En 2020, la faim dans le monde persiste. C’est l’objet de l’Objectif du Développement Durable n°2. Cet objectif se décline en 5 cibles :
- 2.1 – D’ici à 2030, éliminer la faim et faire en sorte que chacun, en particulier les pauvres et les personnes en situation vulnérable, y compris les nourrissons, ait accès tout au long de l’année à une alimentation saine, nutritive et suffisante
- 2.2 – D’ici à 2030, mettre fin à toutes les formes de malnutrition, y compris en réalisant d’ici à 2025 les objectifs arrêtés à l’échelle internationale relatifs aux retards de croissance et à l’émaciation parmi les enfants de moins de 5 ans, et répondre aux besoins nutritionnels des adolescentes, des femmes enceintes ou allaitantes et des personnes âgées
- 2.3 – D’ici à 2030, doubler la productivité agricole et les revenus des petits producteurs alimentaires, en particulier les femmes, les autochtones, les exploitants familiaux, les éleveurs et les pêcheurs, y compris en assurant l’égalité d’accès aux terres, aux autres ressources productives et intrants, au savoir, aux services financiers, aux marchés et aux possibilités d’ajout de valeur et d’emploi autres qu’agricoles
- 2.4 – D’ici à 2030, assurer la viabilité des systèmes de production alimentaire et mettre en œuvre des pratiques agricoles résilientes qui permettent d’accroître la productivité et la production, contribuent à la préservation des écosystèmes, renforcent les capacités d’adaptation aux changements climatiques, aux phénomènes météorologiques extrêmes, à la sécheresse, aux inondations et à d’autres catastrophes et améliorent progressivement la qualité des terres et des sols
- 2.5 – D’ici à 2020, préserver la diversité génétique des semences, des cultures et des animaux d’élevage ou domestiqués et des espèces sauvages apparentées, y compris au moyen de banques de semences et de plantes bien gérées et diversifiées aux niveaux national, régional et international, et favoriser l’accès aux avantages que présentent l’utilisation des ressources génétiques et du savoir traditionnel associé et le partage juste et équitable de ces avantages, ainsi que cela a été décidé à l’échelle internationale
La faim dans le monde : état des lieux
La faim et la mal-nutrition regroupent plusieurs réalités différentes. Il y a la famine, c’est-à-dire l’insuffisance absolue de nourriture, au point qu’elle menace la santé et la survie. Il y a la sous-nutrition, qui recoupe l’insuffisance calorique modérée et les carences nutritionnelles mais n’est pas une menace de survie immédiate. Il y a la mal-nutrition, qui regroupe les personnes ayant un régime alimentaire déséquilibré au point qu’il peut devenir un problème de santé chronique…
Dans le monde, près de 130 millions de personnes souffrent de la famine, et près de 800 millions sont en situation de sous-nutrition. Ces personnes sont principalement des personnes précaires, notamment dans les pays pauvres. Quant à la mal-nutrition au sens large, elle est très difficile à quantifier car elle regroupe à la fois ceux qui ont accès à un régime sain mais ne le consomment pas, et ceux qui n’y ont tout simplement pas accès. Elle peut frapper des personnes en sous-nutrition, mais aussi des personnes en situation de sur-alimentation (surpoids, obésité). On estime néanmoins que 40% de la population mondiale, autour de 3 milliards de personnes, sont dans l’incapacité d’accéder à un régime sain et équilibré.
Ces dernières décennies, la faim a beaucoup baissé dans le monde, notamment grâce au développement d’une agriculture de plus en plus efficace et productive, et d’un meilleur accès aux chaîne d’approvisionnements alimentaires sur la planète. Mais elle persiste.
Les causes de la faim dans le monde
Aujourd’hui, paradoxalement, ce n’est pas vraiment le manque de nourriture qui provoque la faim dans le monde. En effet, entre 40 et 50% de la nourriture produite au niveau mondial est gaspillée, jetée avant d’être consommée. On peut donc dire que l’on produit assez de nourriture, mais que l’on ne parvient pas à la répartir correctement.
Ces problèmes de répartitions ont des causes multiples. Dans bien des cas aujourd’hui, ce sont les conflits armés qui provoquent la faim et la sous-nutrition, en empêchant les chaînes de production et de distribution alimentaires de fonctionner correctement. D’autres facteurs jouent un rôle important : les crises climatiques, comme les sécheresses notamment.
Mais la persistance de la faim est aussi un problème “chronique” lié aux structures mêmes des marchés alimentaires mondiaux. D’abord, une grande part de la nourriture produite dans les pays pauvres l’est par de petits fermiers, qui ont moins accès aux techniques agricoles et aux infrastructures modernes. Ces modes de production archaïques augmentent les pertes, notamment lors de la production ou de la distribution. Mais surtout, les producteurs agricoles sont très largement soumis aux aléas des marchés agricoles, qui tendent à accaparer certaines ressources agricoles, privant parfois les populations locales de ces ressources. La variabilité des prix rend aussi parfois inaccessibles aux populations pauvres les aliments de base.
Lutter contre la faim : les leviers d’action
De fait, pour lutter contre la faim, les leviers sont multiples. Il s’agit d’abord de lutter contre les conflits armés qui empêchent les populations d’accéder aux ressources alimentaires. Il faut aussi accompagner les agriculteurs dans la transition vers une agriculture intégrant certaines techniques modernes, afin de réduire les pertes de rendement, et pour les rendre plus aptes à se préparer aux crises climatiques.
Mais il s’agit aussi de mieux réguler les marchés agricoles pour éviter les dérives qui mènent à l’accaparement des ressources par des chaînes de production ne répondant pas aux besoins des populations. Ainsi, une grande partie des ressources agricoles alimentent aujourd’hui les productions de grande consommation des pays riches, où la surconsommation alimentaire (notamment des produits de l’élevage et des sucres) domine. Rappelons que dans le monde 40% des adultes dans le monde sont en surpoids et 13% sont obèses.
Voir aussi : Les causes de l’obésité
Faim dans le monde : où en est-on ?
Le problème c’est que ce sont des enjeux sur lesquels il est assez difficile d’agir. Dans un cadre économique très libéralisé, difficile pour les pays pauvres d’imposer un contrôle sur leurs productions agricoles. Résultat, ces 10 dernières années, la faim dans le monde a très peu baissé, alors qu’elle avait baissé de 20% entre 1990 et 2010.
Avec les conséquences de la crise de la Covid-19, elle pourrait même s’aggraver nettement, pour la première fois depuis 40 ans.