Écouter de la musique en travaillant aurait des bénéfices sur la concentration, le moral et la productivité. Oui, mais il y a tout de même quelques règles à respecter pour ne pas tomber dans les excès inverses.
Écouter de la musique : pour ou contre ? Chacun sa sensibilité et sa façon de travailler, bien entendu. Mais de plus en plus d’études tendent à montrer qu’écouter de la musique au travail pourrait bien permettre de soulager notre stress, d’améliorer la concentration et la productivité. Explications.
Ecouter de la musique : pour les tâches répétitives, ça aide
L’un des phénomènes les plus documenté à propos de la musique au travail, c’est le lien que peut avoir la musique avec la réussite des tâches répétitives. En effet, dès les années 1970, une étude menée dans le Journal d’Ergonomie Appliquée montrait que sur les chaînes de montage ou dans les usines (où des tâches répétitives sont effectuées), la musique pouvait avoir un effet positif sur la productivité des salariés. L’étude concluait ainsi que les salariés exposés à de la musique était en moyenne plus efficaces dans leurs tâches que les autres, y compris et notamment lorsque la musique permettait de couvrir le bruit ambiant des machines. Des études de ce type ont été reproduites plusieurs fois depuis et ont souvent confirmé les résultats.
Les études plus récentes permettent toutefois de penser que ce n’est pas la musique directement qui améliorerait l’efficacité des travailleurs, mais plutôt l’effet que la musique avait sur l’humeur des salariés qui rendrait ces derniers plus heureux, et par extension plus efficaces à leur tache. Une étude menée en 2005 par l’Université canadienne de Windsor concluait ainsi que seules les mélodies construites sur le mode majeur (supposé être en lien avec une meilleure humeur) produisent des effets positifs significatifs sur la productivité des salariés. En effet, écouter des mélodies harmonieuses aurait un effet sur la sécrétion de dopamine (une hormone liée à l’humeur) qui aurait un effet positif sur les fonctions cognitives.
La musique au travail pour être plus coopératif
Une étude menée par Cornell University montre que l’écoute de musiques enjouées et entraînantes durant les sessions de travail de groupe peuvent aussi avoir un effet positif sur les interactions entre travailleurs. Les chercheurs ont ainsi confronté différents groupes de travail à différents types de musique (ou pas de musique du tout), et ont quantifié les interactions qui avaient lieu dans ces groupes de travail. Leur découverte est étonnante : ils ont établi que lorsqu’un groupe de travail est exposé à une musique enjouée, les interactions de travail entre les individus augmentent d’environ 30 % par rapport à une situation sans musique, et d’un peu plus d’un tiers par rapport à une situation avec une musique plus « violente » ou « sombre ».
Cela tendrait à prouver que certains types de musiques (les chansons du test incluaient “Brown Eyed Girl”, “Yellow Submarine” ou “Walking on Sunshine”) pousseraient les salariés à avoir plus confiance en eux et à oser plus facilement prendre la parole. Cela favoriserait aussi le dialogue et les interactions, donc la coopération des équipes.
La musique et le travail intellectuel : oui ou non ?
Mais qu’en est-il lorsque l’on doit effectuer un travail intellectuel qui nécessite de la contradiction ? D’abord, il faut savoir que la musique a plusieurs effets sur notre cognition. En plus de l’effet positif sur l’humeur, plusieurs études ont montré que le fait d’écouter de la musique donne un sentiment de contrôle sur son environnement sonore qui permet de réduire le stress. D’autre part, le fait d’écouter de la musique aurait un effet positif sur les fonctions cognitives et en particulier sur nos capacités de concentration. En effet, la connaissance actuelle de notre cerveau laisse penser que nous serions équipés de deux « systèmes d’attention » : un système frontopariétal dit « dorsal », impliqué dans l’attention que nous focalisons sur une tâche (par exemple, effectuer un calcul ou lire un document) et un système frontopariétal dit « ventral », chargé d’identifier et d’analyser les évènements inattendus de notre environnement sensoriel (comme du bruit ou du mouvement). Ces deux systèmes fonctionneraient sans cesse de façon simultanée, le système ventral prenant parfois le dessus sur le système dorsal : par exemple, lorsque l’on travaille sur une tâche complexe et que l’on est déconcentré par un bruit.
Or plusieurs études montrent que le fait d’écouter de la musique améliore notre capacité d’attention en désactivant au moins partiellement le système ventral (ou en le saturant par une stimulation sensorielle continue et contrôlée). De ce fait, écouter de la musique permettrait d’être plus concentré sur les tâches complexes. Le problème, c’est que ce constat n’est pas vrai pour tous les types de musique. Ainsi, les musiques comprenant des paroles (dans la langue maternelle de celui qui l’écoute), ou des changements inattendus de rythme ou de modes seraient moins efficaces que les autres. Aussi, d’autres études affirment que le meilleur allié du travail intellectuel intense reste le silence total. Mais aujourd’hui, dans les open spaces, c’est quelque chose qui est pratiquement impossible à obtenir. La musique permet donc parfois de s’isoler de l’extérieur et de se recentrer sur son travail.
Comment écouter de la musique pour être plus productif au travail ?
A partir de ces données, on peut donc établir une liste de conseils pour savoir comment choisir les musiques à écouter pour mieux travailler et améliorer sa productivité au travail :
- Choisir des musiques enjouées, dynamiques, notamment pour les tâches répétitives ou les travaux de groupe ;
- Privilégier les musiques sans paroles, les musiques instrumentales ou d’ambiance lorsque l’on effectue des tâches de réflexion ;
- Éviter d’écouter des musiques nouvelles lorsque vous cherchez à être concentrés (la nouveauté étant susceptible de détourner votre attention) ;
- Utiliser la musique (sur vos écouteurs ou votre casque) pour vous isoler des bruits ambiants susceptibles de vous déconcentrer.