Partout dans le monde, de nombreux pays se mettent à la fracturation hydraulique pour récupérer des gaz ou des pétroles de schistes. Partout où les industriels tentent de mettre en place la fracturation hydraulique, des polémiques intenses naissent notamment sur son impact environnemental et sanitaire. Mais alors, quelles sont vraiment les conséquences de cette technique d’exploitation sur l’environnement ?

Fracturaction hydraulique : définition

Revenons d’abord sur ce qu’est la fracturation hydraulique. On emploie la fracturation hydraulique afin d’extraire du sol des gaz, ou des hydrocarbures, qui sont confinés dans des couches rocheuses inaccessibles. Pour simplifier, on peut dire que les gaz que l’on cherche à atteindre son emprisonnés dans des micro-cavités dans des couches de roche (du charbon la plupart du temps). On ne peut donc pas simplement forer le sol en espérant que le gaz remonte car il est « coincé ». On utilise donc ce qu’on appelle la fracturation hydraulique. Cela consiste à forer les couches rocheuses, puis à y injecter à haute pression de l’eau afin de créer des fissures dans la roche. Grâce à ces fissures, le gaz peut circuler dans les couches de charbon jusqu’aux puits de forage, et on peut ainsi le récupérer en surface.

Dans certains pays, cette technique a permis d’extraire des quantités énormes de pétrole et de gaz, et donc de développer l’économie régionale. Par exemple, les installations de fracturation hydraulique installées aux Etats-Unis (dans le Sud du Texas à Eagle Ford) auraient généré près de 87 milliards de dollars.

Les conséquences environnementales de la fracturation hydraulique

Outre le fait qu’elle consiste encore en une source d’énergie non-renouvelable, combustible et polluante, cette technique d’extraction aurait de fortes conséquences environnementales. Et comme il est parfois difficile de démêler le vrai du faux sur ce qui se dit à propos de la fracturation hydraulique, nous avons enquêté !

1. La fracturation hydraulique et la pollution des eaux et des sols

L’un des principaux problèmes environnementaux de la fracturation hydraulique est la pollution des eaux et des sols qu’elle engendre. En effet, dans le cadre de la fracturation hydraulique, lorsque l’on injecte à haute pression de l’eau dans les fissures rocheuses, on y ajoute des adjuvants chimiques (les agents de soutènement, ou proppants), qui permettent à l’eau injectée de pénétrer plus facilement dans les fractures rocheuses. D’après le Département Américain de l’Énergie, ces fluides peuvent être composés d’une douzaine de produits différents : acide acétique, acide hydrochlorique, sel de borate, hydropropanol, éthylène glycol…

En théorie, l’eau ainsi injectée est récupérée par l’exploitant et ne doit pas rester dans le sol. Elle n’est donc pas supposée contaminer l’environnement. Mais l’Agence Américaine de Protection de l’Environnement a mené une étude montrant que ces fluides pouvaient se déplacer dans le sol, et ainsi contaminer les nappes phréatiques et les circuits d’eau potable. Une étude récente menée par la réputée Université de Standford montre également que la fracturation peut entraîner la contamination des réserves d’eau par les gaz naturels présents dans la roche. En fracturant les couches du sous sol, on permet en effet au gaz de s’y déplacer et donc d’éventuellement contaminer les réserves aqueuses.

2. La fracturation hydraulique et l’activité sismique

Une autre crainte souvent évoquée pour la fracturation hydraulique est celle de l’activité sismique. La fracturation étant basée sur sa capacité à fragiliser et à créer des fissures dans les roches, elle modifie l’équilibre tectonique local et la pression du sous sol. Certains chercheurs estiment qu’elle pourrait être liée à des tremblements de terre, glissements de terrains et autres activités sismiques. Par exemple, des scientifiques de plusieurs universités américaines ont étudié ce lien et ont jugé qu’il était plausible que la forte activité de fracturation hydraulique dans certaines zones aux Etats-Unis aient pu contribuer à la survenue de plusieurs séismes, dont certains de magnitude supérieure à 5.5.

3. La biodiversité menacée par la fracturation hydraulique

Conséquence de ces contaminations et de cette activité sismique, la fracturation hydraulique menacerait également la biodiversité. D’après un rapport publié dans les Annales de l’Académie des Sciences de New York, la salinisation et la pollution des sols et des eaux, mais aussi les vibrations et les perturbations des terrains menaceraient certaines espèces locales, notamment celles qui dépendent des eaux de surface ou de la stabilité des sols pour vivre.

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Les conséquences sanitaires de la fracturation hydraulique

Enfin, certaines études plus récentes montrent également que la fracturation aurait des conséquences sanitaires parfois importantes sur les populations locales.

L’Université du Missouri a ainsi mené une étude de grande ampleur sur les populations vivant près des installations de fracturation, et a constaté une augmentation significative des perturbations endocriniennes et des maladies hormonales chez les personnes exposées. Les agents chimiques utilisés lors de la fracturation seraient encore une fois incriminés.

Une analyse de l’Université de Pittsburgh met aussi en évidence que chez les populations vivant à proximité des sites de fracturation hydraulique, on constate des grossesses plus difficiles et des bébés pensant moins lourd à la naissance. Difficile d’identifier précisément la corrélation (produits chimiques ? exposition aux gaz ?) mais cela inquiète les populations locales.

La fracturation peut-elle être sans danger ?

Face à ces constats, les inquiétudes des riverains notamment aux Etats-Unis semblent se justifier. En France, la fracturation hydraulique est interdite par la Loi n° 2011-835 du 13 juillet 2011, qui stipule que « En application de la Charte de l’environnement de 2004 et du principe d’action préventive et de correction prévu à l’article L. 110-1 du code de l’environnement, l’exploration et l’exploitation des mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux par des forages suivis de fracturation hydraulique de la roche sont interdites sur le territoire national. »

Outre-atlantique, certains essaient déjà de trouver des alternatives plus écologiques à la fracturation conventionnelle. Pour cela, ils essayent d’utiliser des additifs non polluants, de recycler les eaux usées utilisées dans le processus… D’autres encore tentent de développer des modèles de fracturation en utilisant du propane. Les industriels essaient donc de rendre cette pratique plus « green ». Mais il semble désormais difficile de convaincre les consommateurs du bien fondé de cette démarche, surtout dans un contexte de COP21 et de transition énergétique où la recherche d’énergies fossiles paraît de moins en moins légitime.

 

Crédits image : fracturation hydraulique sur Shutterstock, Fracking sur Shutterstock