La génération Y, ou génération Millenium est de plus en plus active. En accédant à l’emploi, ces jeunes nés dans les années 80 et 90 transforment progressivement le monde du travail, et en particulier la RSE. Retour sur cette génération de la rupture.

La génération Y, qu’est-ce que c’est ? Définitions

Après la génération X, la génération Y ou génération millenium (millenials en anglais) est le nom de cette nouvelle génération qui accède depuis quelques années au monde du travail. Ces jeunes nés entre 1980 et le milieu-la fin des années 1990 seraient en rupture avec les générations précédentes. C’est la première génération « internationale », « mondiale » dans le sens où elle est marquée par le multiculturalisme et la mondialisation, contrairement aux générations précédentes qui ont largement vécu dans un monde d’Etats-Nations. C’est la première génération digitale, la première à être née et à avoir grandi dans les révolutions numériques, internet et les réseaux sociaux. C’est aussi une génération qui remet en cause beaucoup de codes : la famille, les genres, la politique, les rapports sociaux, et bien sûr, le monde du travail. Et si on décrit parfois la génération Y comme la génération « empêcheur de travailler en rond », la génération « stagiaire roi », la réalité est différente.

La fameuse génération « petite poucette » dont parle Michel Serres arrive en effet dans le monde du travail depuis une petite dizaine d’année, et elle modifie déjà considérablement les rapports de travail. Au fur et à mesure que cette génération qui représentera bientôt plus de 50% de la population mondiale (grâce aux pays émergents) va s’imposer, c’est peut-être le travail, l’entreprise, et la vie professionnelle dans son ensemble qui vont se transformer.

Comment la génération Y transforme le monde du travail

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La génération Y est d’abord la première génération à subir le chômage de masse et de longue durée. En France, 25% des moins de 25 ans sont au chômage, et en moyenne ce chiffre passe à 30% dans l’ensemble du monde. C’est donc la première génération à être quasi-certaine que sa vie professionnelle ne sera pas linéaire. Terminée l’idée d’une vie professionnelle stable, au même poste plus ou moins toute la vie, dans la même entreprise pendant 20 ou 30 ans. Les jeunes qui accèdent à l’emploi savent qu’ils changeront de poste régulièrement, qu’ils devront être les entrepreneurs de leurs propres carrières et être proactifs dans la recherche des emplois qui recrutent. Chez les jeunes aux Etats-Unis, il y a désormais plus de freelance que de CDI, preuve que le salariat classique de longue durée est en perte de vitesse.

Cette nouvelle génération est aussi numérique. Elle veut travailler grâce aux nouveaux outils qui mettent le savoir à portée de sa main. Ils veulent une communication plus transparente, plus instantanée grâce aux outils digitaux. De fait, les rapports de travail commencent à se transformer : bienvenue aux « conf-call », aux rendez-vous via Skype, au télé-travail (dont les bénéfices sont nombreux pour la santé et la performance) et à la mobilité, au revoir aux réunions face-à-face et au pointage au bureau. D’après une étude PWC 65% des jeunes milleniums estiment que les méthodes de travail traditionnelles (réunion, horaires rigides, mauvaise utilisation des nouvelles technologies) les empêchent de développer leur potentiel. D’ailleurs, de nombreuses études révèlent que des semaines de travail moins chargées et plus flexibles permettent d’être plus productif.

Les milleniums sont aussi une génération du sens. Les sociologues des générations Strauss & Howe expliquent que chaque génération se construit par opposition à la précédente. La génération Y a donc construit son rapport au travail par opposition à une génération X qu’elle voit (à tort ou à raison) comme sacrifiée sur l’autel de l’emploi. Cette génération veut se construire grâce au travail, trouver une activité qui ait du sens et ne pas se laisser miner par un travail qu’elle n’aime pas. Les jeunes cherchent des vocations, des métiers qui puissent les enrichir. Ces jeunes veulent trouver l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle.

S’ils sont 47% à travailler plus que leurs horaires, ils espèrent que la flexibilité de leurs horaires et des manières de travailler leur permettra de mieux gérer leur vie. Ils espèrent aussi que les nouvelles technologies leurs permettront de trouver cet équilibre en permettant de travailler d’ailleurs, de perdre moins de temps dans les transports.

Génération Y : l’avènement de la RSE

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Pour trouver du sens dans son travail, la génération Y veut aussi plus de justice sociale, plus de diversité, une meilleure égalité homme-femme au travail. Pour la première fois, plus de femmes que d’homme aspirent à être chef d’entreprise (34% contre 24%).

Mais les jeunes veulent aussi plus de sens dans l’entreprise elle-même. La génération Y donne plus d’importance au sens, aux valeurs, à l’accomplissement qu’à l’argent. On sait que les salariés plébiscitent la RSE dans l’entreprise, et considèrent que les managers ne leur donnent pas suffisamment de moyens pour s’investir dans la RSE de leur entreprise. Cette tendance est symptomatique d’une envie nouvelle des « Y » : ils veulent que leur entreprise soit bonne pour la planète, bonne pour la société. Une étude « Global Tolerance » révélait récemment que 62% des jeunes ne veulent travailler que « pour des entreprises et organisations qui cherchent à délivrer un impact environnemental et social positif ». Les jeunes veulent s’investir dans l’impact environnemental de leur entreprise, participer au mécénat de compétence, intégrer l’activité de l’entreprise à l’écosystème économique local et international… Résultat, la RSE devient un argument de recrutement pour les entreprises. On peut supposer que pour attirer les meilleurs candidats, les entreprises vont devoir doper leur RSE.

D’ailleurs, la génération Y commence à faire ses choix d’achats en fonction de la RSE des entreprises. 84% d’entre eux considèrent que la RSE est un critère essentiel pour savoir à quelle entreprise acheter.

 

Cette génération sera donc probablement celle d’une nouvelle ère du travail, marquée notamment par la quête de sens, la flexibilité et le digital. S’il fallait une preuve de ce changement qui commence, il faudrait sans doute la chercher du côté des succès de « l’uberisation » des entreprises. Reste à savoir si cette transition pourra se faire sans que se développe, en même temps, la précarité du travail.

 

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