Combien de CO2 émet un kWh d’électricité en France ? Quel est le contenu carbone de l’électricité française ? Est-ce polluant ? Et comment rendre l’électricité moins polluante ? On vous explique.

Depuis plus d’un siècle, on consomme de plus en plus d’électricité sur la planète. Pour se chauffer, s’éclairer ou pour alimenter nos équipements, les nouvelles technologies, mais aussi les industries, nous avons besoin de toujours plus d’électricité. Pour produire cette électricité, nous avons besoin de certaines techniques : les centrales à charbon, à gaz ou au fioul, les centrales nucléaires, ou les énergies renouvelables comme les panneaux solaires, les éoliennes et les barrages. Le problème, c’est que toutes ces techniques de production émettent (directement ou indirectement) des polluants : des gaz à effet de serre, des polluants atmosphériques ou autres.

La décarbonation de notre production électrique est donc un enjeu majeur pour la transition climatique, et l’une des plus importantes solution au réchauffement climatique. Il faut passer d’un système électrique qui émet beaucoup de carbone à un système qui en émet le moins possible. Et dans ce domaine, tous les pays du monde n’en sont pas au même niveau. Mais alors, en France, notre électricité est-elle polluante ? Combien de CO2 émet notre électricité ? Et surtout comment réduire cette pollution ? Décryptage.

Le mix électrique français : combien de CO2 par kWh ?

Pour savoir combien de CO2 émet l’électricité dans un pays, il faut savoir comment est produite l’électricité dans le pays et en fonction de la quantité de gaz à effet de serre émise par chacun des moyens de production utilisé, on peut calculer la quantité de gaz à effet de serre dégagée par la production d’un kWh d’électricité dans le pays.

Alors en France, ça donne quoi ? D’abord, voyons comment est produite notre électricité. En 2017, d’après le bilan électrique national, l’électricité produite en France utilisait les sources suivantes :

  • Le nucléaire, à 71.6%
  • L’hydraulique à 10.1%
  • Le gaz à 7.7%
  • L’éolien à 4.5%
  • Le solaire à 1.7%
  • Les bioénergies à 1.7%
  • Le charbon à 1.8%
  • Le fioul à 0.7%

Concrètement, la plupart de ces sources émettent assez peu de CO2 et sont considérées comme des énergies décarbonées. C’est le cas notamment du nucléaire et des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique…). Seuls le gaz, le charbon et le fioul sont des énergies fossiles qui émettent une grande quantité de CO2. Voici, d’après les données du GIEC, les émissions de CO2 par kWh de ces différentes sources de production d’électricité sur l’ensemble de leur cycle de vie :

  • Le nucléaire : 12 g de CO2 par kWh
  • L’hydraulique : 24 g de CO2 par kWh
  • Le gaz : 490 g de CO2 par kWh
  • L’éolien : 11 g de CO2 par kWh
  • Le solaire : 41-48 g de CO2 par kWh
  • Les bioénergies (biomasse) : 230 g de CO2 par kWh
  • Le charbon : 820 g de CO2 par kWh
  • Le fioul : donnée non disponible

On notera que même les énergies renouvelables émettent du CO2 et c’est logique, car pour construire des éoliennes ou des panneaux solaires, il faut utiliser du carburant. C’est notamment le cas pour l’extraction des matériaux, la construction de l’infrastructure, le recyclage… C’est la même chose pour le nucléaire. Mais ces énergies émettent tout de même très peu de CO2. Logiquement, l’électricité française devrait donc émettre assez peu de CO2 puisqu’elle est produite avec des sources de production peu polluantes.

Concrètement, d’après les données RTE, qui gère le réseau électrique français, notre production électrique émettait en 2022 environ 60 g de CO2 par kWh. Bien sûr, ces chiffres varient chaque année : parfois il faut activer plus souvent les centrales à charbon, parfois le renouvelable produit moins… Mais globalement, ces chiffres sont cohérents avec les autre données disponibles : d’après l’OCDE, la France tourne autour de 50 à 80 g de CO2 par kWh d’électricité produite. Même chose sur Electricity Map, qui permet de comparer les émissions de CO2 de la production électrique de différents pays.

