Selon une étude publiée par l’Observatoire de l’Éco-anxiété en partenariat avec le collectif On est Prêt, près de 25% des sondés seraient inquiets de la crise écologique, 5% étant même très fortement éco-anxieux.

Depuis quelques années, le terme d’éco-anxiété a commencé à émerger dans le débat public. Il décrit l’angoisse vécue par ceux qui s’inquiètent des conséquences de la crise écologique, du réchauffement climatique, et de l’érosion de la biodiversité.

Depuis plusieurs années, ce phénomène s’amplifie, et de plus en plus de citoyens, en France et dans le monde, sont en proie à l’éco-anxiété, au point que cela affecte leur santé mentale et leur qualité de vie. Une étude menée par l’Observatoire de l’Éco-anxiété, en partenariat avec le collectif On est Prêt a voulu faire un état des lieux de l’éco-anxiété en France. Revenons sur les chiffres clés.

Un quart des sondés éco-inquiets ou éco-anxieux

D’abord, l’étude montre que de plus en plus de Français sont inquiets des conséquences de la crise écologique globale. En interrogeant des échantillons nationaux, des échantillons de citoyens engagés, et des patients éco-anxieux, (pour un total de près de 6000 personnes), l’étude a pu mettre en lumière la prévalence de l’éco-anxiété dans le pays. Bien-sûr, les échantillons ne sont pas exactement représentatifs de la population française, mais les données permettent d’extrapoler sur la prévalence croissante de l’éco-anxiété en France.

On voit ainsi que 20% des répondants décrivent ressentir des émotions proches de l’éco-anxiété : craintes pour l’avenir, sentiment d’impuissance, difficultés à se projeter dans un monde en proie aux catastrophes naturelles, problèmes de sommeil, etc. Ces citoyens, que l’on appelle les « éco-inquiets » sont préoccupés par les impacts de leurs modes de vie sur l’environnement, ils voient aussi les blocages structurels qui entourent la crise écologique globale et sont personnellement perturbés par ces enjeux.

En plus de ces éco-inquiets, on trouve également 5% de personnes très fortement éco-anxieuses, qui affichent cette fois de manière très claire et significative des symptômes forts d’angoisse, voire de dépression, liée notamment à la crise écologique globale. Ces personnes disent vivre une inquiétude constante, qu’ils n’arrivent plus à réprimer, et ont globalement des symptômes similaires à ceux des patients qui consultent effectivement pour éco-anxiété.

Au total, près d’un quart des citoyens interrogés affichent donc des symptômes plus ou moins prononcés d’éco-anxiété. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’éco-anxiété est répartie dans toutes les catégories sociales et économiques. On observe toutefois une légère différence entre les catégories d’âge : les retraités sont un peu moins éco-anxieux que les jeunes.

Pour en savoir plus et savoir si vous êtes éco-anxieux : rendez-vous sur le site Tu Flippes.

L’éco-anxiété et ses formes

Évidemment, cette éco-anxiété ne prend pas exactement les mêmes formes selon les individus. L’étude analyse ainsi le vocabulaire employé par les sondés pour décrire leur angoisse environnementale, et on voit que plusieurs types d’inquiétudes s’expriment.

Il y a bien sûr l’angoisse des catastrophes, de la dégradation des conditions de vie ou de santé à cause du réchauffement climatique, des pollutions, etc. Cette peur est évidemment légitimée par les constats alarmants des organismes scientifiques comme le GIEC, qui rappellent, année après année, la crise gravissime qui se profile. Logiquement, le sentiment d’urgence domine : urgence de protéger, urgence d’agir, de se transformer.

D’autres évoquent le sentiment d’impuissance : beaucoup tentent de procéder à des changements dans leurs modes de vie et de consommation, mais sont inquiets que cela ne suffise pas. Certains n’arrivent pas à se projeter dans l’avenir, à envisager leur métier dans un monde économique déconnecté des réalités environnementales. Beaucoup semblent coincés dans une tension entre ce sentiment d’impuissance et la volonté d’agir : ils veulent militer, informer, sensibiliser, mais constatent que la prise en compte de la crise écologique est insuffisante dans nos systèmes socio-économiques.

Le manque d’action collectives

Dans les verbatims des interrogés, on retrouve beaucoup la crainte d’un manque d’action collective. S’ils sont nombreux à vouloir s’engager à titre personnels, ils craignent que le manque de politique globale et de décisions collectives ne rendent leurs efforts vains.

Le changement ? « Moi j’y suis prête, et je veux tellement que notre société évolue radicalement, mais c’est tellement long et je crois que c’est impossible pour tellement de gens de changer leur mode de vie… » témoigne une personne interrogée.

Cela illustre à nouveau l’insuffisance des politiques publiques en matière de transition écologique, et le manque de cohérence de ces politiques, notamment en termes de justice sociale et environnementale. Comment s’engager si les politiques publiques ne suivent pas ? Si les ressources ne sont pas données aux plus démunis pour faire leur part, grâce à des politiques redistributives ?

Malgré cette crainte, beaucoup d’éco-anxieux semblent prêts à agir, et on retrouve aussi dans leurs réponses le champ lexical d’une mobilisation plus intense : militantisme, action, engagement. Le signe, peut-être, que ces éco-anxieux sont déjà en train de devenir progressivement éco-furieux ?