Qu’est-ce que l’affichage environnemental ? À quoi sert-il ? Quelles sont ses implications pour les différents secteurs économiques concernés ? On fait le point avec Catherine Gomy dans le Podcast Trajectoire, réalisé par Youmatter, Birdeo et People4Impact.
Depuis la loi 2021-1104, publiée le 22 août 2021, l’affichage environnemental ou étiquetage environnemental entre progressivement dans le paysage français. L’affichage environnemental désigne, selon sa définition large, toutes les formes de communication au public de l’information environnementale relative à un bien, un produit manufacturé ou un service.
Mais concrètement, en quoi consiste-t-il ? Que va-t-il changer pour la transition écologique ou la consommation responsable ? Quelle responsabilité engage-t-il pour les industriels et les distributeurs ? Ce sont ces questions qui sont abordées dans ce nouvel épisode du podcast Trajectoire. Caroline Renoux donne la parole à Catherine Gomy, consultante et formatrice en stratégies de transition des modes de production et de consommation. Elle accompagne les collectifs, collectivités et entreprises à impact dans l’élaboration et le déploiement de leurs stratégies de transition sur l’ensemble de leur chaîne de valeur, avec en cœur d’activités les systèmes alimentaires et l’économie circulaire.
Qu’est-ce que l’affichage environnemental ?
L’affichage environnemental est une démarche engagée en 2009 dans le cadre du Grenelle de l’environnement. Son objectif est de mieux sensibiliser les consommateurs aux impacts environnementaux des produits et services qu’ils achètent. L’idée de l’affichage environnemental a été reprise dans la Loi sur la Croissance Verte, à propos de la justification des allégations environnementales sur les produits. Cette disposition oblige les fabricants et distributeurs à informer leurs consommateurs de façon précise lorsqu’ils communiquent sur la performance environnementale de leurs produits.
L’affichage environnemental sera pleinement déployé à partir de l’article 15 de la loi n°2010-105 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’Economie Circulaire, qui instaure officiellement un dispositif d’affichage environnemental ou environnemental et social volontaire. Au départ, le dispositif est une expérimentation volontaire de 18 mois – de février 2020 à fin août 2021. Doivent suivre une étude de faisabilité et une évaluation socio-économique et la publication d’un décret d’application.
L’affichage environnemental n’est donc pas encore clairement défini et ses modalités évoluent au fur et à mesure que le dispositif législatif s’affine. La loi Climat et Résilience ainsi que la Loi AGEC ont rajouté une couche à la définition de l’affichage environnemental.
L’intérêt de l’affichage environnemental
L’affichage environnemental part du principe que la demande va faire changer l’offre : les consommateurs par leur choix vont infléchir les marchés et l’affichage est supposé les guider dans leurs choix. C’est sur ce principe que se fonde l’étiquette énergie : simple à comprendre, avec un intérêt pour le consommateur puisque ça lui apporte aussi une baisse des coûts, obligatoire pour les industriels, l’étiquette énergie devait permettre d’inciter les acheteurs à se tourner vers des équipements plus économes en énergie. L’indice de réparabilité suit la même logique.
Mais l’affichage environnemental porte quant à lui sur une gamme d’enjeux environnementaux plus large (de la biodiversité à la pollution atmosphérique), pour lesquels il est plus difficile d’appréhender son intérêt individuel direct. L’affichage est donc plus complexe, et ce d’autant plus qu’il est difficile de mesurer correctement l’impact environnemental. Quel scope utilise-t-on ? Avec quelles méthodologies de calcul ? Et surtout comment collecte-t-on les données, quand elles sont réparties sur des chaînes valeurs immenses qui traversent les frontières ?
D’autre part, même si l’affichage environnemental permet d’orienter la demande, encore faut-il que l’offre puisse suivre. Or le temps de transition pour des industries est long, et il n’est pas toujours simple de réduire vite et bien, à coût acceptable, son empreinte environnementale. Quant à savoir si en cas de dilemme prix / empreinte environnementale, le consommateur choisirait la seconde, c’est encore un autre débat.
Un objet de transparence et de sensibilisation
Reste que, malgré ses limites, l’affichage environnemental apparaît comme un vrai outil au service de la transparence, de l’information des consommateurs et de leur sensibilisation aux enjeux environnementaux.
Il n’est bien sûr qu’un élément parmi d’autres pour faire advenir un système économique plus vertueux : régulations des pratiques de production, politique sociale et lutte contre les inégalités, mais aussi investissements publics et privés, nouveaux modes de production et de consommation sont nécessaires pour y parvenir.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le Podcast Trajectoire.