Si l’heure est au recul réglementaire sur les normes environnementales des entreprises, cela ne remet pas en cause les recrutements dans les métiers de la RSE, selon Birdeo. Le cabinet de recrutement spécialisé dans l’impact note toujours une demande sur des profils très spécialisés destinés à mettre en œuvre les politiques de décarbonation ou de biodiversité. Et l’impact de la CSRD se fait sentir dans tous les profils.
Un ralentissement conjoncturel ?
A l’heure où soufflent des vents contraires sur l’ESG et la RSE, existe-t-il encore une demande pour les postes à impact ? « Nous ne sommes clairement pas dans un gel total des recrutements », assure Caroline Renoux, fondatrice du cabinet de recrutement spécialisé dans l’impact, Birdeo et de People4Impact, une plateforme dédiée aux experts freelances spécialistes des enjeux RSE Mais « la dynamique est plus mesurée après le fort engouement de ces dernières années », reconnaît-elle. Un ralentissement que corrobore Arnaud Hermann, président de l’organisme de formation continue spécialisé dans les métiers de la RSE et de l’ESG Eco Learn. « Aucune entreprise ni aucune école avec lequel nous étions en relation n’a rompu le contact mais il y a une sorte de suspension, due en grande partie à l’incertitude réglementaire », note-il. Les deux veulent croire à une pause conjoncturelles car les besoins des entreprises sont là, assurent-ils.
Les entreprises de taille intermédiaire, le secteur financier ainsi que les cabinets de conseil et d’expertise comptable continuent de dynamiser le marché en créant de nouveaux postes, souligne Caroline Renoux. Et si les profils généralistes ont moins la cote, les rémunérations peuvent vite grimper pour les postes les plus spécifiques. Quant aux réglementations, elles n’induisent plus forcément des recrutements en masse sur des postes spécifiques comme le.a chef.fe de projet CSRD et performance globale, mais elles infusent dans tous les postes.
5 postes RSE qui ont le vent en poupe
Chef de projet économie circulaire
Le contexte : C’est le poste à la mode ! Le lancement de nouvelles REP (responsabilité élargie du producteur) et les réglementations existantes et à venir (au sein de l’Union européenne notamment) incitent les entreprises à repenser le cycle de vie des matériaux, l’éco-conception des produits et du packaging, leur fin de vie ou le réemploi. Mais on reste encore davantage dans la compliance ou la recherche d’optimisation que dans le déploiement de nouveaux business models.
Le poste : Le chef de projet éco conception et recyclabilité va chercher à concevoir des produits et services en minimisant les effets négatifs sur l’environnement et en utilisant autant que possible des matières recyclées ou alternatives.
Le profil recherché : Diplôme BAC+5 écoles d’ingénieur ou design avec une spécialisation en environnement ou développement durable avec une expérience en gestion de projets collaboratifs et une connaissance des processus réglementaires. On attend de lui un esprit d’innovation & curiosité. Côté rémunération, comptez de 50 à 55 000 euros par an en moyenne selon l’expérience.
Responsable RSE en temps partagé
Le contexte : malgré les atermoiements politiques, les enjeux environnementaux et sociaux s’imposent à l’ensemble des entreprises. Or 90% du tissu économique français est composé d’ETI et de PME qui n’ont pas toujours les moyens de financer des postes spécifiquement dédiés à la durabilité mais souhaitent y apporter toutes la technicité et compétences qui y sont rattachées.
Le poste : le ou la responsable RSE en temps partagé a les mêmes missions qu’un responsable RSE classique mais il peut les exercer dans le cadre d’un contrat de prestation par exemple.
Le profil recherché : Avec un Bac + 5 et spécialisation RSE, le.a candidat.e devra avoir une première expérience dans la RSE et un réseau fourni de contacts dans le développement durable. On attend qu’il ait un certain leadership d’influence et surtout une excellente organisation. Côté rémunération, elle dépendra du type de contrat, au taux jour ou en CDI.
