). Ils n’ont pas encore de certification même s’il existe des démarches communes comme l’Association des Vins Naturels ou les Vins S.A.I.N.S, mais cela pourrait changer rapidement.
Il existe également d’autres certifications telle la haute valeur environnementale (niveau 3 de la Certification Environnementale), créée en 2012.
Selon l’Agence bio, les domaines certifiés en agriculture biologique ou en cours de conversion représentent aujourd’hui 8,4% du vignoble national – soit 66 196 hectares -, ce qui représente 5 013 producteurs, dont 8% sont également certifiés (ou en cours de certification) en biodynamie1. A échelle mondiale, la France se place ainsi en deuxième position pour la production de vins bio, juste derrière l’Espagne et devant l’Italie. Entre 2007 et 2012, la surface du vignoble cultivé en bio a triplé, avant un léger ralentissement de la croissance. En fait, la viticulture française est en avance sur les autres productions agricoles nationales en matière de production bio, puisque proportionnellement, la viticulture a deux fois plus de terrain cultivé en bio que l’agriculture française en général (8.4% contre seulement 4.1%).
La demande pour des vins bios et naturels ne cesse d’augmenter !
L’intérêt pour les vins avec certification environnementale est grandissant et la demande directe pour ce type de vins progresse elle aussi (progressivement), la place des vins bio se consolide sur le marché français. Sur l’année 2014, par exemple, la consommation française de vins bio a progressé de 14% ; la progression était de 22% sur l’année 2013.
Une étude ipsos/Sudvinbio réalisée en juillet 2015 sur les Européens et le vin bio démontre chez les consommateurs de vins une sensibilité accrue à l’environnement et à la nécessité de le protéger, mais aussi une exigence de plus en plus forte de traçabilité. Dans ce cadre, les vins bio apparaissent comme une bonne alternative.
Sans surprise, les champions de la consommation de vins bio proviennent d’Europe du Nord, puisqu’il s’agit des Suédois. Ils seraient plus de la moitié (des plus de 18 ans) à en avoir déjà consommé et 8% déclarent même en consommer souvent. En France, ils seraient 36% à en avoir déjà consommé et 5% à en consommer régulièrement. D’un point de vue sociologique, les consommateurs de vins bio sont – là aussi sans surprise -, plus aisés et plus diplômés, sur-représenté chez les cadres et indépendants ainsi que les chez les séniors. Mais – fait plus surprenant -, ils sont aussi plus jeunes (les moins de 35 ans représentent 15% des consommateurs de vins, mais 21% des amateurs de vins bio) et plus féminins (les femmes représentent 44,3% des consommateurs réguliers de vins, mais 46,3% des consommateurs réguliers de vins bio).
Logiquement, la principale motivation à l’achat de vin bio est le respect de l’environnement (pour 60% des consommateurs de vins bio). D’autres motivations entrent en jeux telles que la traçabilité des aliments et la santé. Si les consommateurs de vins bio se disent prêts à le payer légèrement plus cher que le vin conventionnel, le prix reste tout de même l’inconvénient majeur perçu du vin bio.
Le marché du vin : de nouvelles attentes et de nouvelles réponses
Pour répondre à l’engouement des consommateurs pour le vin bio et biodynamique, de nombreux vignerons ont donc franchi le pas de la certification environnementale. Mais plus que cela, c’est tout un segment du marché qui s’est développé et adapté aux nouvelles exigences des consommateurs, en témoigne la multiplication des initiatives consacrées aux vins respectueux de l’environnement (salons de dégustation, canaux de vente spécialisés, contenus rédactionnels dédiés …).
Au niveau de la distribution, les canaux spécialisés sur les vins bio/biodynamiques/natures, se multiplient et de manière générale, la plupart des canaux de distribution leurs accordent une place de plus en plus importante. Nombreux sont les cavistes spécialisés sur ces crédos qui ont fleuri dans les villes ces dernières années, particulièrement les grandes villes. À Paris par exemple, ces cavistes spécialisés se sont développés comme les magasins et pâtisseries sans gluten (Le Caviste bio, La Cave des Papilles, Les Caves de Reuilly, Vivant Cave, Le Lieu du Vin …) ! La vente en ligne s’est aussi engouffrée dans ce marché via la création de divers sites spécialisés tels que meilleursvinsbio.com ou vin-bio-ardoneo.com. Même les plus grands acteurs de la vente de vins ont étoffé leur offre en matière de vins écologiques. C’est notamment le cas du site iDealwine.com, spécialisé initialement sur les enchères de grands vins et l’achat direct de vins d’amateurs, qui a récemment offert aux internautes un nouvel outil de sélection des vins par type de certification environnementale. Le marché répond ainsi à une demande de plus en plus forte de la part des consommateurs.
Chaque type de vins dispose désormais également de ses propres salons de dégustation : Biodyvin pour les vins en biodynamie, Millésime Bio pour les vins en agriculture biologique (4 500 visiteurs cette année), Salon des vins naturels et Salon des vins de Rue89 pour les vins natures. Des salons dont le succès ne se dément pas, année après année.
Pour de nombreux spécialistes, malgré un léger ralentissement de la croissance des dernières années, le marché des vins avec certification environnementale est appelé à poursuivre son développement dans les années à venir, comme le confirme Gérard Bertrand, le grand négociant et producteur de vins dans le Sud de la France : « Le marché du bio va se renforcer, c’est une lame de fond ». Il a ainsi annoncé la conversion en biodynamie de ses onze domaines et la volonté d’accroître la part de bio dans ses approvisionnements extérieurs2.
Les vins à certification environnementale ont donc le vent en poupe, ce qui est une bonne chose pour l’écologie et la santé des consommateurs. Pour autant, ces certifications sont parfois critiquées, notamment pour leur manque de souplesse en cas de maladies compromettant une récolte, de leur coût ou encore de leur image opportuniste, parfois assimilée à du greenwashing.
1 in En Magnum n°4, juin-juillet-août 2016
2 in Marie Corbel, « Après Millésime Bio, le vin bio trinque-t-il à la santé du vin conventionnel ? », objectif-languedoc-roussillon.latribune.fr, 29/01/2016