Parmi les produits les plus emblématiques de l’obsolescence programmée, on trouve les e-déchets, les déchets électriques et électroniques. Conséquence de la surconsommation de ces produits ? Une production de déchets sans précédent. Quand nos e-déchets inondent le monde.
Les déchets électroniques dans le monde
Les produits électriques et électroniques sont ceux qui sont le plus durement frappés par la réduction de leur durée d’usage, et par l’obsolescence programmée. Chaque français change de téléphone en moyenne une fois tous les deux ans, les ordinateurs portables ont une durée de vie inférieure à 3 ans, certains utilisateurs renouvellent leurs smartphones ou leurs tablettes chaque fois qu’un nouveau modèle sort.
Résultat ? La production de déchets électriques et électroniques augmente. C’est même la catégorie qui augmente le plus, avec une croissance annuelle de près de 5% dans le monde. Les chiffres sont impressionnants : dans le monde, on produit chaque année plus de 41 millions de tonnes de déchets électriques et électroniques. En Europe, c’est près de 10 millions de tonnes de déchets électriques et électroniques (e-dechets) par an, dont seuls 35% sont recyclés. En France, cela représente près de 22kg d’e-déchets par personne et par an, ce qui classe l’hexagone à la huitième position derrière des pays comme la Norvège ou la Suisse.
Et ces déchets ont tout l’air d’être un véritable trésor jeté à la poubelle : on estime leur valeur à près de 48 milliards d’euros par an, entre les matériaux renouvelables, les métaux précieux et les diverses composantes de ces déchets.
Déchets électriques : une production hétérogène
Mais la production d’e-déchets est fortement hétérogène dans le monde. L’initiative StEP (Solving the E-waste Problem) a publié une carte interactive qui illustre ce problème. Les plus gros pays producteurs en volume sont évidemment les grands consommateurs que sont la Chine et les Etats-Unis, qui représentent à eux deux presque un tiers de la production d’e-déchets. Mais aussi le Japon ou l’Allemagne sont également de gros producteurs. L’Inde arrive également dans le top à cause de son économie largement tournée vers les services informatiques.
En comparaison, les pays en développement, notamment tout le continent africain, produisent très peu de déchets. 1,9 million de tonnes de déchets électriques seulement pour l’ensemble du continent, soit à peine plus que ce que l’Allemagne produit toute seule.
Quand nos e-déchets inondent… l’Afrique ?
Or si l’on en croit plusieurs études (menées par Greenpeace ou le collectif QAMP), une grande majorité des déchets du monde se retrouvent finalement en Afrique, qui devient progressivement la décharge à ciel ouvert des grands consommateurs d’électronique mondiaux. D’après l’Université des Nations Unies (UnU), seuls 6 millions de tonnes de déchets électriques par an sont réellement recyclés. Pour le reste, la majorité continue son périple sur le marché noir avant d’atterrir dans d’immenses terrains en Afrique, à l’image d’Agbogbloshie, près d’Accra au Ghana. Des tonnes d’ordinateurs, d’imprimantes, mais aussi de lave-vaisselle ou de cuisinières s’entassent dans les rues, et sont démantelées par des populations précaires pour s’assurer une survie économique. C’est une véritable économie parallèle qui émerge autour de ces déchets, notamment au Ghana, au Nigéria et dans les autres pays d’Afrique de l’Ouest.
Mais si cela permet parfois de créer un peu de richesse, c’est aussi et surtout un fléau pour ces pays en termes de pollution. En effet, la plupart des déchets électriques et électroniques contiennent des composantes extrêmement toxiques comme le mercure, le cadmium ou le chrome, qui s’infiltrent dans les sols et dans les nappes phréatiques. Au total, les e-déchets représentent près de 2.2 millions de tonnes de produits toxiques.
La cause de tout ce gâchis ? Une politique de recyclage des déchets trop peu valorisée en Europe et en occident. Pourtant, les objectifs sont clairs : les pays européens doivent atteindre 85% de déchets électriques recyclés d’ici 2019. Ils ne sont aujourd’hui qu’à 35% et la situation n’est pas prête de changer. D’après l’UnU, il est aujourd’hui moins coûteux d’envoyer ses déchets d’Europe jusqu’en Afrique que de les recycler sur place.
Avec les stratégies d’économie circulaire qui commencent à émerger en Europe, on peut espérer que la tendance s’inverse, et qu’un vrai business model se construise autour du recyclage de ces déchets. En attendant, nos déchets inondent le monde à chaque fois qu’un nouveau smartphone sort en boutique.