A l’heure où les grands centres urbains ne cessent de grandir, inventer la ville de demain est plus que jamais nécessaire. Et certains l’ont fait ! Construire des éco-quartiers sains, attractifs et s’intégrant bien à la ville, voilà le défi qu’ont relevé 2 collectivités, l’une en France et l’autre en Europe.

Véritable enjeu de la ville de demain, l’éco-quartier apporte une échelle d’expérimentation intéressante pour intégrer les enjeux du développement durable. Près de 40 éco-quartiers sont labellisés en France. Ailleurs en Europe, des centaines de sites sont créés ou en cours de construction. Dès le début des années 2000, quelques villes pionnières ouvrent la voie en créant les premiers éco-quartiers d’Europe. Leur expérience a inspiré de nombreuses autres cités qui se sont par la suite lancées dans l’aventure. Découvrons deux de ces éco-quartiers « modèles » : BedZED au Sud de Londres et Bonne à Grenoble.

L’éco-quartier BedZED (Londres), le pionnier écologique

Beddington Zero Energy, situé à Sutton au Sud de Londres, est un des plus anciens éco-quartiers d’Europe. Créé au début des années 2000 et bâti sur un ancien site industriel, le projet est de réduire l’empreinte écologique du site de 50% par rapport à un quartier traditionnel. Composé de 82 logements, 1,7 hectares, 2500m2 de bureaux et commerces, l’éco-quartier vise la réduction des dépenses énergétiques, le développement de la mixité sociale et la diminution des pollutions provenant des logements et des transports.

Les architectes conçoivent l’ensemble des bâtiments dans une optique de haute qualité environnementale et énergétique. Leur but ? Ils souhaitent que les habitants bénéficient de logements sains et d’un cadre de vie agréable, tout en bénéficiant de toutes les infrastructures : commerces, crèches, écoles, équipements sportifs. Loin d’être réservé à une élite, l’éco-quartier de la ville de Sutton s’appuie sur une diversité sociale qui fait sa richesse. Grâce à l’implication à la fondation Peabody, une organisation caritative partenaire, la moitié des logements est réservée à des populations à revenus modestes.

Cet éco-village, novateur pour l’époque, a aujourd’hui 15 ans d’expérience. Les résultats sont très bons : réduction des consommations de chauffage de 80%, réduction des consommations d’eau de 50% et réduction de l’empreinte écologique totale de 50%. Pourtant, les objectifs prévisionnels ne sont pas totalement atteints faute d’une implication suffisante des usagers. Les réductions envisagées reposent en effet en grande partie sur les éco-gestes attendus.

A l’origine, le modèle devait être dupliqué dans d’autres régions du Royaume-Uni. Cependant, malgré les résultats encourageants, BedZED reste à ce jour une initiative marginale dans le pays. Pour l’instant en tout cas !

Bonne (Grenoble), l’éco-quartier à la française

L’éco-quartier de la ZAC de Bonne à Grenoble est sorti de terre en 2009 grâce à l’aménagement d’une ancienne caserne militaire située à proximité du centre-ville. Véritable projet de rénovation urbaine, il dispose de 8 hectares, 850 logements , 5000m2 de bureaux et 15000m2 de commerces. Ses infrastructures comprennent un cinéma, un centre commercial et de nombreux espaces verts. Construit à partir de 2005, l’éco-quartier repose sur une conception écologique, la performance énergétique des bâtiments et la réduction des émissions. Récompensé en 2009 pour son caractère innovant, Bonne fait figure de modèle en France.

A l’instar de son voisin anglais BedZED, la Haute qualité environnementale des bâtiments est au centre du projet. A la pointe en matière d’énergie renouvelable, le quartier s’approvisionne auprès d’une centrale photovoltaïque de 1000m2 … installée sur le toit du centre commercial ! Mais ce n’est pas tout : une attention particulière est portée sur les consommations d’eau, la gestion des déchets, la biodiversité et la mobilité. L’accès au centre-ville est un point fort du site : tram, vélo, voies piétonnes sont disponibles et permettent de réduire fortement l’usage de la voiture au quotidien.

D’un point de vue humain, l’éco-quartier se veut multi-générationnel : aux côtés des immeubles, on y trouve une résidence pour personnes âgées, des écoles et une crèche. Le brassage social est moins évident car si 30% d’habitat social est intégré au quartier, les prix au m2 restent élevés et attirent essentiellement une population aisée. Les résultats sont là : des logements économes, des alternatives à l’automobile, un environnement sain et vert. Pourtant, l’évolution des pratiques collectives est plus longue que prévu au sein de l’éco-quartier. En effet, l’adoption de nouveaux comportements dits « éco-responsables » par les habitants n’est pas systématique.

Deux projets d’éco-quartier, une même ambition

Comme nous l’ont montré les exemples de BedZED et de Bonne, les éco-quartiers sont des projets complexes, dont la mise en œuvre varie selon leur territoire d’implantation. Construits tous deux dans les années 2000, ils ont toutefois aussi des points communs.

Le point fort de ces deux éco-quartiers est leur localisation. A proximité de la ville et bien desservis, ils sont attractifs pour les populations urbaines qui souhaitent allier la présence de commodités avec la qualité de vie. Le point d’amélioration, que l’on retrouve dans les deux exemples, demeure l’éducation des riverains. Les habitants ne sont pas forcément impliqués en amont du projet, ni sensibilisés sur les usages pourtant requis lorsqu’on habite un tel éco-quartier.

En tous les cas, ces deux « modèles » nous montrent qu’une autre voie possible. Et nombreuses sont les collectivités en France et en Europe qui se sont inspirées de leurs expériences pour aller encore plus loin dans l’expérimentation. Et qui s’impliquent pour relever le défi de la ville de demain : l’intégration et l’appropriation du développement durable en milieu urbain.