Un sondage récent mené par BVA revient sur l’engagement des Français face au réchauffement climatique. Une prise de conscience réelle mais encore en demi-teinte.

On le sait, les questions environnementales et en particulier le réchauffement climatique sont au coeur des préoccupations des citoyens. De plus en plus de sondages le montrent : les Français sont attachés aux questions écologiques, et souhaitent engager la société dans une transition.

Un récent sondage mené par le groupe BVA revient sur ces questions. Voyons ce que l’on peut en tirer.

Réchauffement climatique : les Français motivés…

D’abord, le sondage fait un constat important : la crise du coronavirus et la crise économique liée ne sont pas vraiment un frein à l’engagement climatique pour la plupart des Français.

En effet, près de 40% des Français estiment que dans le contexte de la crise, se préoccuper du réchauffement climatique est encore plus important qu’hier. Ils sont aussi 41% à estimer que la crise n’a pas changé le caractère prioritaire du réchauffement climatique. Moins de 20% pensent que les enjeux climatiques doivent passer au second plan, peut-être devant les questions de relance économique. Cela rejoint les différentes études menées ces derniers mois sur les attentes des Français pour le monde d’après.

La crise a mis en lumière la nécessité de faire la transition vers des sociétés plus résilientes, mieux à mêmes d’anticiper les risques globaux et de s’y préparer.

Climat : l’engagement face au portefeuille

Toutefois, la grande majorité des Français ne souhaitent pas se mobiliser personnellement sur les questions climatiques si cela implique un engagement financier.

Ainsi, près de 65% des Français refusent d’envisager de voir son revenu disponible diminuer pour la lutte contre le réchauffement climatique. Cela signifie concrètement que les Français semblent réticents à une hausse des impôts ou des prélèvements qui pourrait financer des réformes de lutte contre le réchauffement climatique. Même parmi les 15% les plus riches, au-dessus de 2500 euros de revenu mensuel disponible, à peine 40% accepteraient de voir leur revenu baisser pour le climat.

Quant à ceux qui accepteraient une baisse de revenu, ils ne consentent qu’à des baisses très faibles. 40% d’entre eux n’accepteraient qu’une baisse de moins de 1%, et moins de 10% d’entre eux envisagent une baisse supérieure à 5% de leur revenu disponible.

En résumé : s’engager oui, mais pas si cela touche au revenu.

Des priorités climatiques irrationnelles ?

Autre constat du sondage : les priorités des Français en matière d’engagement climatique ne reflètent pas forcément la hiérarchie des enjeux climatiques en France.

Ainsi, la majorité des Français sont favorables à l’investissement dans les énergies renouvelables pour lutter contre le réchauffement climatique. Les panneaux solaires sont plébiscités par 85% des Français, quant les éoliennes sont soutenues par près de 70% d’entre eux (78% pour les éoliennes en mer, 66% pour les éoliennes terrestres). Or la production électrique n’est aujourd’hui pas vraiment une priorité pour l’action climatique en France : l’électricité française, produite à partir d’énergies bas-carbone, contribue peu au réchauffement climatique. La France n’a pas forcément besoin de plus d’énergies renouvelables pour lutter contre le réchauffement climatique.

En revanche, en ce qui concerne la mobilité, les Français semblent plus réticents au changement. Ils sont près de 50% à refuser l’idée de faire la transition vers la voiture électrique lors de leur prochain changement de véhicule. Or c’est plutôt là que se situent les enjeux importants pour le climat en France : le transport est la première source d’émissions de CO2 du pays et la mobilité individuelle en voiture représente la majorité de ces émissions. C’est donc en s’engageant sur leur mobilité quotidienne que les Français auraient le plus d’impact sur le climat.

Il semble donc que les Français connaissent mal les enjeux climatiques du pays, ce qui les incite à prioriser des actions moins efficaces pour réduire nos émissions de CO2.

En clair : les Français veulent un engagement pour le climat. Mais ils sont plus réticents lorsque ce changement les touche directement, soit au niveau de leur revenu, soit au niveau de leurs habitudes de mobilité. Motivés, mais pas trop, donc.

Photo par Markus Spiske sur Unsplash