Qu’est-ce qu’une analyse de matérialité ? Comment s’intègre-t-elle dans une démarche RSE ? Un outil stratégique : la matrice de matérialité.

Définition et objectifs de l’analyse de matérialité

De l’anglais materiality, terme issu du registre de l’audit financier, la matérialité se caractérise à l’origine par le choix d’indicateurs comptables permettant de mesurer le niveau de performance et de fiabilité d’une entreprise.
Transposée dans l’univers de la RSE et de la GRI (Global Reporting Initiative), l’analyse de matérialité vise à établir une hiérarchie pertinente des enjeux d’une stratégie de développement durable, en regard des priorités d’une entreprise ou autre type d’organisation ainsi que des attentes des diverses parties prenantes.

Analyse de matérialité et Responsabilité sociétale des entreprises

En France, l’obligation du rapport RSE instaurée par la loi Grenelle II de 2010 a généré un certain nombre de contraintes techniques pour les organisations concernées, notamment quant à la lisibilité et à la transparence des éléments dudit rapport vis-à-vis des parties prenantes. Par ailleurs, la masse et la complexité des informations traitées dans le rapport RSE exige un outil performant pour qu’elles soient réellement exploitables en matière de pilotage et de mise en œuvre de la stratégie RSE.
La fonction de l’analyse de matérialité préconisée par la GRI consiste précisément à optimiser l’organisation de tous ces éléments, autour de trois axes essentiels :

  • Concision et clarté : lisibilité et transparence des actions engagées, dialogue avec les parties prenantes…
  • Innovation et anticipation : meilleure maîtrise du risque, sélection et mise en perspective des enjeux, meilleure appréhension des opportunités…
  • Cohérence action/communication : meilleure réputation RSE, lutte contre le greenwashing, crédibilité vis-à-vis de la société civile et des investisseurs…

La matrice de matérialité

La matrice (ou test) de matérialité est l’outil privilégié d’une analyse de matérialité. C’est elle qui permet d’identifier et de mettre en place une hiérarchie cohérente des enjeux de développement durable intégrés à la RSE, et d’en évaluer les implications stratégiques et les impacts sur le business model de l’organisation. Idéalement intégrée à terme au plan de gouvernance, elle s’articule en cinq étapes clés d’une méthodologie transparente, élaborée en concertation avec les parties prenantes internes (personnel, délégués syndicaux, comité d’entreprise…) et externes (fournisseurs, clients, partenaires institutionnels, associations et fondations…) :

  • Identification et inventaire des enjeux sociaux et environnementaux pertinents.
  • Hiérarchisation de ces enjeux par ordre de priorité.
  • Évaluation quantitative et qualitative des impacts.
  • Représentation graphique (la matrice proprement dite) des correspondances entre les enjeux hiérarchisés et les attentes des parties prenantes.
  • Validation des priorités et intégration à la gouvernance de l’organisation, incluant un programme de révisions circonstanciées dans l’objectif d’un processus d’amélioration continue.