L’industrie de la mode a des impacts environnementaux considérables. Et selon un récent rapport indépendant, les acteurs de l’industrie ne font pas beaucoup d’efforts pour améliorer leurs pratiques.
Entre les productions agricoles (coton notamment) la fabrication et le traitement des textiles, les conditions de travail des ouvriers du textile, le transport intercontinental, la Fast Fashion a des conséquences importantes à la fois sur la planète et sur les sociétés humaines. Selon la Fondation Ellen McArthur, l’industrie du textile serait à elle seule responsable de près d’1.2 milliard de tonnes de CO2 par an, un tiers de la pollution aux micro-plastiques dans les océans et un cinquième de la pollution globale des eaux.
Depuis quelques années, des analyses de plus en plus nombreuses et des évènements tragiques comme l’effondrement du Rana Plaza ont contribué à mettre en évidence ces problématiques. De plus en plus de consommateurs réclament désormais que l’industrie de la mode devienne plus durable, plus responsable. On en appelle désormais à la Slow Fashion, à une industrie textile plus écologique. Et de leur côté, les marques communiquent de plus en plus sur leurs ambitions de développer un modèle plus inclusif et plus durable. Mais dans les faits, qu’en est-il vraiment ? C’est ce qu’a voulu savoir l’association Global Fashion Agenda and Sustainable Apparel Coalition. Décryptage.
L’industrie du textile et de la mode : toujours en retard sur les questions de durabilité
Le constat le plus alarmant de leur récent rapport est le retard énorme pris par les acteurs du secteur sur les questions de durabilité. 40% des entreprises de la mode n’auraient pas encore commencé à définir sérieusement des objectifs de développement durable ou à repenser leur supply chain pour y intégrer les questions écologiques et sociales. Concrètement, cela signifie que près de la moitié des acteurs de la mode n’ont même pas encore pris la peine d’amorcer une démarche de transition : pas de travail sur la performance écologique des productions de matières premières, rien sur le recyclage, rien non plus sur les conditions de travail des ouvriers ou de leur fournisseurs. En bref : le changement, ce n’est pas pour maintenant.
Malgré les 60% restants qui semblent un peu plus investis, le secteur reste extrêmement en retard sur ces sujets. L’ONG à l’origine du rapport calcule en effet chaque année un « Pulse Score » supposé « prendre le pouls » des avancées de l’industrie de la mode en termes de développement durable. Et le constat n’est pas vraiment brillant : avec un score de 42/100, le secteur du textile et de la mode n’arrive même pas à la moyenne. Pire, ce sont, selon le rapport, essentiellement des petites et moyennes entreprises qui ont lancé des efforts significatifs sur ces sujets ces dernières années. Les géants du secteur n’ont d’ailleurs pas progressé du tout depuis le précédent rapport.
Mode et durabilité : des progrès qui ralentissent
L’autre constat du rapport, c’est le ralentissement progressif des progrès réalisés par les acteurs du secteur dans le domaine du développement durable. Alors que ces dernières années, le Pulse Score progressait chaque année d’environ 6% par an, l’an dernier, les progrès globaux de l’industrie sur ce sujet semblent avoir été moins rapides que les années précédentes, avec seulement 4%. L’industrie progresse donc 30% moins vite cette année que l’année dernière.
Et pour cause : un score d’environ 40/100 indique le moment où les acteurs du secteur doivent intégrer les phases clefs d’un business model plus durable : traçabilité de la supply chain, objectifs mesurables, programmes concrets de réduction d’utilisation d’eau, d’énergie et de produis chimiques, environnements de travail sécurisés, lutte contre le changement climatique, matériaux durables… Et c’est là où le bât blesse, car cela nécessite en effet une transition concrète et assumée de ces industries.
Transformer les infrastructures globales du secteur, embarquer les géants de la mode et changer radicalement leurs façons de produire : voilà ce qui serait nécessaire à de vrais progrès sur le développement durable dans la mode. Mais pour ça, il faudrait être capable de se passer du modèle de sur-production permanente qui a servi de coeur à la Fast Fashion. Pas si facile.
En tout cas, ce rapport indique une chose : malgré les communications de plus en plus assumées des grands acteurs du secteur sur le développement durable, le secteur est loin d’être à maturité sur ces questions. À quand une industrie de la mode plus éthique et responsable ? Difficile à dire, mais les progrès seront lents. En attendant, vous pouvez commencer à agir en tant que consommateur, avec nos 3 conseils pour une mode plus éco-responsable.