La production d’électricité française : peu polluante par kWh produit

La production d’électricité française est donc généralement considérée comme peu émettrice de CO2. À l’échelle mondiale, la France se classe généralement dans le top 10 des pays ayant l’électricité la moins émettrice de gaz à effet de serre. Au sein de l’OCDE, la France se positionne juste derrière l’Islande, la Norvège, la Suède et la Suisse en ce qui concerne les émissions de CO2 de son parc de production électrique.

80 à 90% de l’électricité produite en France provient de sources bas carbone, émettant peu de CO2. Bien évidemment, cela ne veut pas dire que notre électricité soit 100% verte : toutes les énergies émettent des polluants, gaz à effet de serre ou autre. Par exemple, bien que le nucléaire, majoritaire en France, émette très peu de CO2 (moins que les panneaux solaires par exemple), il produit des déchets radioactifs qui peuvent avoir des conséquences environnementales s’ils sont mal gérés. Aujourd’hui, ces déchets sont donc confinés dans des centres de traitement en vue de leur enfouissement à terme dans des centres souterrains sécurisés comme le projet CIGEO.

Comment réduire la pollution liée à la production électrique en France ?

La production électrique française est donc relativement bas carbone, mais il existe tout de même des moyens pour réduire encore cette pollution. Le premier d’entre eux serait de fermer définitivement les centrales à énergie fossile qui sont encore en fonctionnement en France. C’est l’une des mesures qui a été annoncée par le gouvernement Philippe en 2018, avec une fermeture prévue à partir de 2020. RTE a d’ailleurs confirmé la possibilité technique de ces fermetures à partir de 2020 dans sa PPE. Cependant, avec la crise de la Covid-19 et la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, la fermeture de ces centrales a été plusieurs fois repoussée. En 2022, les centrales à gaz étaient d’ailleurs la troisième source de production électrique en France.

Le second levier de réduction des émissions de CO2 de notre électricité serait la réduction de nos besoins en énergie. En effet, en 2017 nous avons tout de même émis 27.9 millions de tonnes de CO2 pour notre production électrique (529 tWh). Bien qu’une part significative de cette électricité soit exportée vers d’autres pays de l’UE, l’essentiel (475 tWh) est consommée dans le pays, notamment pour le chauffage des bâtiments, l’industrie, l’éclairage… On pourrait largement réduire ces besoins en améliorant l’isolation des bâtiments par exemple, ce qui permettrait de dépenser moins d’énergie globalement.

En revanche, on pense souvent que la transition vers plus d’énergies renouvelable permettrait de réduire les émissions de CO2, mais ce n’est pas forcément vrai en France. En effet, selon RTE, convertir trop vite nos sources de production électrique actuelles vers les renouvelables pourrait augmenter nos émissions de CO2. Plusieurs raisons explique cette spécificité française. D’abord, comme la majorité de nos sources de production, comme le nucléaire, sont déjà décarbonées. Ainsi, remplacer par exemple le nucléaire par du solaire ferait paradoxalement augmenter nos émissions puisque les panneaux photovoltaïques émettent environ 3 fois plus de CO2 que le nucléaire. D’autre part, les énergies renouvelables ont la particularité d’être des énergies intermittentes, ce qui signifie qu’elles ne produisent pas en continu ou à la demande mais seulement à certaines périodes (quand il y a du vent, et du soleil pour le cas de l’éolien ou du photovoltaïque). Cette particularité oblige les gestionnaires de réseaux électrique à créer de nouvelles infrastructures pour le stockage de l’électricité (mais aussi pour adapter le réseau à des variations plus importantes) et cela peut aussi contribuer à augmenter les émissions de CO2 temporairement. 

Cela dit, l’argument du CO2 n’est pas le seul à prendre en compte dans le cadre de la transition énergétique. Indépendance énergétique, résilience et décentralisation des systèmes électriques, remplacement des centrales nucléaires sont autant d’arguments plaidant pour la transition vers les énergies renouvelable.

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