Manager sustainability risk
Le contexte : Alors que les réglementations comme la CSRD ou le devoir de vigilance mettent en avant la nécessité de prendre en compte la notion de risques pour l’entreprise, ce poste apparaît stratégique pour les entreprises concernées.
Le poste : le responsable des risques en durabilité joue un rôle central dans l’identification, l’évaluation et l’atténuation des risques liés aux facteurs environnementaux, sociaux ou de gouvernance (ESG) comme les droits de l’Homme, l’adaptation au changement climatique ou l’éthique des affaires.
Le profil recherché : Diplôme : BAC+5 spécialisation juridique avec une formation RSE ou forte appétence pour le Développement Durable. Le.a candidat.e devra bien connaître les métiers de l’entreprise, si possible avoir une expérience dans le conseil en gestion globale des risques, risques industriels, les rapports de durabilité et la notation ESG. On attend qu’il possède une aisance relationnelle, une forte curiosité, une capacité à vulgariser des concepts complexes et d’assurer la conduite du changement. Côté rémunération, il ou elle peut prétendre à un salaire annuel de 70 à 100 000 euros en moyenne selon l’expérience et la taille de l’entreprise.
Responsable du vivant (eau et forêt)
Le contexte : Après la décarbonation, les entreprises se penchent enfin davantage sur les questions de biodiversité. On peut y voir l’effet de la mise en œuvre de la CSRD et autres types de réglementation spécifiques (ex: stratégie nationale sur la déforestation importée, règlement sur la déforestation de l’Union européenne (RDUE), plan sobriété de l’eau…). Avec la sécheresse de 2022 et la montée en puissance des conflits d’usage de l’eau, le sujet hydrique fait une percée remarquée dans les compétences recherchées par les entreprises.
Le poste : le.a responsable du vivant a pour mission de définir une stratégie biodiversité et d’intégrer ces enjeux dans les démarches de création d’offres avec l’écoconception de produits et de boucles circulaires. Il ou elle va aussi participer aux initiatives sectorielles ou institutionnelles. Il va aussi travailler à une gestion des ressources naturelles durable, en prévenant la perte de la biodiversité.
Le profil recherché : Diplômé BAC+5 écoles d’ingénieur avec une spécialisation biodiversité ou une expertise technique spécifique comme l’hydrologie. On attend du ou de la candidate une bonne maîtrise de la gestion de projets complexes, une connaissance approfondie des réglementations en vigueur et des outils de mesure d’impact. On appréciera ses compétences en animation, sa pédagogie et son esprit d’initiative. Côté rémunération, comptez de 50 à 65 000 euros par an en moyenne selon l’expérience et la localisation.
Direction supply et achats durables
Le contexte : Les activités logistiques de l’entreprise et les achats se transforment au gré des défis environnementaux et des nouvelles obligations qui y sont liées (décarbonation, augmentation du prix de l’énergie, reglementations, reporting, audits fourniseurs…). Il s’agit de repenser le sourcing, la gestion des stocks, la manutention et le transport.
Le poste : Le directeur ou la directrice supply ou achats durables devra assurer la montée en compétences de ses parties prenantes internes et externes, mettre en œuvre les KPI et outils de mesure sur l‘ensemble de la chaîne de valeur et créer un environnement favorable à l’innovation. C’est un poste ultra stratégique.
Le profil recherché : Diplômé BAC+5 écoles d’ingénieur, le.a candidat.e devra avoir une expertise métier doublée d’une connaissance et compréhension des enjeux de durabilité appliquée au secteur, de fortes capacités organisationnelles et d’innovation et une inclinaison pour le dialogue parties prenantes. On attend de lui ou elle un leadership d’influence, un excellent relationnel, de la rigueur et de la curiosité. Côté rémunération on est sur une moyenne annuelle à plus de 100 000 euros selon l’expérience et la taille de l’entreprise
Illustration : Canva