Les managers qui sous-estiment l’existence des discriminations de genre seraient plus enclins à les perpétuer. C’est en tout cas ce que suggère une étude récente.
Dans le monde du travail comme à l’extérieur, les femmes sont encore victimes de discriminations significatives. En termes de salaire, de capacité d’avancement, de perceptions et même de probabilités d’embauche, les femmes sont encore, et ce malgré des progrès dans certains domaines, toujours moins bien loties que les hommes.
Pourtant, un certain nombre de managers ont tendance à sous-estimer ces inégalités, à penser qu’elles sont peu ou proue résolues. Or une étude publiée par des chercheurs de l’Université d’Exeter et du Skidmore College le montre : cette attitude pourrait contribuer, paradoxalement ou ironiquement, à renforcer les discriminations envers les femmes. Explications.
Ceux qui sous-estiment les discriminations sont aussi ceux qui les pratiquent
L’étude cherchait à évaluer les perceptions et les attitudes des managers envers les inégalités de genre dans les professions de médecine vétérinaire. Pour cela, ils ont questionné un panel de managers dans ce secteur sur leurs perceptions des inégalités hommes-femmes, notamment en leur demandant s’ils estimaient que les femmes subissaient des discriminations au travail.
Au total, près de 45% des sondés estimaient qu’aujourd’hui les femmes ne subissaient plus vraiment de discriminations, 40% estimaient qu’elles en subissaient toujours et 15% ne se prononçaient pas.
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Les participants à l’étude ont ensuite été soumis à un test au cours duquel on leur demandait d’évaluer le profil professionnel d’un candidat dans leur domaine d’expertise et d’évaluer le salaire auquel ce candidat pourrait être rémunéré. Chaque participant devait évaluer le même profil (mêmes expériences, mêmes compétences, même CV ou dossier de candidature )avec un seul paramètre changeant : le nom. Certains candidats évaluaient un profil au nom d’Elizabeth, tandis que les autres évaluaient un profil au nom de Mark.
Résultat, les managers considérant que les discriminations auraient disparu auraient tendance à mieux valoriser le profil du candidat masculin par rapport à la candidate féminine (profils pourtant identiques), et donc à paradoxalement perpétuer les discriminations.
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Un écart de salaire perpétué par ceux qui n’y croient pas
Ceux qui sous-estiment les discriminations envers les femmes auraient aussi tendance à sur-évaluer le salaire adapté à un profil masculin par rapport au profil féminin. Ainsi, la préconisation moyenne de ces participants pour le salaire du profil masculin était près de 3000 euros annuels plus élevé que pour le profil féminin. Signe que le simple fait d’être un homme favorise l’accès à des salaires plus élevés, notamment lorsque l’on a affaire à des managers ayant tendance à nier l’existence d’inégalités de genre.
Cet écart de salaire correspond grosso-modo à un écart de 8%, ce qui se situe dans la moyenne des écarts de salaire observés entre hommes et femmes dans la profession.
Au contraire, dans le groupe de managers ayant déclaré que les femmes subissaient encore de nombreuses discriminations, on n’observe pas cette tendance à surévaluer le salaire du profil masculin. Au contraire, dans ce groupe, la préconisation de salaire est très légèrement supérieure (mais non significative, 300 euros annuels) pour les femmes.
Hommes-Femmes : de la nécessité de la prise de conscience
Cette étude illustre (entre autre) que les managers ayant le moins conscience de l’existence des discriminations semblent être ceux qui les perpétuent le plus (difficile de dire cependant dans quel sens opère la corrélation).
D’où la nécessité de poursuivre encore et toujours les efforts de pédagogie à destination des professionnels, pour rappeler que oui, aujourd’hui encore, les femmes subissent des discriminations (inconscientes ou non) dans le monde du travail.