Une série de sondages récents montre l’intérêt croissant des Français pour l’écologie. Et si ce sujet s’imposait pour les municipales, moins verrouillées que les élections nationales ?

Depuis des années, la montée des questionnements relatifs à l’écologie occupe de plus en plus l’espace public, médiatique et politique. Peu à peu, les citoyens prennent conscience de l’importances problématiques écologiques : réchauffement climatique, crise de la biodiversité, acidification des océans…

Toutefois, ce sujet a toujours eu du mal à s’imposer pleinement dans l’agenda politique. Verrouillées par des enjeux plus immédiats (chômage, pouvoir d’achat, montée des extrêmes) les élections nationales sont historiquement assez peu structurées par la question écologique. Mais cela pourrait changer en 2020 avec les municipales.

Les français et l’écologie : une préoccupation politique

On avait déjà eu des indices en mai dernier : aux élections européennes, la liste Europe Écologie-Les Verts arrivait 3ème, devançant les grands partis historiques de la gauche et de la droite.

Depuis, les sondages n’ont pas démenti cet intérêt des Français pour l’écologie : en septembre, un sondage Ispos-Sopra Steria indiquait que la préoccupation numéro 1 des Français était la protection de l’environnement, devant le pouvoir d’achat. Une tendance confirmée par un autre sondage Yougov Business Insider : l’écologie serait la première inquiétude des Français, devant le chômage.

L’intérêt pour les questions écologiques se mesure aussi par l’espace de plus en plus important qu’elles occupent sur la scène médiatique. Le réchauffement climatique, bien souvent oublié des médias, fait désormais l’objet d’analyses quasi-quotidiennes, notamment lors de la survenue d’évènements météo extrêmes. Bien aidées en cela par les phénomènes comme la collapsologie, Greta Thunberg ou encore Extinction Rebellion, les questions écologiques sont au coeur de l’actualité.

Écologie : LE sujet des municipales en 2020 ?

Évidemment, dans le cadre des municipales cette préoccupation croissante pour l’écologie se retrouve dans les différents sondages d’intention de vote. À Bordeaux par exemple, ville dont la mairie est à droite depuis toujours , le candidat écolo Pierre Hurmic récolte 24% d’intentions de vote en solo, 30% en cas d’alliance avec le PS selon un sondage La Tribune Elabe. C’est deux fois plus que le candidat de la majorité présidentielle.

Dans plusieurs grandes villes de France : même scénario. Les candidats écolo affichent des scores entre 20 et 25% au premier tour à Rennes, Nantes, Nancy, Montpellier, Besançon et bien-sûr à Grenoble ou le maire écologiste sortant est crédité de près d’un tiers des voix. À Toulouse aussi, les écologistes entendent peser sur le second tour par le système des alliances.

Quant à Paris, l’écologie est bien sûr au coeur des débats. La maire sortante a bâti son mandat sur une forte priorité donnée à l’écologie et notamment à la transition vers une mobilité sans voiture. Les écologistes qui sont arrivés en tête dans plusieurs arrondissements du Nord-Est pourraient faire à nouveaux de bons scores. Cédric Villani, candidat dissident de LREM a quant à lui affirmé vouloir être le premier maire écologiste de Paris.

On voit d’ailleurs la stratégie des candidats évoluer sur ce sujet : désormais presque tous les candidats affichent clairement les ambitions écologiques de leur programme. À Bordeaux, par exemple, le candidat LREM déclarait ainsi (à l’image de Villani à Paris) : « À Bordeaux, le premier défi c’est la transition écologique« . À Toulouse, le maire sortant LR met lui aussi l’accent dans sa communication sur les problématiques écologiques : pollution de l’air, végétalisation, transition énergétique…

Incontestablement, la campagne va s’axer sur le thème de la protection de l’environnement, qui devient progressivement un enjeu crucial du débat politique local.

Les municipales pour résoudre les paradoxes de l’écologie politique

La tendance est claire : en politique désormais, il faut compter sur l’écologie. Et les échelons locaux sont particulièrement concernés, plus sans doute encore que l’échelon national.

En effet, paradoxalement, le débat écologique est beaucoup moins présent dans la politique nationale qu’il ne l’est dans la politique locale. Pour beaucoup de Français, la politique nationale c’est avant tout l’économie (chômage, pouvoir d’achat, fiscalité) quitte à mettre l’écologie au second plan. C’est ce que l’on constate en regardant les résultats du récent sondage publié par l’Institut Viavoice : l’essentiel les attentes des Français en matière de politique budgétaire nationale tournent autour du pouvoir d’achat et de la baisse de la fiscalité. 61% des citoyens se disent ainsi favorable à l’arrêt de la hausse de la fiscalité écologique.

Le niveau local, et particulièrement municipal, est moins verrouillé par ces problématiques et donc plus ouvert à des débats comme l’écologie. Les mairies, les régions et les départements sont identifiés comme les acteurs privilégiés de l’aménagement du territoire, et donc de la politique écologique. Ce sont ces collectivités qui peuvent agir au quotidien et au plus près des citoyens pour mettre en place des systèmes de transport plus écologique, pousser un urbanisme plus durable, ou pour mieux protéger les espaces naturels locaux.

Certains pensent alors que les territoires doivent être la clef de la politique écologique. Reste à savoir comment cette transition vers une écologie des territoires, incarnées par les villes, pourra se faire en cohérence avec la politique écologique globale. En attendant, les problématiques écologiques seront à coup sûr au coeur du débat pour les municipales en 2020.