Qu’est-ce qui pollue le plus : le moteur essence ou le moteur diesel ? Lequel émet le plus de CO2 ? Et les particules fines ? Et les NOx ? On vous explique.

Chaque semaine sur e-RSE.net, nous répondons à une question de nos lecteurs sur l’actualité ou les enjeux du développement durable (posez vos questions sur le développement durable sur notre page ici). Cette semaine, c’est Maxime (64) qui nous demande : « Qu’est-ce qui pollue le plus : une voiture essence ou une voiture diesel ? ».

La question de la pollution des moteurs diesels et essence revient très souvent. C’est logique : pendant de nombreuses années beaucoup ont expliqué que le moteur diesel polluait moins, alors qu’aujourd’hui, beaucoup au contraire accusent le moteur diesel d’être plus polluant. Difficile de s’y retrouver. Qui a raison ? Qui a tort ? Quel moteur pollue le plus entre le moteur diesel et le moteur essence ? La réponse est un peu complexe : on vous explique.

Qu’est-ce qui pollue le plus : essence ou diesel ?

Avant tout, il faut dire que la question de savoir lequel du véhicule essence ou diesel pollue le plus est une mauvaise question. Ou du moins, c’est une question mal posée car elle est trop vague. Il faut d’avoir définir la pollution dont-on parle : s’agit-il de la pollution de l’air aux particules fines, aux oxydes d’azote, aux gaz à effet de serre ? Ou encore de la pollution sonore ? Le problème est bien là, car justement, ces deux moteurs ne polluent pas de la même façon.

Le moteur diesel émet moins de CO2 et de gaz à effet de serre

Le moteur diesel par exemple, émet moins de CO2 et de gaz à effet de serre qu’un moteur essence. Cela est du notamment au type de carburant et à l’efficience interne du moteur. Concrètement, le carburant utilisé dans les moteurs diesel bénéficie d’un taux de compression plus élevé que l’essence, et le moteur diesel a aussi un meilleur rendement que le moteur essence. Résultat, on utilise moins de carburant pour parcourir la même distance, ce qui fait économiser du CO2. La plupart des estimations indiquent qu’un diesel émet ainsi environ 10% de moins qu’une essence de même catégorie.

C’est pour cela que pendant de nombreuses années, l’idée que le diesel « polluait » moins que l’essence s’est répandue. Sauf que les choses ne sont pas si simples, parce que si l’on regarde les autres sources de pollution, comme les particules fines (PM10, PM2.5, NO2, NOx…) alors le diesel n’est plus si performant que ça.

Le moteur essence émet moins de particules fines et de polluants atmosphériques

En effet, le moteur diesel a pour particularité de nécessiter une grande quantité d’air pour la combustion du carburant. Cet air provoque des réactions chimiques annexes qui dégagent des quantités importantes de polluants atmosphériques. Parmi eux les dioxydes et oxydes d’azote, des gaz et particules fines comme les es hydrocarbures aromatiques polycycliques, l’éthane et l’éthylène. Au départ, lorsque les premiers moteurs diesels sont arrivés sur le marché, ils étaient nettement moins performants que les moteurs essence en termes de particules fines. En d’autres termes, ils émettaient beaucoup plus de particules fines (notamment les NOx) que les moteurs essence.

Depuis, les constructeurs ont fait installer des filtres à particules pour faire face à l’adoption de nouvelles normes plus restrictives sur la pollution aux particules fines des diesels (ce sont les normes Euro). Grâce à ces technologies, entre 90 et 99% de la masse des particules polluantes des diesel est désormais filtrée. Pour autant, cela ne règle pas le problème. En effet, si ces filtres permettent d’éviter le gros de la « masse » des particules fines, ils ne sont pas vraiment capables de filtrer les particules les plus fines (et aussi les plus nombreuses) qui sont produites par les diesels. D’autre part, un rapport de l’ANSES publié en 2009 avait montré que ces technologies de filtrage n’avaient pas d’effet positif (et parfois même un effet négatif) sur les émissions de NOx…

De plus, des études menées par le Bureau Fédéral Allemand de l’Environnement ont montré que les moteurs diesels polluent généralement bien plus en condition réelles que les déclarations officielles des constructeurs, et ce malgré la présence des filtres. Aujourd’hui, la plupart des experts s’accordent donc à dire que le diesel produit encore plus de particules fines que les moteurs essence équivalents.

Pollution, moteur diesel et moteur essence : c’est plus compliqué que ça

Toutefois, les choses sont en réalité un peu plus complexes que ça, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, parce que les technologies de ces moteurs (et les normes qui vont avec) évoluent vite, et ensuite parce que les véhicules essence et diesel sont souvent assez différents (dans leurs structures et dans leurs usages).

Ainsi, depuis quelques années, un système dit à injection directe s’est progressivement répandu sur les moteurs essence. Le problème c’est que ce nouveau système (qui était déjà très répandu sur les moteurs diesel), bien qu’il réduise la consommation du moteur, augmente sensiblement les rejets polluants type particules fines sur les moteurs essence. Résultat, les taux d’émissions de particules fines des moteurs essence sont en augmentation au fur et à mesure que ce type de moteurs se développe et ils pourraient bien à terme rattraper les taux (théoriques) d’émissions de particules fines des moteurs diesels. D’ailleurs, les normes Euro 6b en vigueur fin 2018 imposent aux moteurs diesels et essence les mêmes limites d’émissions de particules fines (bien que les moteurs diesels les dépassent régulièrement comme l’a montré le Dieselgate).

Un autre paramètre rend le problème plus complexe : les différentes de modèles et d’usage entre les véhicules essence et diesel. En effet, en moyenne les véhicules diesels sont plus gros, plus lourds et plus performants que les véhicules essence. Ils sont aussi en moyenne utilisés plus fréquemment pour parcourir des distances plus importantes. Résultat, selon les données de l’ONG Transport et Environnement, les moteurs diesels en circulation seraient en moyenne plus polluants que les moteurs essence en termes de CO2 émis sur leur cycle de vie.

Il n’est donc pas seulement question du type de moteur, mais aussi du type d’injection, du type de véhicule et de l’usage qu’on en fait. En règle générale, on peut dire que les véhicules essences sont en moyenne moins polluants que les véhicules diesel. Ils émettent moins de particules fines, et même moins de CO2 car ce sont souvent de plus petits véhicules. Reste que c’est un problème complexe car entre les données d’émissions sont floues et souvent manipulées.

En fait, le seul moteur qui permette réellement de réduire à la fois les émissions de CO2 et les émissions de particules fines est aujourd’hui le moteur électrique (voir : La voiture électrique pollue beaucoup moins que l’essence ou le diesel). Mais là encore, il faut garder à l’esprit que rien n’est jamais 100% écolo et que la meilleure façon de réduire l’empreinte environnementale de nos transports individuels, c’est d’abord de les réduire, et ensuite de les optimiser avec des plus petits véhicules, moins gourmands en énergie.