Edito

Après moins d’un mois d’une campagne éclair issue d’une décision improbable et controversée, nous voici à l’aube d’une nouvelle ère politique.

S’il s’est construit dans la douleur, le front républicain a finalement été efficace et éloigné, pour un temps que l’on espère le plus long possible, la menace d’un gouvernement d’extrême droite. Mais si la France a choisi avec une participation record* la République et la Démocratie, aucun parti ne peut revendiquer la victoire absolue. Et avec une Assemblée divisée en trois camps, le cap gouvernemental reste incertain pour une France qui, contrairement à d’autres pays européens, est peu habituée aux coalitions. Tout reste à construire.

Le Nouveau Front Populaire, en alliant les différentes gauches et l’écologie, a réussi un défi de taille : celui d’arriver en tête en termes de nombre de sièges de cette nouvelle assemblée, malgré une coalition fragile depuis quelques mois et une campagne particulièrement dure de la part de ses opposants. Reléguée en troisième place, l’extrême droite a tout de même fait un score record que l’on ne peut pas occulter. Quant au camp présidentiel, même très amenuisé par rapport à 2022 et encore plus par rapport à 2017, il s’est maintenu à un niveau inattendu, profitant d’un front républicain qui a joué à plein malgré ses propres tergiversations sur le sujet. Il va inévitablement jouer un rôle pivot dans les négociations pour la construction d’une inévitable coalition gouvernementale faite de compromis.

Face à cette situation inédite, faite de divisions et d’espoirs, la modestie reste de mise car le défi est immense. Il s’agit désormais de faire société. Malgré les divergences et au regard des challenges qui nous attendent, il va falloir échanger, s’écouter, coopérer et gouverner, en prenant -vraiment- en compte les aspirations et les difficultés des Français. Comme l’a dit Pascal Demurger, co-président du Mouvement Impact France et DG de la Maif aux rencontres économiques d’Aix en Provence de ce week-end, il va falloir « diriger autrement ». Notre pays, nos entreprises, notre société.

Diriger en partageant la valeur, le pouvoir, en intégrant de manière claire et à la hauteur des besoins, les défis environnementaux, sociaux, économiques, démocratiques, culturels, dans les décisions politiques et économiques. Écouter ceux qui connaissent leur territoire et leur métier, qui ont des idées différentes. S’écouter et tenter de se comprendre, en adoptant de nouvelles méthodes, inspirées d’autres pays ou institutions, où les projets et les valeurs plus que le dogmatisme, tiennent lieu de cap. Construire sur le long terme en s’appuyant sur la coopération et non sur la division. Et enfin donner l’espoir en bâtissant une société respectueuse des Hommes, du Vivant et de la planète à la hauteur des valeurs qui ornent le fronton des institutions françaises et que l’on semble avoir oubliées : liberté, égalité, fraternité.

Pour approfondir : Quel avenir pour une transition énergétique juste ?

Illustration : Canva

*Depuis 1981