Est-il plus écologique de cuisiner chez soi ou d’acheter des plats préparés ? Quel est l’impact environnemental des plats cuisinés par rapport aux plats faits maisons ? La vérité n’est pas si simple que l’on pourrait le croire !

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On sait que l’alimentation est d’une importance cruciale pour l’environnement et les questions écologiques. L’alimentation est le troisième poste d’émissions de CO2 des Français après le transport et le logement. Chaque Français contribue à émettre chaque année 1.8 tonnes de CO2 pour satisfaire ses besoins alimentaires. Savoir comment s’alimenter est donc fondamental pour être plus écologique. Certains produits sont plus écologiques que d’autres, selon la façon dont ils sont cultivés et transportés. Mais il faut aussi faire attention à la façon dont sont préparés nos produits ! Par exemple, les mêmes produits préparés chez vous dans votre cuisine, ou dans des usines pour fabriquer des plats préparés n’auront pas les mêmes impact sur la planète. Explications.

Écologie : cuisiner ou acheter des plats préparés, ce que dit la science

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Spontanément, on aurait tendance à penser que cuisiner soi même est forcément plus écologique. Mais comme parfois en matière d’impact environnemental les choses sont plus complexes qu’on ne peut le penser, il vaut mieux se baser sur des analyses scientifiques. En matière d’impact environnemental, on utilise les ACV (Analyses de Cycle de Vie) pour comparer les impacts environnementaux de différents produits. Ces analyses doivent prendre en compte toutes les étapes de la vie d’un produit (de la production des matières premières jusqu’à leur assemblage, leur commercialisation et leur fin de vie) et étudier leurs impacts environnementaux sur différents critères (gaz à effet de serre, impact sur la qualité de l’eau ou de la biodiversité, pollutions diverses…).

Assez peu d’études ont été menées spécifiquement pour comparer les plats préparés et la cuisine faite maison, mais il existe une étude britannique, publiée dans le Journal of Cleaner Production en 2014 qui a tenté de faire cette analyse. Pour cela, elle a comparé les impacts environnementaux du cycle de vie d’un repas selon qu’il avait été fait maison, ou acheté dans le commerce. Il s’agissait d’un plat basique composé de poulet, de légumes et de sauce tomate et l’étude a cherché à comparer les impacts de ce plat en fonction de plusieurs critères (mode de culture des aliments, modes de cuisson et de préparation, mode de conservation, emballages, transport…).

Les résultats de cette étude confirment l’intuition initiale, à savoir que les plats faits maison sont généralement plus écologiques. En moyenne, l’étude indique que les impacts environnementaux d’un plat fait maison sont 35% inférieur à ceux d’un plat préparé acheté dans le commerce. Les principales raisons expliquant cette différence sont l’économie des processus manufacturiers, de l’emballage et du conditionnement.

Plats préparés ou faits maison : des impacts écologiques variables

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Toutefois, ce résultat n’est qu’une moyenne. En effet, selon les modes de préparation, le type de plats (réfrigéré ou congelé), le mode de cuisson (micro-onde ou four électrique) les résultats varient énormément. Ainsi, les plats réfrigérés semblent avoir un impact 15% supérieur aux plats congelés, ce qui en d’autre terme signifie que les plats surgelés sont plutôt écologiques par rapport aux autres plats préparés. Réchauffer son plat au micro-onde semble également plus écologique que de le réchauffer au four. Globalement, parmi les plats préparés, ce sont les plats surgelés réchauffés au micro-onde qui ont les impacts écologiques les moins élevés.

Un autre facteur important à prendre en compte est la question du gaspillage alimentaire. En effet, l’essentiel des impacts environnementaux du repas sont liés à la production des aliments, que ce soit pour les repas faits maison ou achetés. Les modes de cuisson, d’emballage ou de transport sont relativement peu significatifs comparés aux impacts de la production agricole. De ce fait, le taux de gaspillage alimentaire a un impact très important sur la somme finale des impacts écologiques. Ainsi, si un individu cuisine 100% de son alimentation avec des produits frais, à la maison, mais qu’il en gaspille 30% (ce qui correspond à la moyenne de la nourriture gaspillée par un individu américain), cela augmente l’impact écologique de son plat. Or plusieurs études montrent qu’utiliser des aliments surgelés permet de réduire le gaspillage alimentaire de façon significative.

En théorie, si l’on compare un individu cuisinant uniquement à partir de produit frais et un individu n’achetant que des produits surgelés, il est possible que le second ait au final des impacts écologiques moindre que le premier. En effet, le premier risque de gaspiller une partie des produits qu’il achète (par exemple lorsqu’on achète des légumes frais et qu’une partie se gâte avant d’avoir été cuisiné, ou parce que les portions cuisinées seront trop importantes et que le surplus sera jeté), alors que le second ne gaspillera probablement pas grand chose puisque les plats surgelés sont spécifiquement conçus pour contenir la bonne dose pour une personne.

 

Cuisiner maison ou acheter ses plats : ça dépend !

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Au final, à la question « Est-il plus écologique de cuisiner chez soi ou d’acheter des plats préparés ? », il est presque impossible de donner une réponse tranchée, car cela dépend de trop de facteurs.

On peut dire qu’en règle générale, les plats cuisinés maisons semblent moins polluants en moyenne que les plats préparés. En revanche, cet écart se réduit si l’on compare uniquement avec les produits surgelés réchauffés au micro-onde, et il se réduit encore si l’on prend en compte le gaspillage alimentaire qui a lieu lorsque l’on cuisine avec des produits frais. En résumé, cuisiner chez soi peut-être une solution écologique, à condition de très bien gérer ses achats et de gaspiller le moins possible. D’un autre côté, acheter des plats préparés n’est pas forcément une mauvaise solution, surtout si l’on choisit des plats surgelés, adaptés à nos besoins (de manière à ne pas gaspiller) et que l’on les réchauffe avec les bonnes techniques : au micro-onde, ou encore mieux, au micro-onde après avoir laissé le plat décongeler au frigo.

Aussi, l’impact de votre repas dépend de nombreux autres facteurs, notamment la provenance des produits, leur mode de culture, ou encore le mode de transport que vous utilisez pour faire vos courses. Ainsi, si vous devez prendre votre voiture plus longtemps pour acheter l’un ou l’autre des produits alimentaires (frais ou préparés) alors ce n’est pas forcément une bonne solution !

Enfin, il faut garder à l’esprit que l’impact écologique n’est pas le seul critère à prendre en compte. L’impact sur la santé est également important, et dans ce domaine, la plupart des études montrent que la consommation de produits transformés est généralement plus nocive pour la santé que la consommation de produits frais et cuisinés maison (même si, encore une fois, cela dépend de la façon dont on cuisine !).