Où en sont les discriminations et les agressions LGBT dans le monde du travail ? On fait le point avec deux études récentes.

Alors que s’ouvre le mois des fiertés, plusieurs rapports reviennent sur les discriminations subies par les personnes LGBT en France. Plus de 10 ans après l’adoption de la loi dite du mariage pour tous, qui avait mis sur le devant de la scène médiatique la question de l’inclusion des personnes LGBT et fait avancer la question de l’égalité des droits, le triste constat est que les discriminations et agressions persistent en France.

Plus spécifiquement, le monde du travail reste un lieu de discriminations et d’exclusion pour les personnes LGBT. Rejet, atmosphère pesante, blagues mais aussi insultes et même agressions physiques restent trop fréquentes dans le monde de l’entreprise, comme le confirment les données du Rapport SOS Homophobie 2022 ainsi que celles du Baromètre l’Autre Cercle – IFOP.

L’inclusion des personnes LGBT au travail : encore du chemin à faire

Le chiffre est significatif : 30% des salariés LGBT interrogés par l’IFOP pour l’Autre Cercle ont déjà été victimes d’au moins une agression LGBTphobe dans leur organisation et ces chiffres sont à la hausse. (30% en 2022 contre 26% en 2020). Près de 26% des sondés déclarent avoir été victime d’une forme de discrimination de la part de leur employeur.

Les agressions dans le monde du travail représentent ainsi 11% des signalements reçus par l’association SOS Homophobie. C’est le troisième lieu où les discriminations homophobes sont les plus fréquentes derrière les réseaux sociaux et le milieu familial. Les actes de rejet, le harcèlement et les insultes sont les cas les plus fréquents, et si les agressions physiques ou sexuelles restent rares, elles persistent.

De nombreux signalement concernent également l’ambiance général au travail : blagues, invisibilisation, outing, et autres. Et d’ailleurs, selon l’étude IFOP, près 50% des salariés LGBT se disent « invisibles » dans leur organisation, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas révélé (souvent par crainte) leur orientation sexuelle. 70% des interrogés déclarent ainsi avoir caché le genre de leur partenaire sur leur lieu de travail.

Un monde encore peu sensibilisé aux enjeux LGBT

Il y a donc urgence à mettre en oeuvre des mesures pour rendre le monde du travail plus inclusif pour les personnes LGBT. Et pour cela, un important travail de sensibilisation doit être au mené, auprès des collaborateurs ainsi que des managers. En effet, lorsque l’on regarde les données, on constate que les personnes non-LGBT ont tendance à sous-estimer les manifestations anti-LGBT qui ont lieu dans leur entreprise. Seuls 34% des salariés non-LGBT déclarent ainsi avoir entendu des expressions LGBTphobes dans leur organisation, alors qu’ils sont 55% parmi les personnes LGBT.

Des blagues ou des allusions considérées comme anodines ou innocentes par un salarié hétérosexuel peuvent ainsi être vécues comme des brimades ou des propos vexants ou insultants par des personnes LGBT. Or l’Autre Cercle a mis en place une Charte d’Engagement LGBT+ qui offre un cadre et un guide pour mettre en oeuvre des actions de sensibilisation en entreprise. Et d’ailleurs, 63% des LGBT+ travaillant dans les organisations signataires de la Charte d’Engagement LGBT+ de L’Autre Cercle considèrent que le principal levier pour améliorer l’inclusion des personnes LGBT+ est de mener des opérations de sensibilisation de l’encadrement et de l’ensemble du personnel.

Voir aussi : Les causes du mal-être au travail

Rendre le milieu professionnel plus inclusif

Au-delà des actions de sensibilisation, un certain nombre de leviers sont identifiés par l’Autre Cercle, Par exemple, le fait d’avoir un supérieur hiérarchique direct bienveillant à l’expression de son orientation sexuelle et de son identité de genre, et la garantie d’un univers professionnel favorable à l’expression de son identité est considéré par près de 80% des sondés comme un levier pour favoriser la visibilité et l’inclusion des personnes LGBT.

Mais la fermeté avec les actes anti-LGBT est aussi essentielle : le recadrage de comportements LGBTphobes et la sanction des cas de discriminations LGBTphobes, par exemple. L’organisation peut aussi mettre en place des actions structurantes pour favoriser l’inclusion : nommer une personne référente pour la diversité et la lutte contre les discriminations intégrant également les questions LGBT+, la signature d’une charte pour lutter contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle…

Bref, il y aurait beaucoup à faire pour que le monde du travail devienne enfin un lieu d’inclusion pour tous, quel que soit son genre ou son orientation sexuelle. Mais pour l’heure, le compte n’y est pas, et les progrès ne sont pas là.

Photo par daniel james sur Unsplash