Un quart des entreprises contrôlées par la DGCCRF seraient non-conformes en matière de publicité environnementale. Le greenwashing est donc encore bien présent en France.
En France, la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) est en charge notamment de contrôler la loyauté des pratiques de communication et de publicité. Elle vérifie (et éventuellement sanctionne) ainsi les pratiques de publicité mensongère, et donc, par extension, de greenwashing.
En 2021 et 2022, la DGCCRF a ainsi mené une vaste opération de contrôle des allégations environnementales et les labels environnementaux, portant sur des produits et des services (hors alimentation). Leurs résultats, publiés fin mai 2023, montrent qu’une entreprise sur quatre en France est coupable de greenwashing, c’est-à-dire que ses allégations et ses communications environnementales ne respectent pas la réglementation et ne reflètent pas un bénéfice environnemental concret.
Une enquête sur le greenwashing en France
Plus de 1100 entreprises ont ainsi été contrôlées, et leurs communications environnementales passées au peigne fin, sur l’ensemble des supports : étiquettes, emballages, réseaux sociaux, site web, publicité diverses, en magasin, etc.). Plusieurs secteurs hors alimentaires ont été analysés : textile, meubles, produits de beauté et cosmétiques, hygiène, ou encore certains services. Les résultats, publiés fin mai 2023, montrent que le greenwashing est encore extrêmement présent dans la communication des entreprises françaises.
Sur les 1100 entreprises contrôlés, près d’un quart présentaient ainsi des cas de non-conformité en matière de greenwashing. La DGCCRF a ainsi dressé 141 avertissements, 114 injonctions et 18 procès- verbaux pénaux ou administratifs sanctionner des communications non-conformes. Les plus graves ont même été transmises à la justice.
Des allégations globalisantes, floues, imprécises
Globalement, la répression des fraudes constate que les entreprises ne respectent toujours pas les recommandations en matière de communication responsable et de lutte contre le greenwashing, puisque de nombreuses communications utilisent encore des allégations globalisantes, non justifiées, ou floues, pour mettre en avant les prétendus bénéfices environnementaux de leurs produits.
Les plus fréquentes sont les « allégations globalisantes », c’est-à-dire qui utilisent des qualificatifs généraux, ne renvoyant pas à un impact environnemental précis. Or ces pratiques sont désormais sanctionnées depuis la loi AGEC qui encadre les pratiques de communication environnementales. En principe, on ne peut donc plus dire qu’un produit ou un service est « éco-responsable », « vert » ou « respectueux de l’environnement » car cela ne veut, concrètement, rien dire. Il faut alors plutôt mettre en avant les bénéfices précis : réduction des émissions de CO2, réduction de la quantité de déchets…
Dans le même esprit, de nombreuses communications sont « injustifiées », c’est-à-dire qu’elles ne chiffrent pas ou ne prouvent pas le bénéfice environnemental dont elles se targuent. Un exemple ? Dire que l’on réduit ses émissions de CO2, ou que le produit est fabriqué à partir de matières recyclées, sans préciser les chiffres, sans donner de preuves de l’impact allégué.
Les mensonges des communications environnementales
Mais cela va plus loin : les enquêteurs ont aussi constaté qu’une part significative des allégations environnementales étaient tout simplement fausses. Un exemple ? Un produit vendu avec la mention « pour chaque produit acheté, un don est reversé à l’association (X) qui lutte pour la sauvegarde des abeilles »… Alors que l’entreprises n’effectuait pas les dons en question.
Cette enquête est donc l’occasion de rappeler que les entreprises sont très loin d’être en conformité avec la réglementation en matière de communication environnementale, réglementation qui est pourtant loin d’être exigeante en France. Il y a donc des marges de progrès énormes pour lutter contre le greenwashing, et en attendant, faute de sanctions suffisantes, c’est au consommateur de savoir faire le tri dans les communications et autres publicités, pour éviter de tomber dans les pièges des mensonges trop fréquents des entreprises.
Une enquête qui révèle encore à quel point la publicité est souvent incompatible avec la transition écologique, et surtout, l’urgence de réglementer le secteur et de renforcer les contrôles.
Pour en savoir plus voir : Green Claims Directive : la loi contre le greenwashing en Europe
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