Où en sont les entreprises en matière de DPEF et de reporting ? Pas très loin, même si la pratique se généralise.

Depuis près de 20 ans maintenant et la loi NRE, les (grandes) entreprises ont l’obligation de rendre publiques les informations relatives à leurs impacts sociaux et environnementaux. Objectif : éclairer le consommateur et donner à l’entreprise des axes d’amélioration sur les indicateurs extra-financiers. C’est ce que l’on appelle le rapport RSE ou rapport extra-financier. Progressivement, cette obligation s’est renforcée et précisée. Depuis 2019, le rapport RSE a évolué pour devenir la Déclaration de Performance Extra-financière.

Mais alors, où en sont les entreprises sur leur capacité de reporting ? Que change cette pratique pour les organisations ? Tennaxia livre son étude annuelle sur le reporting et la DPEF, tentons d’analyser les résultats.

Reporting et DPEF : état des lieux

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Tennaxia a interrogé 74 entreprises, plutôt des grandes (58% ont un effectif supérieur à 5000 collaborateurs, et 66% un chiffre d’affaire supérieur à 1 milliard d’euros) pour connaître leurs pratiques, leur gouvernance, leurs attentes et leurs objectifs en matière de DPEF et de reporting. La plupart des entreprises sont soumises à la DPEF et près d’une sur deux au devoir de vigilance.

D’abord, on constate, malheureusement que la RSE au sens large et en particulier le reporting sont relégués à une problématique peu stratégique pour l’entreprise. Ainsi, dans 42 % des entreprises, l’équipe RSE est très restreinte et se compose de 1 à 3 personnes, pour 20 % elle se compose de 4 à 5 personnes. Peu de moyens humains donc, mais ce n’est pas tout.

À peine 42 % des entreprises, intègrent à leurs comités stratégiques les responsables de leur politique RSE. Dans moins d’une entreprise sur 2, les comités de direction ou les comités exécutifs sont impliqués dans la réalisation de la DPEF. Lorsqu’ils sont impliqués, c’est essentiellement pour la validation finale et la relecture (71 et 63% des comités impliqués) mais peu pour l’élaboration de nouvelles actions (20% seulement). En résumé : le reporting et la DPEF se généralisent en entreprise, mais n’est pas encore vraiment une préoccupation stratégique, mobilisant moyens et comités stratégiques.

Une intégration progressive mais partielle des exigences la DPEF

Concernant la méthodologie de réalisation de la DPEF, on note encore de grands progrès à faire pour inscrire ces procédés dans une démarche de responsabilité élargie des entreprises.

Seules 34% des entreprises ont ainsi interrogé les parties prenantes dans le cadre de l’analyse de leurs risques extra-financiers. Or, le dialogue parties prenantes fait partie intégrante des lignes directrices de la Commission européenne qui suggèrent de prendre en compte les « intérêts et attentes des parties prenantes concernées » lors de l’évaluation du caractère significatif d’un risque ou d’une information.

Le reporting et l’analyse des risques reste donc une problématique interne, technocratique, et ne semble pas s’inscrire dans une démarche d’ouverture sur la société.

De même, les informations sont encore trop peu rendues publiques : 34 % des entreprises seulement ont publié à la fois leur analyse de risques et leur matrice de matérialité.

DPEF et reporting : surtout de bonnes intentions ?

Concernant le fond de la DPEF, on observe encore une certaine déconnexion entre les risques identifiés et les actions mises en oeuvre. D’abord, moins de 10% des entreprises considèrent que la réalisation de la DPEF a un impact sur leur stratégie. En d’autres termes, les entreprises analysent et mesurent leurs risques, mais sans que cela modifie leur façon d’aborder leurs activités.

Dans le détail, on peut prendre un exemple. 80 % des entreprises ont ainsi identifié le changement climatique comme l’un de leurs principaux risques, mais étonnamment, seules 51 % d’entre elles se sont fixées des objectifs de réduction. Pire, un tiers seulement des entreprises s’étant fixé des objectifs se sont tournés vers la méthodologie Science Based Target. On a donc l’impression que l’identification du réchauffement climatique relève surtout d’une question d’image.

En revanche, 23 % des entreprises déclarent disposer d’un programme de compensation carbone, un chiffre en augmentation de près de 65% par rapport à l’année passée. La compensation a donc le vent en poupe, alors qu’elle devrait toujours être le dernier ressort en matière d’action climatique.

L’exercice de la DPEF débute pour les entreprises, mais on peut s’étonner que près de 20 ans après la publication des lois NRE, les entreprises n’aient pas encore intégré l’aspect stratégique de ce type d’exercices. Et qu’elles n’aient pas encore mis en oeuvre les moyens pour une DPEF transformative.