En transformant les températures moyennes et les conditions climatiques, le réchauffement climatique pourrait rendre difficilement habitable des zones où vivent 1 à 3 milliards de personnes dans le monde.

C’est le résultat d‘une nouvelle étude publiée dans Proceedings of the national Academy of Sciences aux Etats-Unis : en transformant le climat, le réchauffement climatique pourrait rendre plus ou moins inhabitable les zones de vie de près d’un tiers de la population mondiale. Explications.

La « niche écologique » humaine

En observant la distribution des populations mondiales, les chercheurs à l’origine de l’étude ont observé que le développement des populations humaines s’était fait dans des écosystèmes partageant certaines caractéristiques.

Notamment, les groupes humains se sont tous développés et implantés dans des territoires dont la température moyenne annuelle évoluait entre 11 et 15 degrés Celsius. D’autres facteurs importants entrent en ligne de compte évidemment : disponibilité de la ressource en eau, stabilité des écosystèmes, productivité agricole…

Ces territoires seraient une sorte de « niche écologique » dans laquelle les humains auraient pu se développer, une niche réunissant en quelques sortes les conditions nécessaires à la vie des sociétés humaines.

Or, en transformant le climat, le réchauffement climatique pourrait perturber cette niche et la transformer au point que certains de ces territoires deviennent plus ou moins inhabitables pour l’Homme.

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La dégradation des écosystèmes de vie humains

L’explication est relativement simple à comprendre : en transformant la température, le réchauffement climatique entraîne de nombreuses réactions collatérales. La disponibilité de l’eau change. La productivité du sol diminue, et avec elle, les rendements agricoles. Les écosystèmes ne sont plus aussi stables : les catastrophes naturelles peuvent se multiplier, par exemple. La biodiversité locale ne survit plus correctement, les cultures locales sont donc menacées.

Bien-sûr, ces phénomènes n’ont pas lieu partout, ou pas suffisamment pour menacer sérieusement la pérennité des sociétés humaines. Mais dans certains endroits, plus fragiles ou plus exposés, cela pourrait à terme empêcher un fonctionnement optimal de nos sociétés.

En particulier, certains écosystèmes proches des tropiques pourraient ne plus réunir les conditions écologiques souhaitables au maintien de sociétés humaines efficientes. Et malheureusement, c’est le cas de zones qui sont actuellement extrêmement peuplées : le sous-continent indien, l’Asie du Sud-Est, l’Amérique du Sud tropicale…

Les cartes ci-dessous, tirées de l’étude, permettent de visualiser les endroits où les changements seront les plus prononcés.

Vers un déplacement massif des populations ?

La conséquence probable de ces changements d’écosystème, c’est que dans les zones où la vie humaine deviendra de moins en moins facile, on observera des déplacements massifs de population.

On l’observe déjà dans certaines régions de la corne de l’Afrique ou d’Inde : lorsque les écosystèmes changent, les populations, poussées par la faim, la crise économique, l’exode des agriculteurs, se déplacent. Et de proche en proche, cela créé des conflits d’accès aux ressources, des phénomènes migratoires difficiles à contrôler et à maîtriser.

Dans le meilleur des cas, ce seront 1 milliard de personnes qui seront menacées par ce type de transformations, mais cela pourrait atteindre près de 3.5 milliards de personnes, soit près d’un tiers de la population projetée pour la fin du siècle. Encore une raison de prendre conscience de l’urgence d’agir contre le réchauffement climatique.

Photo par redcharlie sur Unsplash