Quel est l’état des écosystèmes mondiaux ? Que reste-t-il de « sauvage » sur la planète ? On fait le point sur une étude récente.

Seulement 3% des surfaces terrestres sont intactes avec des populations d’animaux en bonne santé et non perturbées par les activités humaines d’après une étude publiée le 15 avril 2021 dans Frontiers in Forests and Global Change.

Hormis l’Antarctique qui n’a pas été prise en compte, ces écosystèmes préservés se trouvent au cœur des forêts tropicales de l’Amazonie et du Congo, dans le désert du Sahara et dans les forêts et toundras de l’Est de la Sibérie et du nord du Canada. Des zones essentiellement gérées par des communautés indigènes, soucieuses de la préservation des forêts.

L’impact des activités humaines et des espèces invasives sur l’environnement

« Une grande partie de ce qu’on considère comme un habitat intact est dépourvue de nombreuses espèces, qui disparaissent après avoir été chassées par l’Homme, ou après l’apparition de nouvelles espèces envahissantes ou de maladies. » selon Dr Andrew Plumptre, auteur principal de l’étude

De précédentes études, basées principalement sur des images satellites, mentionnaient 20 à 40% de la surface terrestre comme n’étant pas affectée par l’activité humaine. Mais c’est en se rendant sur place, dans les forêts, les savanes ou les toundras que les scientifiques se sont aperçu que des espèces vitales disparaissaient.

Par exemple, les singes bonobo ou encore certaines espèces d’éléphant jouent un rôle important dans la dissémination des graines des plantes de leur forêt tropicale. En consommant des fruits, ils ingèrent également des graines qui transitent par leur système digestif et sont ensuite relâchées plus loin par le biais des excréments. Cela s’appelle l’endozoochorie. Cependant, ces deux espèces des forêts tropicales sont en danger ce qui, indirectement, menace le maintien de la biodiversité dans ces zones.

Les espèces peuvent être menacées à la fois par l’action des activités humaines qui modifient le sol, l’habitat, utilisent excessivement les ressources, ou par des espèces invasives. En Australie, des espèces comme les chats, les renards ou encore les lapins ont eu un impact tel sur les espèces natives qu’il n’existe aujourd’hui plus aucune zone intacte d’après l’étude.

La réintroduction d’espèces, une piste de solution

Les scientifiques suggèrent de réintroduire des espèces importantes dans des zones impactées, ce qui pourrait augmenter le pourcentage des écosystèmes terrestres mondiaux intacts de 3 à 20%.

Par ailleurs, si toutes les conditions nécessaires sont remplies pour réintroduire des espèces et retrouver l’intégrité de la faune, cela augmentera l’intégrité écologique sur une grande partie de la zone où les impacts humains sont faibles. Les scientifiques préconisent donc de concentrer les efforts de restauration dans ces zones afin d’augmenter la superficie de la planète présentant une intégrité écologique totale.

On peut prendre l’exemple de la réintroduction de loups dans le parc de Yellowstone aux Etats-Unis, dont la population avait été éradiquée dans les années 1920. Cette mesure permet d’illustrer le phénomène écologique de « cascade trophique », c’est-à-dire la relation prédateurs/proies et toutes les influences qui en découlent à plusieurs niveaux (biomasse, abondance des espèces animales et végétales, etc.).

En effet, la population cerfs canadiens (wapitis) du parc était tellement importante que la végétation devenait rare malgré des chasses régulières pour limiter leur population. La réintroduction de loups a amené les cerfs à se déplacer dans de nouveaux endroits plus à l’abri des loups ce qui a permis à la végétation de se régénérer à ces endroits. La renaissance de la végétation a provoqué le retour de nombreuses espèces avec entre autres des oiseaux, des castors ou encore des loutres et canards qui bénéficient des retenues d’eau des castors.

L’impact des activités humaines et des espèces invasives perturbe les chaînes trophiques, pourtant essentielles au fonctionnement des écosystèmes. La réintroduction d’espèces, lorsqu’elle est correctement menée, peut conduire à une augmentation des zones écologiquement intactes.

En janvier, plus de 50 pays se sont engagés à préserver 30% de la planète d’ici 2030 lors du One Planet Summit en janvier 2021, tandis que seulement 15 % des espaces terrestres et 7 % des océans sont aujourd’hui sous protection.

Selon Andrew Plumptre, « conserver le plus possible d’espaces naturels intacts est indispensable. Cela montre comment était le monde avant que les Hommes n’aient d’impact significatif sur les écosystèmes, ce qui nous aide à mesurer combien nous avons perdu. »

Photo by Ivan Bandura on Unsplash

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