Comment les stations de sports d’hiver peuvent-elles s’adapter au réchauffement climatique ? On effleure ce sujet complexe.

Le 4 décembre 2020, le premier ministre français Jean Castex interdisait au public l’accès aux remontées mécaniques des stations de ski en raison de l’épidémie de Covid-19. Une décision lourde de conséquences : une chute drastique de la fréquentation des stations et un manque à gagner pour les stations qui se chiffre en millions d’euros.

Cette situation inédite montre que dans l’imaginaire collectif, la montagne reste essentiellement associée aux sports d’hiver, et notamment au ski alpin, comme en témoigne la baisse significative de la fréquentation. Pourtant, la montagne rime aussi avec d’autres activités, été comme hiver.

Des activités que cherchent d’ailleurs à développer plusieurs stations cherchant d’ores et déjà à anticiper les effets du dérèglement climatique. Après un hiver catastrophique pour l’économie touristique en raison des restrictions sanitaires, mais aussi face à la hausse des températures prévue par le GIEC ainsi qu’un enneigement de plus en plus aléatoire, de nombreuses stations de sports d’hiver se retrouvent face à un dilemme : maintenir l’activité ou se diversifier ? Comment composer avec le réchauffement climatique ?

La question de la viabilité économique du ski alpin

Tandis que les hivers sans neige se sont succédé dans les années 90, plusieurs stations ayant réussi à « tenir » ont investi dans des systèmes de production de neige de culture, pour préserver l’activité, en cas de mauvaise saison météo. Depuis, les canons à neige et les retenues collinaires pour en assurer l’approvisionnement se sont multipliés, à grands renforts d’aides publiques. Près de 50 millions d’euros ont en effet été alloués aux dispositifs d’enneigement par le conseil régional Auvergne Rhône-Alpes depuis 2015.

Mais l’objectif affiché a évolué : il s’agit désormais de préserver l’activité économique de l’influence du dérèglement climatique, impactant le niveau d’enneigement. Des stations qui font donc le choix de maintenir l’activité lucrative du ski alpin. Mais combien de temps cela peut-il durer ?

Pour que la station vivant des sports d’hiver puisse dégager des bénéfices, il faut que les coûts générés par la production de neige de culture n’excèdent pas les recettes, afin que l’exploitation du domaine reste à l’équilibre.

Il s’avère qu’une station comme Métabief dans le Doubs a été la première en France à commander une étude climatique. Les calculs, réalisés au moyen d’un outil de diagnostic appelé ClimSnow, développé par MétéoFrance, montrent que la fin de la viabilité du ski pour la station se situerait à l’horizon 2030-2035. La neige est toujours là, mais en quantité moins importante, et les saisons sont de plus en plus courtes à cause d’une élévation des températures.

Par ailleurs, le fonctionnement des canons à neige est lui aussi soumis dans une certaine mesure aux conditions météo, puisque le principe est de projeter un mélange d’air comprimé et d’eau par temps suffisamment froid pour qu’on retrouve une texture similaire à la neige.

Des hivers comme celui de 2019-2020, le plus chaud en France depuis le début du XXe siècle avec une température en moyenne plus de 2 °C au-dessus de la normale en décembre et janvier, montrent que c’est un pari potentiellement risqué de miser uniquement sur les canons à neige pour assurer la viabilité d’une station.
En réalité, il faut surtout se concentrer sur le contexte du territoire pour évaluer la pertinence des solutions à mettre en place.

S’adapter à chaque territoire

La Cour des Comptes estime que, pour être rentable, une station de ski doit être ouverte au minimum 100 jours dans la saison.

On a donc un scénario probable qui se dessine selon lequel les stations de haute montagne arriveront à vivre plus longtemps de l’activité ski que les stations de basse et moyenne altitude, mais ces stations comme Les Arcs ou La Plagne dans les Alpes sont aussi les plus dépendantes à cette activité. La situation varie aussi selon la localisation de la station, sa forme, sa dimensions : bref, une multitude de paramètres entrent en compte.

Se pose alors la question des investissements : faut-il continuer à investir au même niveau qu’aujourd’hui dans des équipements, en sachant que l’on skiera de moins en moins ? La relance des chantiers de remontées mécaniques à Chamonix ou Méribel entre autres ont cristallisé les débats autour de la question. On a alors des luttes d’influence entre les acteurs concernés, notamment entre les gestionnaires des remontées mécaniques souhaitant maintenir leur activité et les collectivités locales à la recherche d’alternatives.

Quoi qu’il en soit, plusieurs stations de basse et moyenne se sentant davantage concernées par la menace climatique ont entamé une diversification de leurs activités, à l’image de Métabief et son programme de transition.

Vers une transition touristique : sortir de l’hyper-dépendance à la neige

Plusieurs stations font alors le choix de sortir du tout ski, sans pour autant complètement renoncer à l’activité, du moins dans un premier temps.

VTT, luge d’été, escalade, randonnée, il s’agit de développer un véritable tourisme des 4 saisons pour attirer les vacanciers tout au long de l’année. La montagne réinvente son rapport au tourisme. Métabief, en actant la fin probable du ski alpin à l’horizon 2030-2035 dans sa station, souhaite d’ores et déjà construire un autre modèle touristique.

Une diversification des activités qui ne permet pas cependant de compenser le chiffre d’affaires généré par l’activité ski. Mais l’enjeu est d’anticiper cette baisse et réduire peu à peu la dépendance au ski alpin, pour ne pas se retrouver dans l’impasse.

Photo by Jean-Baptiste D. on Unsplash

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