Depuis plusieurs années, une idée s’est développé en France et dans le monde : celle de la consommation responsable. Sur le papier, l’idée est simple : en consommant mieux, si chacun s’y met, on peut transformer le système économique et faire la transition vers un monde plus durable.

Le problème c’est que malgré les volontés de plus en plus nombreuses qui s’affichent en ce sens, les progrès de la consommation responsable sont jusqu’à aujourd’hui, pour ainsi dire, quasi nuls. La norme reste la surconsommation, la consommation de masse, les productions industrielles, non locales et non durables, pour la plupart des consommateurs. En cause ? Le passage à l’acte d’achat responsable, qui s’avère plus difficile que prévu. C’est en tout cas ce que révèle une récente étude Harris Interactive pour l’Observatoire CETELEM.

Une prise de conscience élargie de la consommation responsable

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Certes, une chose est certaine, la prise de conscience de la nécessité d’une consommation responsable est de plus en plus répandue. Ainsi, selon l’étude, 78% des consommateurs disent avoir une consommation responsable. La plupart des consommateurs comprennent la nécessité de changer ses modes de consommation, à la fois pour l’environnement mais aussi pour améliorer son impact social et économique. 78% des consommateurs considèrent aussi que la consommation responsable doit être un changement profond dans nos sociétés, et pas seulement une mode passagère.

Ces constats vont dans le sens de ceux qui ont été faits par de nombreuses études ces dernières années. Ainsi, une étude récente montrant que les consommateurs se souciaient de plus en plus de la responsabilité des entreprises, au point d’envisager de boycotter les entreprises ayant des pratiques non responsables (97% des consommateurs affirmaient cela). C’est un signe fort : le signe que dans les représentations mentales, mieux consommer devient un acte citoyen indispensable.

La difficulté du passage à la pratique de la consommation responsable

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Mais lorsqu’il s’agit de passer à l’acte, les choses se compliquent. Ainsi, lorsqu’on interroge les consommateurs, on se rend compte que la consommation responsable est en fait plus un objectif qu’une pratique concrète. Seuls 20% des consommateurs disent pratiquer une consommation réellement responsable au quotidien. La majorité des consommateurs (50%) disent « essayer » de mettre en place des comportements éco-responsables, sans être toujours attentifs. Et pour près de 30% des consommateurs, le passage à l’acte de consommation responsable est au mieux occasionnel, au pire inexistant.

Le constat est clair : si les représentations mentales évoluent, la plupart des consommateurs ont encore du mal à mettre réellement en place des modes de consommation responsables. Et cela va même plus loin : la plupart des consommateurs conditionnent leurs actes de consommation responsable, au prix notamment. La plupart des interrogés se disent prêts à adopter des comportements vertueux, mais seulement à condition que cela ne coûte pas plus cher. 41% des consommateurs refuseraient de payer plus cher pour des produits plus responsables. Et ceux qui acceptent ? La plupart refusent de payer plus de 10% supplémentaire.

Difficile dans ces conditions de passer à l’acte, puisque les coûts de production des produits et services responsables sont nécessairement plus élevés que ceux des produits classiques qui bénéficient d’un dumping social, environnemental et qualitatif.

Consommation responsable : encore loin du compte

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Au final, on se rend compte qu’au delà du déclaratif, on est encore loin du compte en matière de consommation responsable. Non seulement les individus passent relativement peu à l’acte, mais en plus, lorsqu’ils passent à l’acte, c’est via des gestes moins significatifs.

Ainsi, une majorité de Français déclare avoir pris le réflexe de privilégier les douches aux bains (79%), d’éteindre les lumières en quittant une pièce (74%), de trier ses déchets (72%) ou de faire son possible pour lutter contre le gaspillage alimentaire (60%). On constate d’une part que ces gestes pourtant simples, qui devraient être indispensables, ne sont aujourd’hui pas partagés par tous. Mais d’autre part, ces gestes les plus répandus sont aussi ceux qui ont le moins d’impact. Lorsqu’il s’agit de moins consommer, de consommer des produits issus de circuits alternatifs, de moins prendre sa voiture, ou de donner une seconde vie aux objets (des gestes aux impacts plus significatifs), l’implication est bien moindre.

Il y a donc encore un gros travail de sensibilisation et d’information à faire sur les sujets de la consommation responsable. On le voit bien, aujourd’hui, le consommateur n’est pas le maillon décisif d’un changement de modèle. D’où la nécessité, encore et toujours, de renforcer les normes et les règles du jeu pour les entreprises, afin que la consommation responsable, si elle ne vient pas d’en bas, soit imposée par le haut, par la voie réglementaire et normative.