Plus de 800 éco-quartiers ont été créés depuis 2009 dans une centaine de villes françaises. Encouragée par les pouvoirs publics depuis le Grenelle de l’Environnement, la création d’éco-quartiers s’appuie sur un modèle de gouvernance multi-acteurs qui prend en compte les enjeux majeurs du renouvellement urbain. Cadre de vie, intégration écologique, gestion de l’énergie et de la mobilité, sans oublier la mixité sociale, sont au cœur de leur projet. Les éco-quartiers représentent-ils l’avenir de la Ville durable, connectée et intelligente ?
Les enjeux de la ville de demain : être durable
Les villes émettent plus de 70 % des gaz à effet de serre sur la planète et représentent plus de 50 % de la population mondiale. À l’avenir, une grande partie des enjeux écologiques, économiques et sociaux vont se jouer dans les villes : mobilité, mixité sociale, écologie, transition énergétique sont les grands enjeux de la ville de demain.
Pour faire face à ces défis, des initiatives ont fleuri depuis quelques années : le sommet mondial de la ville durable Ecocity s’est tenu à Nantes en 2013, le Référentiel des villes et territoires durables constitue un réseau engagé au niveau européen, et au niveau français l’Etat a crée Vivapolis (le réseau des villes durables). Et au cœur de cette réflexion sur l’avenir des villes et leur durabilité se trouve la création des éco-quartiers.
Qu’est-ce qu’un éco-quartier ?
Un éco-quartier est une zone urbaine conçue et gérée dans une optique de développement durable. En amont, il s’agit de mettre en œuvre une concertation des différents acteurs : élus, citoyens, investisseurs et promoteurs. En pratique, les professionnels de l’aménagement et du bâtiment doivent répondre à l’enjeu principal : comment intégrer les activités humaines au territoire ? Les enjeux écologiques sont au cœur de la démarche : construire des habitations utilisant des matériaux renouvelables, optimiser les dépenses en énergie, recourir aux fournisseurs locaux, respecter la biodiversité.
Ces projets collectifs sont encadrés par la Charte Eco-quartier, qui comprend 20 engagements pour une ville durable, innovante, équitable et verte.
La démarche s’inscrit dans un Agenda 21 porté par la collectivité et peut aboutir à la labellisation du quartier. 200 éco-quartiers sont aujourd’hui labellisés et les pouvoirs publics souhaitent passer à 500 en 2018.
Eco-quartier, une réponse durable ?
À travers les éco-quartiers, les pouvoirs publics entendent fonder une gouvernance du tissu urbain révolutionnant l’urbanisme traditionnel : intégrer les questions environnementales, les enjeux de la biodiversité, de l’énergie, mais aussi de la qualité de vie et du lien social… Le but ? Penser des villes plus cohérentes, plus agréables, plus fonctionnelles… et respectant les principes du développement durable.
Mais les éco-quartiers posent un certain nombre de questions. Ainsi, aujourd’hui,75 % des éco-quartiers sont des projets de renouvellement urbain, mais 25 % se créent dans le cadre de plans d’extension de la ville.
Ces nouveaux éco-quartiers, lorsqu’ils sont éloignés des centres-villes peuvent souffrir d’un manque de commerces de proximité et d’une absence de vie de quartier. La localisation a des implications sur les déplacements des usagers et engendre des problématiques de mobilité non négligeables.
Lorsqu’ils sont pensés sous l’angle uniquement « écologique », les éco-quartiers oublient parfois les dimensions humaines. Or il s’agit aussi de vivre ensemble, de créer du lien et d’imaginer des espaces de vie que les habitants s’approprient. Le problème, c’est que les habitants ne sont pas toujours à l’origine du projet et doivent alors s’adapter aux contraintes de quartiers déjà sortis de terre.
Heureusement, la situation des éco-quartiers est diverse et s’inscrit pour la plupart dans une démarche plus globale. Ils sont de véritables réussites quand il s’agit de réhabiliter des zones urbaines en friche. Comme de nombreux exemples en témoignent sur la cartographie des éco-quartiers.
Smart City et éco-quartier
Les éco-quartiers sont donc une réussite lorsqu’ils sont connectés, intégrés au tissu local. La connexion est au cœur de la ville de demain, le succès du concept de Smart City en est l’illustration. La ville de demain est tournée vers la création de richesse immatérielle.
D’abord en créant du lien avec les territoires : favoriser les circuits-courts, faire appel en priorité aux fournisseurs locaux, aux entreprises responsables de proximité. Les activités urbaines se développement dans une logique de services et plus seulement d’équipements. Une ville durable et intelligente qui se met au service de ses usagers, de ceux qui vivent, travaillent, circulent. Des logements connectés qui régulent les dépenses d’énergies tout en réduisant nos consommations.
En s’intégrant à ces ensembles urbains innovants et mobiles, les éco-quartiers prennent part à l’avenir de la ville. Ils sont une échelle intéressante pour tester et gérer la ville durable au plus près des préoccupations des habitants. Et en remettant l’humain et son environnement au cœur des réflexions actuelles et à venir.