Selon une étude menée par le Carbon Disclosure Project (CDP) les entreprises mondiales sont encore très en retard dans la mesure de l’impact environnemental de leurs fournisseurs.

La crise écologique s’accélère de jour en jour : réchauffement climatique, sécheresse, crise de la biodiversité, pollutions globales, tous les indicateurs sont au rouge. Pour arrêter cet écocide global, nous allons devoir transformer radicalement nos modes de production et de consommation, et les bases de notre système économique.

Les entreprises sont donc de plus en plus sous pression en matière de transition écologique. Si les réglementations réellement contraignantes sont rares, il est attendu que les acteurs privés fassent au moins l’effort de mesurer leur impact sur l’environnement, et ce, sur l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement. Mais d’après un rapport publié par le Carbon Disclosure Project (CDP), les entreprises mondiales sont encore très en retard sur ce point.

Mesure d’impact écologique : 18 000 entreprises interrogées

Le CDP, association à but non-lucratif qui accompagne les entreprises dans la mesure de leurs impacts environnementaux (et notamment leur impact carbone), a ainsi compilé les données de plus de 18 000 entreprises, et analysé la façon dont elles font le reporting de leurs impacts environnementaux.

Les résultats montrent que de plus en plus d’entreprises s’engagent dans la mesure et la publication de leurs impacts environnementaux. Près de 18 000 entreprises entreprises rendent publiques leurs données climatiques à travers le CDP, ce qui représente une hausse de 41% par rapport à 2021. Mais globalement, les entreprises restent très en retard sur les autres sujets écologiques.

Par exemple, seules 7 000 entreprises intègrent à leur reporting les données concernant leur impact sur la biodiversité. Concernant leur impact sur l’eau, on descend à 4 000 entreprises, et pour les forêts à peine 1 000 entreprises ont des données d’impact.

Voir aussi : Le reporting extra-financier est-il en train de tuer la RSE ?

Une mesure d’impact parcellaire et peu précise

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Quand on rentre dans le détail, on voit également que les mesure d’impact environnemental des entreprises sont en général très limitées. Ainsi, si de plus en plus d’entreprises font le reporting de leurs émissions de gaz à effet de serre, elles ne sont que 41% à mesurer et rendre publiques au moins une catégorie d’émissions de leur « scope 3« , c’est-à-dire le périmètre incluant les émissions de leurs fournisseurs.

Or, les émissions du scope 3 représentent la grande majorité des émissions des entreprises. Selon les données CDP, les émissions du scope 3 équivalent à plus de 10 fois les émissions « opérationnelles » des entreprises (les émissions du scope 1 et du scope 2). En résumé : plus d’une entreprise sur deux se contente de mesurer et publier 10% de leurs émissions de CO2. Les données sont donc extrêmement limitées, et ne permettent pas de rendre compte correctement des impacts environnementaux des acteurs privés.

Si l’on regarde les autres enjeux écologiques (biodiversité, eau, forêts…) les données sont évidemment encore moins précises, à cause notamment de l’absence de méthodologie standardisée pour mesurer les impacts « biodiversité » ou les impacts « eau ».

Voir aussi : Scope 1, 2 et 3 : définition

Mesure d’impact : les chaînes d’approvisionnement largement ignorées

D’une manière générale, les entreprises ne travaillent pas encore vraiment avec leurs fournisseur et leurs chaînes d’approvisionnement autour des enjeux d’impact écologique. Par exemple, sur les 18 000 entreprises publiant des informations sur leur impact climatique, à peine 39% s’engagent à accompagner leurs fournisseurs dans leur démarche climatique et leur propre mesure d’impact.

Côté empreinte eau, seules 900 entreprises (soit 23% des 4000 entreprises mesurant leur impact sur l’eau) travaillent réellement avec leurs chaînes d’approvisionnement. Et pour les indicateurs liés à la déforestation, moins de 500 entreprises ont engagé un partenariat réellement structuré avec leurs fournisseurs.

Bref, sur la mesure d’impact environnemental, les entreprises mondiales semblent encore très en retard. Et notamment lorsqu’il s’agit de mesurer ces impacts sur l’ensemble de leur chaîne de valeur. Pourtant, c’est bien cet enjeu qui devra être au coeur de la transition écologique des entreprises, notamment dans le cadre de la CSDD européenne, qui impose une vigilance accrue pour les grandes entreprises quant à leur chaîne d’approvisionnement.

Voir aussi : Neutralité carbone et greenwashing

Photo de Greenpeace Finland sur Unsplash

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