Les deux-roues motorisés polluent-ils plus que les voitures ? Quel est l’impact des motos, scooters et autres deux-roues sur l’environnement ? Comment choisir un véhicule deux-roues motorisé plus écologique ? On vous explique.

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Quand on parle de pollution et d’émissions de gaz à effet de serre, on pense spontanément au transport. Et c’est logique puisqu’en France les transports sont la première source d’émissions de gaz à effet de serre et la première cause de la pollution de l’air. Mais les transports, c’est vague : s’agit-il des transports automobiles ? Des camions ? Des bateaux ou des avions ? Et qu’en est-il des petits modes de transport individuel comme les scooters, les motos ou les deux-roues motorisés divers et variés qui peuplent nos routes ? Voyons ce que disent les études.

Les deux-routes, moto et scooters : généralement moins polluant que les voitures ?

Les deux-roues motorisés en général (que ce soit des motos, des scooters 50 cm3 ou 125 cm3, moteur à deux temps ou non etc.) représentent une faible partie des véhicules circulant sur les routes françaises. De ce fait, il est parfois difficile de trouver des informations sur l’impact environnemental de ces véhicules, car assez peu d’études sont menées sur le sujet. Parmi les études disponibles, la plupart sont assez anciennes et la majorité ne portent que sur certains véhicules spécifiques qui ne reflètent pas forcément la diversité des modèles, des motorisations ou des normes auxquelles ils sont soumis.

Malgré tout, on dispose de certains chiffres références qui peuvent donner une idée. L’ADEME en 2008 a publié une étude comparative des émissions polluantes de deux véhicules deux roues (une moto 600 cm3, un scooter 125 cm3) et d’une voiture. Les deux véhicules deux roues étaient soumis à la norme d’émission de polluants Euro3 en vigueur à l’époque (désormais, c’est la norme Euro4, plus contraignante, qui est réglementaire).

Les résultats montraient que les deux-roues émettent généralement moins de gaz à effet de serre qu’une voiture, même récente. Ainsi, la moyenne des émissions de CO2 d’un scooter 125 cm3 tournait autour de 87 g de CO2/km, alors que les voitures neuves vendues à l’époque étaient plutôt autour de 130 g de CO2/km. Seules les voitures très compactes (et dotées de moteurs diesel) avaient des performances comparables à un scooter sur les émissions de gaz à effet de serre. Bien-sûr, les motos, plus lourdes et dotés de moteurs plus puissants, émettaient plus de CO2.

Deux-roues : des performances écologiques variables selon les polluants et l’âge du véhicule

Du côté des émissions polluantes et particules fines (oxyde d’azote, monoxyde de carbone, hydrocarbures imbrûlés), les performances varient sensiblement en fonction des polluants examinés. Ainsi, si les deux-roues semblent émettre moins d’oxydes d’azote que les voitures diesel, leurs émissions de monoxyde de carbone sont au contraire plus élevées, notamment sur les petits moteurs (125 cm3) pour lesquels la réglementation est moins contraignante.

D’autre part, l’étude mettait aussi en évidence une donnée intéressante sur l’âge des véhicules : plus un véhicule est âgé, plus ses performances écologiques se dégradent. En effet, les moteurs testés ne passaient plus les tests d’homologation après quelques milliers de km : les émissions polluantes augmentent donc au fur et à mesure que le moteur se dégrade.

Des motos et scooters plus écolo ? Une donnée à relativiser

Toutefois, plusieurs données appellent à relativiser l’apparente supériorité des deux roues sur le plan écologique. En 2017, une étude publiée par l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar) montrait que les deux roues circulant en France étaient en fait relativement polluants. Plusieurs raisons à cela.

D’abord, l’étude a pris en compte les petits véhicules 50 cm3, souvent propulsés par des moteurs à deux temps : très polluants, généralement pas équipés de pots catalytiques, ces véhicules affichent des émissions polluantes jusqu’à 1000 fois supérieures aux voitures sur certains polluants. Sur les 125 cm3, l’étude constate également que les systèmes de dépollution ne fonctionnent pas bien à pleine puissance : en conduite réelle on obtient donc des émissions polluantes dépassant jusqu’à 10 fois la limite réglementaire.

D’autre part, il faut garder à l’esprit que les motos, scooters et voitures ne correspondent généralement pas aux mêmes usages. Par exemple, si une voiture neuve vendue aujourd’hui en France émet en moyenne 110 g de CO2 contre 80 pour un scooter 125 cm3, la voiture a l’avantage de pouvoir transporter plusieurs personnes, ce qui réduit de fait ses émissions par passager.

Alors : les scooters et deux-roues motorisés, plus ou moins écolo ?

Comme toujours en matière d’impact écologique, il n’y a donc pas de réponse simple. Certains modèles de scooters, moto et deux-roues sont relativement écologiques : il s’agit souvent des plus récents, équipés de moteurs quatre-temps, ceux qui sont soumis aux normes Euro les plus strictes (Euro 4 actuellement pour la plupart des modèles vendus). S’ils sont utilisés pour des trajets effectués seuls et avec une conduite souple, les deux-roues motorisés peuvent-être une bonne alternative à la voiture : ils désencombrent les routes, posent moins de problèmes de bouchons et désengorgent les stationnements, tout en émettant moins de CO2 et des quantités similaires de particules fines et émissions polluantes.

Toutefois, les modèles plus anciens et les plus petites cylindrées (50 cm3, moteurs deux-temps) sont souvent au final encore plus polluants que des voitures, mêmes anciennes. De plus, si ces véhicules sont utilisés avec une conduite agressive, et fréquemment à pleine puissance, leurs systèmes de dépollution fonctionnent mal. Ils sont aussi peu durables dans le temps. Sans parler de la pollution sonore qui est généralement élevée avec ce type de véhicules.

Reste l’alternative possible des scooters électriques, qui sont quant à eux très performants sur les émissions polluantes puisqu’ils n’émettent ni CO2 ni particules fines. C’est sans doute aujourd’hui l’option la plus écologique sur ce type de véhicules, surtout pour une circulation en ville qui ne nécessite pas des autonomies exceptionnelles. Reste que ces véhicules posent malgré tout certains problèmes environnementaux, au même titre que la voiture électrique (voir à ce sujet notre dossier : La voiture électrique est-elle vraiment écologique ?).

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