La Prospective est l’art d’imaginer le Futur tandis que le Développement durable propose des solutions alternatives pour notre planète. Aujourd’hui, comment les acteurs économiques peuvent-ils participer à la construction d’un futur souhaitables pour les générations à venir ? Entretien avec Mathieu Baudin, Directeur de l’Institut des Futurs Souhaitables.

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Mathieu Baudin

Quelle est votre approche de la prospective et de ses liens avec le développement durable ?

Historien à l’origine, je découvre ensuite la prospective qui comme l’histoire éclaire le présent. Mon intérêt pour le Développement durable émane, quant à lui, de ma conviction profonde que le monde n’est pas une marchandise, qu’un autre monde est possible. L’idée est donc dès le départ de mixer le Développement durable et la Prospective. L’objectif de l’Institut des Futurs Souhaitables, que j’ai créé en 2011, est d’allier la puissance d’action des actuels décideurs avec l’agilité de ceux que l’on appelle « les conspirateurs positifs ». Ce sont des cadres de grands groupes, journalistes, étudiants, retraités, chefs d’orchestre.

Et comment s’y prend-on pour imaginer et construire « un futur souhaitable » ?

prédictions DD RSE

Au sein de l’IFS, 150 experts sont réunis afin de dire qu’un autre futur est possible. Nous sommes avant tout une école au sein de laquelle nous proposons des formations continues, des évènements comme « Au pire ça marche » avec Pascal Picq et Cynthia Fleury. Tout l’art de la prospective réside dans le fait d’identifier les signaux faibles. 

Comment les entreprises peuvent-elles conjuguer leur quotidien avec des objectifs de plus long-terme ?

Les entreprises dans l’ère du temps sont celles qui mélangent Innovation et Développement Durable. La prospective, c’est prendre le temps de se poser. Et c’est nécessaire afin d’imaginer une voie de sortie par le haut de cette crise, qui, à vrai dire, est plutôt une métamorphose.

Actuellement, nous sommes dans une phase de résilience par anticipation. Et l’enjeu est de se concentrer sur les forêts qui poussent plutôt que sur les forêts qui tombent. Pour cela, bâtir une nouvelle culture, fonder les relations sur l’empathie et le vivre ensemble sont des ingrédients-clé.

Et de façon plus concrète ?

Pour les entreprises, changer son regard est en soi un acte opérationnel. Le comment arrive en second. Si on est sûr du pourquoi, il y a plein de voies pour y aller. Les futurs souhaitables au pluriel ? Cela évite les dogmes et libère la créativité dont nous avons besoin.

En quoi la prospective peut-elle faire progresser une démarche RSE ?

Croiser le Développement durable avec l’Innovation est nécessaire au salut de l’humanité. Il y aujourd’hui plus de risques à ne pas bouger qu’à bouger. L’immobilisme est plus périlleux que le mouvement. En ce sens, la RSE a un savoir philosophique qui est intéressant.

Aujourd’hui, les utopistes sont ceux qui pensent qu’on peut continuer comme cela. Faire du « Business as Usual » est obsolète, d’autant plus que Les Trente Glorieuses sont une anomalie historique. Comme le dit Mathieu Ricard : « Il est trop tard pour être pessimiste, qu’est-ce qu’on risque ? ».