Qu’est-ce que la planification écologique ? Que recoupe ce terme ? Quelles sont ses racines idéologiques et politiques ? Et comment mettre en place la planification écologique ?
Le terme planification écologique s’est fait une place dans le débat public français depuis que, suite à sa réélection, Emmanuel Macron a confié à sa Première Ministre, Elisabeth Borne, la mission de gérer la planification écologique du pays. Mais alors, que veut dire ce terme exactement ? Quelle différence avec la transition écologique ? Comment mettre en oeuvre une planification écologique ?
Qu’est ce que la planification écologique ?
La planification doit être vue comme une stratégie, si ce n’est un outil, de répartition des ressources et d’organisation des acteurs publics et privés afin d’atteindre des objectifs à moyen et long terme. La planification écologique permet de répondre à cette accélération de la crise environnementale – réchauffement climatique, érosion de la biodiversité, dépassement des limites planétaires… L’État est aussi perçu comme un organe de gestion des conflits et d’arrangement entre les parties prenantes. La planification écologique relativise les objectifs de croissance par secteur en prêtant une attention particulière aux conséquences sociales et environnementales des activités humaines.
Succinctement, la planification s’organise selon quatre axes majeurs :
- La mise en place d’objectifs économiques, sociaux, et environnementaux ;
- Des grands travaux financés par l’État et des leviers d’aide à la transition pour le secteur privé ;
- La facilitation d’un dialogue horizontal entre les différents acteurs (citoyens, collectivités, institutions, entreprises) ;
- Le suivi et l’instauration de contraintes pour le respect des engagements pris;
D’où vient ce terme ?
Alors sénateur au Parti socialiste, Jean-Luc Mélenchon évoque pour la première fois en 2008 le terme de « planification écologique » au Congrès de Reims. Une notion qu’il continuera de développer dans ses programmes pour les présidentielles de 2012, 2017 et de 2021. Il défend dès lors un retour de politiques à long terme dirigées par l’État, prônant une bifurcation écologique et sociale de l’économie, notamment par une réindustrailisation de la France et une augmentation les effectifs de l’État et de ses partenaires directs en faveur de la planification.
Il propose la création d’un ministère de la planification écologique dans l’objectif est de superviser le bon déroulement du plan. Une référence manifeste, dont il ne s’en cache pas, au Gosplan, un organe planificateur de l’URSS créé en 1921.
Mais c’est lors de son meeting de l’entre-deux tours à Marseille le 16 avril 2022, qu’Emmanuel Macron s’approprie le terme de planification écologique. Un nouveau paradigme “vert” censé faire taire les critiques contre un programme jugé par les militants écologistes et l’opposition comme peu ambitieux pour l’environnement.
Même si les deux adversaires politiques s’accordent sur l’axe de la réindustrialisation de la France, autant pour des raisons environnementales que géopolitiques d’autonomie et de souveraineté nationale, la stratégie d’Emmanuel Macron va certainement différer de la planification écologique de Jean-Luc Mélenchon.
Plusieurs planifications écologiques sont possibles…
Emmanuel Macron a affirmé sa volonté de pousser un nouveau volet environnemental par la nomination d’un Premier ministre en charge de la planification écologique et un gouvernement remanié avec l’apparition de deux nouveaux ministères de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et de la Transition énergétique.
Ce nouveau rôle pour la nouvelle Première Ministre Élizabeth Borne laisse croire à une ambition renforcée pour la protection de l’environnement. Elle a annoncé dès lors la création d’un Secrétariat général à la planification écologique chargé de « coordonner l’élaboration des stratégies nationales en matière de Climat, d’énergie, de biodiversité et d’économie circulaire » et qui « veillera à la bonne exécution des engagements pris par tous les ministères en matière d’environnement ».
Une responsabilité écologique au sommet de l’État dont le but est de réduire le retard pris lors du précédent quinquennat. Car pour le respect des objectifs de réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre en France d’ici 2030 fixés par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), le compte n’y est pas. La faible influence du Ministère de la Transition écologique sur les autres ministères et le non respect de la SNBC ont terni le bilan français en matière d’environnement.
La planification écologique dirigée depuis Matignon est censée résoudre ce problème récurrent de non cohésion et d’inaction en supervisant l’ensemble des ministères et des pôles notoires, transport, énergie, logement, agriculture… et en les poussant à respecter leurs engagements environnementaux et sociaux.